Gouvernement: Mécontentement chez les alliés du Rdpc

Par Jean Baptiste Ketchateng | Mutations
- 28-Dec-2004 - 08h30   60223                      
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Ils s’estiment floués par le parti au pouvoir. Malgré plusieurs concertations avec Peter Mafany Musonge...
Certains partis qui ont travaillé à la réélection de Paul Biya se plaignent de n'avoir rien reçu. Le gros gâteau, comme le décrit un membre de la nouvelle majorité présidentielle pour parler du gouvernement et des hautes fonctions publiques, n'a pas été partagé entre tous ceux qui en espéraient une part. Et depuis le 08 décembre dernier, quelques uns des mécontents ont fait entendre leurs voix pour dénoncer un "oubli inacceptable". Le Rdpc et son candidat n'avaient cependant et formellement rien promis aux 17 partis. "Ils nous ont joués, ils nous ont roulés dans la farine. Ils ne nous ont fait aucune promesse comme la plate-forme qu'ils ont signée avec Bello ou Kodock parce qu'ils ne voulaient pas le faire", témoigne Koumbin Bilitik, le président de l'Union des républicains du Cameroun (Urc). ==>{{{=CIN-GOOGLE-ADSENSE=}}}<== Mais, celui qui se présente comme le porte-parole de la nouvelle majorité présidentielle, espérait "quelque chose, parce que cela allait de soi". L'espérance de ce politique se fondait, comme celle de ses autres partenaires, sur l'ancienneté de leur soutien à Paul Biya. Dans des moments critiques, à l'aube des années 1990 par exemple, quand le pouvoir de l'actuel président de la République semblait vaciller, sous la pression de la rue. Et hier encore, à l'occasion de l'élection présidentielle où le groupe des 17 partis, après avoir été reçu le 21 juillet dernier par l'ex Premier ministre Peter Mafany Musonge. Un rapport du Parti vert pour la démocratie au Cameroun (Pvdc) révèle que cette formation a fait confectionner pas moins que 450 000 prospectus, 25 banderoles et 6 affiches pour ce faire. En plus du matériel de campagne qu'il leur a fourni , les alliés du parti au pouvoir disent avoir fait feu de tout bois : Yaoundé, Douala,Tiko, Buea, Eseka, Bamendjou, ont vu passer avec l'effigie et les idées de l'homme aux "grandes ambitions" pour le Cameroun, des supporters qui n'ont rien reçu en récompense. Représentation En réalité, le contrat entre les deux protagonistes s'était arrêté au niveau d'un projet de plate-forme commune qui résumait, dès le 12 août 2004, la vision des partis qui s'associaient au président Biya pour le maintenir à Etoudi. Quatre axes auraient dû matérialiser ce projet : la consolidation d'"une démocratie participative de développement et de l'Etat de droit", la promotion d'une économie qui puisse garantir une quasi-autonomie, l'assainissement du système éducatif, l'humanisation des hôpitaux, etc. Pour la mise en oeuvre de cet accord, le Rdpc devait assurer "une représentation des uns et des autres au gouvernement, dans les structures parapubliques..." tandis que les partis alliés demeureraient fidèles à la solidarité et à la responsabilité qui caractérisent un gouvernement. Pierre Moukoko Mbonjo, alors directeur du cabinet de Peter Mafany Musonge, avait présidé les 06, 12 et 13 août 2004 des séances de travail, au terme desquelles il avait informé son patron des desiderata des membres de la majorité présidentielle. L'intérêt porté à ces soutiens, au sein du Rdpc, se perpétuera après la présidentielle, puisque le 14 octobre, l'ex-Pm, rereprésentant personnel du candidat Biya, félicitera les militants et sympathisants des partis de la nouvelle majorité présidentielle. A première vue, ces derniers devraient se contenter de cela. Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du Rdpc, confiait à Cameroon Tribune le 07 juillet dernier que ce regroupement a "toujours déclaré agir pour la préservation de la paix sociale et le développement du Cameroun; toute chose que le président Paul Biya a toujours mis un soin particulier à rendre concrète." Une manière de récompense. Justin Fogoum : Paul Biya n'est pas sérieux Le président du Pvdc (Majorité présidentielle) n'est pas satisfait de la gestion de la victoire du candidat du Rdpc. Certains membres de la majorité présidentielle seraient mécontents... C'est simple, un parti qui va aux élections, ou y participe pour soutenir un autre candidat avec qui il s'est engagé, s'attend à des retombées. Quand vous vous battez, vous faites des promesses à vos militants en fonction des promesses que vous avez reçues vous même... Vous vous attendiez donc à quelque récompense... On s'attendait à avoir quelques ministères ou quelques secrétariats d'Etat. Un parti politique s'exprime quelque part; pour étendre son action dans la République il doit avoir un rayonnement qui vient d'un ministère ou d'un secrétariat d'Etat, qui lui permet de s'exprimer. Partout dans le monde, vous le remarquerez, n'ont toujours été au gouvernement que ceux qui y étaient auparavant. Si vous êtes ainsi traités, n'est-ce pas parce que l'on n'arrive pas à déterminer votre poids électoral et au bout du compte, votre capacité de rétorsion? C'est de la mauvaise foi. Quand vous raisonnez comme cela, je peux vous donner un exemple bête : prenez les résultats de l'élection présidentielle qui vient de passer, les partis qui viennent de se créer ont eu un minimum de huit mille voix. Notez que la présidentielle est étendue sur tout le territoire. Vous pensez que les seize partis de la majorité, avec le temps mis sur le terrain, s'ils avaient été à l' élection, n'auraient pas fait perdre des voix à M. Biya? Huit mille voix fois seize dans une élection au Cameroun, ça pèse. Est-ce que cela est inutile? Il y a des villages de 10000 personnes qui, dit-on, ont voté à 80% [pour le candidat Biya, Ndlr], et ont reçu un poste ministériel. Vous vous plaignez au Parti vert, est-ce une position partagée par la Majorité présidentielle? Elle est d'abord individuelle, parce que nous sommes déçus. Au Parti vert, on est déçu de la manière dont nous sommes traités. Tous les militants se joignent à moi le président du parti pour dire au président Biya qu'il n'est pas sérieux. Le Parti vert est resté fidèle à son engagement au sein de la majorité présidentielle depuis 1992... Les autres membres de la majorité présidentielle ne sont pas d'accord, mais ils ne s'expriment pas, parce qu'ils observent et veulent voir qui dit quoi. Et on peut le dire, nous vivons dans un panier à crabes, car avec dix-sept partis, on a en réalité dix-sept idéaux différents. Il y en a qui s'y complaisent, il y en a qui sont prêts à réagir, ou même qui réagissent sous cape. Entre 1992 et 2004, à trois reprises , vous n'avez pas été satisfait de votre collaboration avec le Rdpc, que comptez vous faire à l'avenir? En politique, c'est : aujourd'hui ma peau, demain la tienne. Désormais, nous irons sur le terrain pour qu'on sache qui peut quoi, qui vaut quoi. Nous allons participer à toutes les élections. Vous désespérez de partager le pouvoir? Non, non, nous ne désespérons pas. Le pouvoir est une conquête, et nous ne le quémandons pas. Nous réclamons ici ce qui nous revient de droit, parce que nous avons gagné ensemble, et M.Biya a le devoir de nous donner ce qui nous revient.




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