Dakolé Daissala: “ Au Cameroun, il n’y a pas d’hommes politiques, mais des politiciens ”

Par Jacques KALDAOUSSA | Le Messager
- 19-Mar-2008 - 08h30   57835                      
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Le président national du Mouvement démocratique pour la défense de la République (Mdr), allié du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) depuis 1992, se dit favorable à un nettoyage de toute la Constitution depuis Maroua, non loin de son village natal Goundaye, dans l’arrondissement de Taibong où il s’est retranché depuis décembre dernier.
Quelle est la position de votre parti sur la révision de la Constitution qui permettrait au président Paul Biya de se représenter à la présidentielle de 2011 ? Au Mdr (Mouvement démocratique pour la défense de la République, Ndlr), notre position est claire et ne souffre d’aucune équivoque. Nous disons oui à la révision constitutionnelle. Mais attention. Certaines précisions méritent d’être apportées à cette déclaration. J’étais membre du conseil consultatif constitutionnel en 1995. Nous avions planché sur un certain nombre de projets de loi et il nous a été demandé de l’élaguer dans le sens d’une meilleure compréhension. Il fallait adapter les textes aux exigences de la modernité pour l’intérêt de la nation. Ce qui a donc conduit à l’élaboration de la Constitution de janvier 1996, avec toutes les lacunes qu’elle comporte aujourd’hui. D’où la nécessité de la nettoyer. La révision ne doit pas seulement concerner le seul article 6 alinéa 2 qui fait en ce moment couler beaucoup d’encre et de salive. Dans ce mécanisme, nous demandons à ceux qui feront le toilettage d’opter pour un mode de scrutin à deux tours. Cela permettrait aux partis politiques d’organiser des coalitions au deuxième tour. Pourquoi ne pas aussi rendre le vote obligatoire pour tous les citoyens pour éviter les inscriptions sélectives sur les listes électorales ? On peut aussi tabler sur la prorogation du délai de 45 jours pour organiser les élections en cas de vacances de poste pour organiser de bonnes élections. Il ne faut rien limiter Que pensez-vous des récentes émeutes qui ont ensanglanté le pays ? D’entrée de jeu, je dois préciser que gouverner, c’est prévoir. Mais je voudrais tout d’abord marquer mes regrets suite aux récents événements qui ont plongé une bonne partie du pays dans le chaos. Je marque également mes regrets par rapport au nombre assez important de morts et de victimes et à ceux qui ont manqué de vigilance nous ayant conduit à la triste situation. Le gouvernement accuse les leaders politiques d’opposition d’être derrière les manifestants des récentes violences à travers le pays. Vous en faites partie ? Vous savez qu’au Cameroun, il n’y pas d’hommes politiques dans le sens vrai du terme. Il y a plutôt des politiciens qui ont profité des dernières émeutes pour se faire voir. Le vrai homme politique doit être capable de projection et non applaudir le désordre. Le Mdr appelle de tous ses vœux au retour au calme et que l’autorité de l’Etat ne continue plus à se déliter. Il est donc temps que les gens se ressaisissent. Y a-t-il réellement une opposition au Cameroun ? L’opposition existe bel et bien au Cameroun mais en tant que fantôme. Elle reste toujours cloîtrée dans des égoïsmes de personnes qui l’animent. Nous au Mdr, nous sommes la troisième voix, la voix de la raison. Nous avons pour seul objectif le salut national qui ne nous incombe pas à nous seul. C’est en conjugaison des efforts de toutes les composantes sociologiques et démocratiques du Cameroun.




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