Emeutes: Deux étudiants tués à l’université de Buea

Par Pascal E. Dang | Mutations
- 01-Dec-2006 - 08h30   57637                      
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Dix autres ont été grièvement blessés suite aux coups de feu tirés par les forces de l’ordre venues réprimer la grève qui a cours depuis quatre jours...
Université de Buea: Deux étudiants morts Ce sont les premières victimes des échauffourées qui opposent les étudiants aux forces de l’ordre. Les étudiants Ufeanei Ivo et Mouma Benet, respectivement en 3ème et 2ème année à la faculté des Sciences économiques, ne reprendront plus jamais le chemin de l’université de Buea qu’ils fréquentaient. Ils sont tous deux tombés sous les balles de l’armée dans la nuit de mercredi 29 novembre dernier, pendant les manifestations organisées par leurs camarades. Leurs corps se trouvent encore à la morgue de l’hôpital provincial de Buea. Une dizaine d’autres étudiants, blessés, se trouvent internés dans ce même centre hospitalier où ils ont subi des interventions chirurgicales, pour les cas les plus graves. Parmi eux, Laura Ambang Abieanga, une jeune coiffeuse exerçant à l’entrée du campus universitaire. Une balle lui a traversé l’épaule, le cou et une partie du menton, alors qu’elle venait de fermer son commerce et tentait de rentrer chez elle pour fuir l’affrontement entre forces de l’ordre et étudiants. En plus des morts et de nombreux blessés, la grève à l’université de Buea a fait d’importants dégâts matériels dont des bâtiments saccagés, des voitures brûlées (l’une d’elles appartient à la police) et des commerces vandalisés. Hier, jeudi 30 novembre, toutes les activités commerciales étaient interdites sur l’axe routier principal traversant le quartier Molyko qui abrite le campus universitaire. Campus mort, commerces fermés, même la circulation était parfois interrompue par la police, " pour éviter que des attroupements se forment". Seuls les hommes en tenue qui ont entièrement pris possession de cette route, et de l’enceinte de l’université, armés de fusils d’assaut, de matraques, de boucliers et de gaz lacrymogènes, étaient présentes à tous les coins. Les populations qui tentaient de passer par là, étaient molestées et roulées sur les cendres des roues et autres étals que les manifestants avaient brûlés sur la route la veille. Les étudiants rejettent cette violence, sur les forces de l’ordre qui, selon eux, n’ont pas cessé de les provoquer, dès qu’ils ont pris position devant l’université, mercredi dernier. " Ils ont commencé par arrêter certains étudiants et à les forcer à s’asseoir par terre. Puis, ils ont frappé sur certains d’entre eux. C’est ce qui a poussé les autres camarades à devenir violents et à descendre dans la rue ", explique un étudiant. Tout est parti du mouvement de grève que les étudiants ont engagé depuis le 27 novembre, pour protester contre la liste des candidats autorisés à passer les épreuves orales du concours d’entrée en 1ère année de la filière médecine récemment ouverte à la faculté des sciences de la santé. La liste récriminée, signée le 24 novembre dernier par le Professeur Marcelline Nomo, comporte 153 noms. Soit 26 de plus que celle qui avait déjà été rendue publique quelques jours plus tôt, par l’administration de l’Université de Buea. Les étudiants qui pensent qu’il s’agit là d’une ouverture délibérée à la fraude, avaient donc décidé de suspendre par la force, les épreuves orales qui se déroulaient déjà. Par la même occasion et par solidarité, ils avaient aussi décidé de suspendre les cours dans toutes les autres facultés de l’université. Ils exigent l’annulation de cette seconde liste et la prise en compte pure et simple des 127 candidats ayant préalablement été désignés pour passer les examens oraux de ce concours. Pour les étudiants, ce rajout dont l’origine devient mystérieuse au fil des jours, montre déjà ce que même les résultats définitifs seront truqués. Toutes les explications données aux étudiants par Cornelius Lambi, le recteur de l’Université de Buea, n’ont pas été prises en compte. On se souvient que l’année dernière, au mois d’avril, deux autres étudiants de cette même université avaient déjà été tués, suite à assaut lancé par les forces de l’ordre, sur certaines mini-cités estudiantines.




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