Hausse du prix du carburant: Le Trésor veut récupérer 144 milliards Cfa

Par Marie-Noëlle GUICHI | Le Messager
- 01-Aug-2008 - 08h30   54101                      
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Cet argent est “perdu” dans les subventions aux produits pétroliers au Cameroun depuis janvier 2008.
Sans être précis sur le calendrier de la nouvelle hausse des prix du carburant à la pompe, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph) l’envisage clairement. La date du 1er septembre 2008 est même avancée par les plus introduits. Dans sa note de conjoncture de ce mois de juillet, la Csph justifie cette mesure par la tendance toujours haussière du cours du brut sur le marché international. Une situation qui, selon elle, s’explique entre autres, par la guerre en Irak, avec les sabotages à répétition des infrastructures pétrolières. Ce qui a fait baisser la production nationale de ce pays de plus de 40%. Il y a aussi, apprend-on, les attaques des sites pétroliers et les prises d’otages par les mouvements séparatistes au Nigeria. Ce qui a fait chuter de 20% la production nationale nigériane. Le retour à un nationalisme pétrolier, avec les tendances à la nationalisation du secteur pétrolier au Venezuela et en Bolivie est indexé. Ces pays étant considérés comme les plus grands producteurs de pétrole. La Csph souligne ainsi que « si au Cameroun il fallait respecter le prix réel du carburant à la pompe, le litre du pétrole brut coûterait 821,32 Fcfa contre 594 Fcfa actuellement pratiqué. Le pétrole reviendrait à 809,44 Fcfa contre 375 Fcfa et le gasoil à 868 Fcfa contre 545Fcfa ». Vérité des prix On se souvient que c’est depuis la grève initiée en février 2008 par les transporteurs pour dénoncer le renchérissement permanent du prix du carburant à la pompe que, pour préserver la paix sociale, les pouvoirs publics, sur instruction du président de la République, ont décidé de suspendre la hausse mensuelle à laquelle la Csph avait fini par habituer les consommateurs. A la Csph où l’on donne l’impression de ne plus tenir, les responsables indiquent que le gouvernement perdra, en terme de subvention aux produits pétroliers, 19 milliards de Fcfa pour ce mois d’août seulement. Ce qui portera à 144 milliards de Fcfa les « pertes » enregistrées depuis janvier 2008 que les prix ont été presque bloqués à la pompe. La Csph observe que cette situation met en difficulté le Trésor public et risque de compromettre la poursuite des activités de la Société nationale de raffinage (Sonara), qui ne traite pourtant pas le pétrole produit ici, rendant inévitable la dépendance au très coûteux pétrole étranger. La Csph prévient que « dans les prochains mois, le réalisme budgétaire impose le retour à un rattrapage progressif des prix à la pompe ». Une augmentation envisagée du prix du super, du gasoil et du pétrole lampant qui lui permettra, déclare-t-on là-bas, de se conformer aux instructions du Fmi et de la Banque mondiale qui souhaitent plutôt que le Cameroun arrime les prix des hydrocarbures à la pompe à l’évolution du cours du baril du brut sur le marché mondial. L’annonce de cette nouvelle hausse crée des grincements de dents. Eric Kamdem, conducteur de moto taxi, ne comprend pas « ce pays qui produit du pétrole et reste éternellement dépendant de celui des autres qu’il achète très cher pour venir ruiner ses consommateurs déjà suffisamment pauvre et très endettés ». Comme lui, de nombreux Camerounais pensent qu’en augmentant les prix, le gouvernement se fiche des souffrances du peuple. Dans les pays développés en effet, de telles augmentations ne posent pas de problèmes particuliers au peuple dont le pouvoir d’achat lui permet de supporter diverses charges. Mais dans les pays pauvres, cela devient un calvaire, puisque l’augmentation des prix à la pompe se répercute sur tout le circuit économique. Du coup, certains pensent que les prix doivent se maintenir à leur niveau actuel. Comment ? Les bénéfices que le Cameroun engrange en exportant son brut dont le prix du baril ne cesse d’accroître peuvent par exemple être réinvestis dans la subvention. En tout cas, l’option d’une augmentation divise encore le gouvernement qui redoute des remous sociaux. Lors de son conseil d’administration du 27 juin dernier, le Fmi recommandait encore fortement aux autorités camerounaises d’appliquer la vérité des prix. Le gouvernement va-t-il suivre le peuple ou alors avaler la pilule des institutions de Bretton Woods ? Wait and see.




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