Enseignement Supérieur: la fermeture qui accuse

Par IRÉNE SIDONIE NDJABUN | La Nouvelle Expression
- 09-Jan-2004 - 08h30   56782                      
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Plusieurs dizaines d’étudiants contraints d’aller poursuivre leurs études hors du pays. Pour une histoire de respect d’une réglementation encore inexistante par l’institution qu’ils ont fréquentée jusqu’au trimestre dernier Arrêt sur image.
"Sois tranquille Raoul, elle te reviendra bientôt" Raoul, c’est ce petit garçon de dix ans environ inconsolable ce dimanche 04 janvier dernier, à la suite du départ précipité de sa sœur aînée. La maman, elle aussi en pleurs fait remarquer à sa sœur dans le même état qui soutient le petit, qu’elle ne savait pas que le petit allait pleurer. Tout autour d’eux, une cinquantaine d’autres étudiants, tous accompagnés des familles à la mine défaite. Les premiers sont à présent installés dans un véhicule de transport Interurbain qui va les conduire à l’aéroport international de Douala où les attendent leurs camarades du centre de la ville. Il faut alléger la charge des véhicules, elle pourrait le faire tanguer au cours du voyage il fallait prendre un gros porteur qui aurait pu supporter les enfants ainsi que leurs bagages, s’inquiètent les parents anxieux. L’événement se déroule, dans une rue du quartier Bastos, notamment dans la cour du groupe des Hautes études canadiennes et Internationales (Heci). Là bas, l’émotion est à son comble, même si les parents tentent autant que faire se peut de dissimuler leurs Inquiétudes. Ce départ brusque a été motivé par la fermeture de l’institution d’enseignement supérieur qu’ils ont fréquentée tout le long du premier trimestre. Et dont les inscriptions ont été interrompues sur Instruction du Ministère. de l’Enseignement supérieure (Minesup) par lettre n°03/3998/Minesup/Ddes/ Esup du 18 novembre 2003. Laquelle relevait en objet le rappel des prescriptions relatives au fonctionnement de la structure (voir encadré). Ils sont environ 65 étudiants des centres de Douala et Yaoundé, transférés en Afrique de l’Ouest au Sénégal et du Nord Maroc “ pour sauver l’année scolaire, qui avait si bien commencée “. selon Naoufel Daghfous, directeur du Mba (Master Business Affaires). Malheureux suite à cette délocalisation forcée. mais heureux que les choses aient pu trouver une issue favorable pour le bien des enfants. Au rang de ceux qui ont pu financer leur voyage inopiné 24 étudiants de 2eme année. 29 de 1ere 13 de 3ème en partance pour la plupart au Maroc pour les opportunités de stage, que regorge ce grand pays. Pour l’ensemble des parents, ce n’est pas ce qu’ils avaient souhaité pour leurs progénitures. De l’avis d’un fonctionnaire international de nationalité malienne en servie à l’Oms (Organisation mondiale de la santé) au Cameroun, ma fille a obtenu son baccalauréat au Mali, j’avais souhaité la suivre jusqu’à la fin de son premier cycle ici au Cameroun. Le sort ou la providence a voulu qu‘il en soit autrement. Heureusement encore que dans le cas de ma fille, le principal handicap n’est ni le dépaysement ni l’encadrement qu’elle aurait reçu sur place. Mais il n’en demeure pas moins que cette situation est nimbée de beaucoup d’incertitudes. Et son impuissance est encore plus prononcée qu’il avait misé sur quelque chose qu’il ne peut plus réaliser”. Car en ce qui le concerne, le groupe Heci est présent au Mali, tout comme en Côte d’Ivoire, et au Gabon voisin. Au delà de tout œ que ce voyage a pu lui en coûter sur le plan moral, familial ( le petit dernier d’à peine 4 ans est très affecté par le départ de sa sœur aînée qui était sa baby sister), et financier, “il voudrait croire que tout va bien se passer là bas, au Maroc “. Houjda est une petite ville située dans une province à environ 400 Km de Rabat la. capitale. 3,4 millions ont été nécessaires pour la couverture des frais afférents au déplacement de chaque étudiant. Répartis comme suit: 2 millions pour l’écolage 1.2 million couvrant les frais de séjour évalués à 100 000 FCFA (cent mille) le mois la moitié des prix du billet d’avion dont’ les 50 % restant sont couverts par l’institution, etc. Ce fonctionnaire s’interroge: ces frais de séjour seront —ils suffisants ou faudra-t-il encore effectuer des réajustements mensuel ? De lavis de sa voisine. employée de banque dont l’époux est lui même colonel de notre armée de terre, qui tous deux accompagnaient leurs deux garçons. nous sommes désorientés.. perdus. Il nous a fallu débloquer 6 millions de nos francs pour que nos enfants ne perdent pas cette année scolaire. Ce qui les intéresse au plus haut point, c’est qu’on leur dise enfin les motivations réelles du gouvernement qui peut autoriser la fermeture d’une institution scolaire en pleine année scolaire”. Mieux, qui pourrait nous apporter des informations relatives à la crédibilité de cette école où on conduit leurs enfants? “ M Tankeu. qui est un débrouillard selon ses propres termes, perd sa main droite - avec le départ de sa fille. Il avait vu partir sans Inquiétudes sa fille aînée Il y a quelques années, mais celle-ci. Il la voulait à ses côtés. “Ce sera très difficile “, martèle t-il, visiblement brisé. Comme d’ailleurs tous les autres parents, soucieux, présents à l’aéroport international de Douala, et scotchés aux talons de leurs progénitures durant les procédures d’embarquement. Ces étudiants, de bonnes familles pour la plupart devront fréquenter selon les informations du directeur des Infrastructures. Ben Abdallah, une institution où ils seront aussi hébergés. Seulement filles et garçons habiteront des étages différents, qui ont chacun son entrée. Les nouveaux pensionnaires devront partager leur chambre avec des camarades qu’ils ont côtoyer au Cameroun, sans s’en être vraiment~n1llari-sés. Pour autant, pour la petite Flore Bra Manga, 20 ans, de 1ère année “je suis consciente de ce que mes parents ont sacrifié pour me permettre de poursuivre mes études décemment. D’ailleurs je suis l’aînée si je réussi. mes cadettes auront un exemple à suivre tout cela suffit pour me motiver’’




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