Douala: Des benskineurs provoquent la mort d’une dame

Par Bernard Tchami | La Nouvelle Expression
- 27-Oct-2010 - 08h30   55736                      
6
Accusée pour avoir été complice du vol d’une moto par son conducteur, elle trouve la mort à quelques mètres du commissariat du 8è arrondissement. La scène se déroule au quartier Madagascar.
Les habitants de la capitale économique en général et ceux du quartier Madagascar dans l’arrondissement de Douala 3è, se sont réveillés ce jeudi 14 octobre 2010 avec une histoire cauchemardesque qui a abouti à la mort d’une dame de 56 ans, originaire de Bangoua dans la région de l’Ouest. Accusée injustement par un conducteur de moto, et aidé par ses collègues benskineurs, Rose Wedjenken épouse Mbeumi victime d’une hypertension, trouve la mort au moment de la conduire au commissariat du 8è arrondissement pour être auditionnée. D’après les informations recueillies auprès de la famille de la défunte, tout commence ce jeudi matin, aux environs de 8h 30 par là, lorsque trois individus non identifiés arrivent dans le bar de la défunte, à bord d’une moto et sollicitent de celle- ci la monnaie de mille francs. « Je viens d’ouvrir ma vente emporter je n’ai pas de monnaie », répond l’infortunée. Les deux clients de la moto décident de prendre une Soda pour faciliter l’échange des 1000 F Cfa. Ils sont servis et pendant la consommation, ces derniers remettent un billet de mille de francs au conducteur de moto, en lui demandant d’aller se débrouiller à faire la monnaie. Quelques minutes après son départ, les deux individus quittent précipitamment les lieux sans vider le contenu de la bouteille, abandonnant dans les bras de la pauvre femme, le reste des mille francs et emportent avec eux la moto au bord de laquelle ils sont arrivés auparavant. Curieusement, le conducteur de moto constate à son retour que sa moto a été emportée. Aussitôt retourné, ce dernier se déporte dans la vente et pointe du doigt, la dame d’être à l’origine du vol de sa moto. Rose Wedjenken cherche à s’innocenter auprès du benskineur sans succès. Elle sera aidée par les clients, et le plaignant quitte les lieux en jurant qu’il reviendra. Deux heures plus tard, le motocycliste revient sur les lieux, et sera suivi trente minutes après par ses collègues benskineurs. La défunte est une fois de plus prise dans l’étau des benskineurs qui envahissent sa vente, cassent les bouteilles, violentent les clients, taxent la dame de complices des voleurs, et décident d’incendier la maison de la défunte. Elle n’aura la vie sauve que grâce à une équipe d’intervention rapide (Esir) qui est de passage par là. Après avoir ramené les deux parties à de meilleurs sentiments, les policiers sont partis laissant l’infortunée dans les griffes des « fauves », pendant un groupe de conducteurs s’ajoute au premier mettant du feu à la poudre. Pour la deuxième fois, cette dame qui a tenu à rappeler à ses agresseurs qu’elle souffre la tension, sera une fois extirper des grippes des « fourmis » par une autre équipe d’intervention rapide qui décide de conduire la dame en question au commissariat du 8è pour la mettre en sécurité. Entre-temps, le lieu des disputes est déjà noir de monde. Les curieux sortent de partout. Certains accourent même à l’énoncé de l’objet de la grande mobilisation. Une grande ceinture humaine est formée autour de la dame abattue. Deux militaires stagiaires qui seraient venus du Génie militaire, apprend-on, arrivés dans la foulée ont compliqué la situation, rassure une source. « La moto volée appartient à notre beau-frère, et nous l’avons achetée à 400 000 F Cfa. Tu es complice du vol de cette moto. Tu as le choix d’acheter une nouvelle moto, ou on incendie ta maison », menacent les deux militaires. C’est à partir de ce moment que la dame avec le concours des deux militaires, est conduite dans la 4x4 d’Esir pour le commissariat du 8è. Malheureusement à quelques distances du commissariat, elle chute et rentre dans un état comateux. Transportée à l’hôpital Laquintinie, elle décède en cours de route. Son corps est déposé à la morgue de cet hôpital. Les deux militaires et la foule de bendskineurs disparaissent dans la nature aussitôt que la femme soit transportée à l’hôpital. M Mbeu, l’époux de la défunte, revenu précipitamment de Bangang Fondji, où il a pris sa retraite, indique qu’il attendait sa femme au village le 15 octobre au matin. « J’ai appelé mon épouse le 14 octobre, et mon fils qui a pris le téléphone me dit que maman vient de chuter. Trente minutes après on m’appelle pour me dire qu’elle est décédée. Je vais porter plainte pour voir claire dans cette affaire », tranche-t-il Aucune information ne filtre ni sur l’identité du conducteur de moto, ni sur celle des deux militaires. Quant à la dame, ce sont les gendarmes qui viennent l’enlever de cet endroit, après avoir pris le soin de lui demander d’enfiler au moins son pantalon. Fausse accusation Les premières informations indiquaient que Rose Wedjenken aurait trouvé la mort dans les cellules du commissariat du 8è, où elle était en détention. Désiré Kenfack, commissaire dudit commissariat, que La Nouvelle expression a rencontré hier dans son bureau, dément formellement cette information qui est de nature à créer la confusion. Le nom de cette dame malheureusement, ne figure nulle part dans les fiches de garde à vue même celle du jour du décès de la défunte (celle du 14 octobre) que le commissaire nous a présentée. « Rien ne s’est pas passé dans mon commissariat ce jour là. Je visite toujours mes cellule afin de me rendre compte que personne n’est gardée abusivement ». Il dit avoir été informé par téléphone par un collègue commissaire, de ce que sa sœur a été interpellée et gardée à vue dans son commissariat alors qu’il n’était pas au bureau. « Après vérification auprès de mon premier adjoint, il n’en était rien », conclut le commissaire. La levée de corps est prévue jeudi 28 octobre à la morgue de l’hôpital Laquintinie et sera inhumée à Bangang Fondji, village natal de son mari, dans la région de l’Ouest.




Dans la même Rubrique