Elevage et pêches: Diagnostic d’un secteur agonisant

Par Alain NOAH AWANA | Le Messager
- 29-Jan-2013 - 08h30   51765                      
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Faible productivité du cheptel, revenus faibles et peu diversifiés, productions aléatoires et insuffisantes, faible accès au marché international sont autant de maux qui plombent ce secteur qui a pourtant de nombreuses potentialités.
Le ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales, Minepia, tenait sa réunion annuelle des responsables des services centraux et déconcentrés et des organismes sous-tutelle la semaine dernière. Démarrés mercredi 23 janvier 2013, les travaux se sont achevés au Palais des congrès de Yaoundé vendredi 25 janvier. Mais, au-delà des solennités, il a été plus profondément question des problèmes rencontrés par le sous-secteur de l’élevage, des pêches et des industries animales au Cameroun. Et c’est le ministre lui-même qui a donné le ton dans son exposé inaugural, en revenant sur les causes premières qui font de ce secteur pourtant porteur plutôt un handicap pour le développement du pays. « Le sous-secteur de l’élevage reste peu intégré aux autres secteurs d’activités du primaire et ne profite pas assez des synergies potentielles avec ces derniers », regrette le Minepia. Selon ses explications, ce manque de synergie des efforts des différents acteurs vient de la multiplicité des intervenants, du gaspillage des ressources, de la redondance des activités et des nombreux conflits en lieu et place de l’exploitation de la complémentarité. « Et il s’y ajoute la faible valorisation des innovations techniques et technologiques », souligne Dr. Taiga. Conséquences fâcheuses De tout cela, découle bien entendu des conséquences fâcheuses pour le développement de l’élevage, des pêches et des industries animales. On a en premier lieu, la faible productivité du cheptel camerounais, qui fait non seulement face au peu de moyens techniques et technologiques, mais aussi est très exposé aux épidémies. Ensuite les acteurs de ce sous-secteur sont obligés de vivre dans la précarité à cause des revenus faibles et peu diversifiés. Ainsi, un éleveur a du mal à développer son activité, puisque les revenus qu’il reçoit ne lui servent que pour subsister. Troisièmement, diagnostique le ministre de l’Elevage, le Cameroun enregistre une facture laitière excessive : près de 20 milliards Fcfa sont dépensés en moyenne chaque année pour importer du lait. Autre conséquence : les productions sont de plus en plus aléatoires et insuffisantes en viande et lait, ce qui se traduit par une consommation per capita située à 13,3 kilogrammes de viande et 9,5 kilogrammes de lait. L’autre problème du sous-secteur camerounais est qu’il a un très faible accès au marché international. La preuve c’est qu’il a des produits destinés à l’exportation. Enfin, on note une certaine dégradation des écosystèmes pastoraux et agro-pastoraux. Potentiel non négligeable Ce sont donc tous ces problèmes qui ne favorisent pas l’impulsion du développement du pays, alors qu’il a un potentiel non négligeable de part la forte offre d’emploi, soit 30% de la population active. Et en dehors de cela, les potentialités sont nombreuses : le cheptel est assez important, le pays a une gamme très variée de productions, des opportunités considérables d’exportation de ses produits animaux (viande, cuirs et peaux, miel, volaille…), notamment vers les pays voisins. Et il y a en dernier le dynamisme non contesté du mouvement coopératif très favorable au développement des productions animales et à la conquête des marchés extérieurs. Quoi qu’il en soit, il faudra que les Camerounais se surpassent pour faire de ce sous-secteur un pilier de développement économique du pays, notamment pour son émergence annoncée par les politiques en 2035. D’ailleurs, il enjoint à ses collaborateurs de travailler dès cette année 2013 pour une meilleure mise en place de la nouvelle dynamique qu’il veut impulser. Dans le budget-programme, le Minepia a élaboré quatre programmes établis sur la base d’objectifs à moyens termes, assortis d’indicateurs objectivement mesurables. Il s’agit des programmes de développement des productions halieutiques, des industries animales, d’amélioration de la couverture sanitaire des cheptels et de la lutte contre les zoonoses, et d’amélioration du cadre institutionnel. Janvier 2014 constitue d’ores et déjà une étape importante d’évaluation de ces objectifs…




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