Economie : un député apostrophe le ministre de l’environnement et des forêts

Par | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 13-Oct-2003 - 08h30   52691                      
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Le conflit part d’un arrêté ministériel fixant les critères de présélection et les procédures de choix des soumissionnaires des ventes de coupe de bois. Le député Roger Nkodo Dang (député du RDPC du Nyong et Mfoumou, province du Centre), par ailleurs président du syndicat national des exploitants forestiers nationaux menace de traîner le ministre Clarkson Tanyi Mbianyor Oben devant la Chambre administrative…
L’affaire fait grand bruit à Yaoundé surtout en ce moment où la capitale abrite une rencontre des experts africains sur la gestion durable des forêts. C’est le syndicat national des exploitants forestiers nationaux qui a donné le ton. Le président de cette structure a organisé un point de presse en milieu de semaine dernière. Face à la presse M. Roger Nkodo Dang a vivement dénoncé ce qu’il a appelé « la restriction abusive de l’exploitation des forêts par les opérateurs économiques nationaux ». Tout part de l’article 5 de l’arrêté signé le 15 septembre 2003 par le ministre Mbianyor. Cet arrêté est clair : « sur les 60 ventes de coupe ouvertes, un quota de 20 est réservé aux exploitants nationaux qui ne peuvent les sous-traiter sous peine de retrait pur et simple de la forêt ». Le même arrêté indique q’une exploitation en dehors des limites du titre conduit à une disqualification de l’exploitant aux ventes des coupes. Pour le syndicat des exploitants forestiers nationaux, cet arrêté ne cadre pas avec l’esprit de la loi sur la forêt. Manifestement, le ministre et non le gouvernement, veut écarter les nationaux de la filière alors que, dès le départ déjà ; ils ont beaucoup de problèmes à trouver les moyens nécessaires au respect des cahiers de charges prévus par la réglementation en vigueur. Pour les membres de ce syndicat, la démarche du ministre Mbianyor est une voie ouverte aux multinationales financièrement assises, au pillage du patrimoine forestier national. Si aucune réponse n’est trouvée à cet écart vis-à-vis d’une loi votée à l’Assemblée nationale, le député Nkodo a affirmé à la presse qu’il n’hésitera pas à recourir aux tribunaux pour que justice soit faite. Du côté du ministère de l’environnement et des forêts, c’est plutôt la sérénité. M.Tannyi Clarkson Mbianyo Oben reconnaît les limites financières des nationaux. Mais, il affirme que la rédaction de l’arrêté aujourd’hui querellé a été faite de commun accord avec le syndicat des exploitants nationaux. C’est par la suite qu’il a été présenté à la haute hiérarchie. Et si l’on a introduit le système de quota, c’est parce que, poursuit-il, bien avant les forestiers sous-traitaient les ventes de coupe. Ils recevaient de l’argent. Mais après, on arrivait à des situations où l’on ne respectait pas les engagements contenus dans les cahiers de charges. En tout cas, le gouvernement n’avait pas les moyens de suivre cette catégorie d’opérateurs économiques. L’exemple qui est cité est celui des forêts communautaires où l’on note l’incursion des exploitants forestiers avec des moyens d’exploitation industrielle. On a constaté qu’au lieu des 2 000 m3 de bois à couper par an, il y en a qui arrivaient à couper 7 000 m3 de bois en deux mois. C’est cette dérive qui a amené le chef du département à suspendre la délivrance des « lettres de voiture et autre documents d’exploitation ». Maintenant, on voudrait empêcher la sous-traitance, mais on encourage le partenariat entre les nationaux qui n’ont pas de moyens et les investisseurs étrangers. Les deux parties ont intérêt à s’entendre car, nous dit le sage, « l’argent n’aime pas le bruit ».




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