Côte d'Ivoire: Guillaume Soro se déclare candidat à la présidentielle de 2020

Par Agence France Presse | AFP
Abidjan - 19-Oct-2019 - 13h22   3944                      
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Guillaume Soro le 15 février 2019 à Abidjan AFP/ISSOUF SANOGO
"C'est décidé, je suis candidat pour 2020": c'est par ces mots que Guillaume Soro, ancien président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, passé à l'opposition, s'est lancé le premier v

"C'est décidé, je suis candidat pour 2020": c'est par ces mots que Guillaume Soro, ancien président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, passé à l'opposition, s'est lancé le premier vendredi dans la course à la présidence, à un an du scrutin.

L'ex-chef de la rébellion ivoirienne dans les années 2000 a ainsi officialisé sa candidature, lors d'un entretien à la radio RFI et la chaîne France 24, quelques jours après l'avoir annoncée à des partisans lors d'une réunion privée en Espagne.

Une candidature qui est tout sauf une surprise: les analystes politiques, qui le disent populaire dans le pays, lui prêtaient une ambition présidentielle depuis des années.

M. Soro, en voyage à l'étranger depuis plusieurs semaines, a précisé qu'il rentrerait "la semaine prochaine" dans son pays, pour y faire "une déclaration solennelle et officielle en terre de Côte d'Ivoire".

"J'ai décidé de prendre mon destin en main, j'ai 47 ans, désormais je ferai cavalier seul", a expliqué Guillaume Soro, homme politique précoce qui a déjà une longue carrière derrière lui. Il a été ministre de la Communication au début des années 2000, Premier ministre - à 38 ans - de 2007 à 2012, avant de prendre la présidence de l'Assemblée nationale (2012-2019).

M. Soro, qui n'est soutenu par aucun des trois grands partis ivoiriens, a lancé une nouvelle structure, Générations et peuples solidaires (GPS), dont il espère un succès équivalent à celui d'En Marche, lancé un an avant son élection à la présidence française par Emmanuel Macron.

"Quand Macron lançait +En marche+, toute la classe politique était unanime (pour dire) qu'il ne serait jamais président", a-t-il relevé.

Depuis deux ans, plusieurs mouvements politiques le soutenant étaient apparus, sans que M. Soro n'admette publiquement son ambition.

- "Craintes" pour la paix -

Reste que ce natif du nord de la Côte d'Ivoire, chrétien, apparaît isolé sur la scène politique. Sa rupture avec le président Alassane Ouattara, dont il fut le plus puissant allié, lui a coûté son poste à l'Assemblée nationale en janvier.

"Au plan politique, la rupture est consommée" avec M. Ouattara, a admis Guillaume Soro, dont on dit qu'il avait espéré que le président ferait de lui son dauphin. M. Ouattara reste d'ailleurs mystérieux sur ses propres intentions pour 2020.

"En politique, les promesses n'engagent que ceux qui y croient", a rappelé M. Soro, citant des mots attribués à l'ancien ministre français Charles Pasqua.

Dans ses relations avec l'opposition, M. Soro n'apparaît pas non plus au centre du jeu.

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié a lancé une plateforme de ralliement de l'opposition en vue de la présidentielle de 2020, qu'il entend bien mener.

"Avec le président Bédié (qui n'a lui non plus toujours pas fait connaître ses intentions personnelles pour 2020), nous avons longuement discuté. Au second tour, nous nous mettrons d'accord pour soutenir le mieux placé", a assuré Guillaume Soro.

Quant à l'ex-président Laurent Gbagbo, fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), M. Soro ne l'a toujours pas rencontré depuis sa libération.

M. Gbagbo vit à Bruxelles depuis son acquittement par la Cour pénale internationale de crimes contre l'humanité, en attendant l'examen de l'appel formulé par la procureure.

"Nous avons des contacts par personne interposée", "je suis disposé à le rencontrer", a dit M. Soro.

D'autres embuches, de nature judiciaire, pourraient se dresser sur sa route.

"Je ne vois absolument pas de raison pour que la justice (ivoirienne) m'empêche d'être candidat", a cependant déclaré M. Soro, balayant toutes les affaires le concernant.

L'ex-président de l'Assemblée s'est par ailleurs montré inquiet sur le processus électoral de 2020, alors qu'une nouvelle commission électorale a été mise en place en septembre.

"Tout le monde sait que cette CEI (Commission électorale indépendante) est aux ordres (du pouvoir). J'ai des craintes pour la stabilité et la paix en Côte d'Ivoire", a-t-il lancé.

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle d'octobre 2020 s'annonce tendue en Côte d'Ivoire. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.



Par Patrick FORT, David ESNAULT | AFP

Auteur:
Agence France Presse
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