Hôpital Général de Yaoundé: Le directeur au cœur d'une malversation financière

Par PÉLAGIE MEH | L'Anecdote
- 19-Jun-2012 - 08h30   54798                      
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Des millions de francs CFA «détournés» par Ndam Njitoyap et ses plus proches collaborateurs seraient à l'origine d'une enquête de la Conac qui se déroule actuellement au sein de cette institution sanitaire.
Longtemps considéré comme une formation sanitaire de référence, l'hôpital général de Yaoundé n'est aujourd'hui que l'ombre de lui-même. Car, évoluant dans un état de délabrement, le visage que présentent actuellement les différents services n'est pas celui connu par le passe. Décrépitude. L'on cite pèle mêle un manque criard de matériel adéquat pour la pratique des soins infirmiers, un manque du nécessaire pour la prise en charge du patient dès son arrivée au service des urgences et des examens au laboratoire central, un manque de réactifs ou de très mauvaise qualité du peu existant, pas de film à la radiologie. Certains services ne bénéficient plus de la tenue de travail ni d'outillage nécessaire pour leur travaux (service technique, entretien). Sans oublier à la pédiatrie et néonatologie, où des sources bien introduites, ce service n'a pas de matériels pour les besoins de première nécessité comme l'eau de Javel, le savon, récipients, ni d'encre ou du papier format pour imprimer la fiche de surveillance néonatale. Et le comble, c'est qu'une structure hospitalière de renom comme l'hôpital général, manque de papier pour faire le rapport de garde. Interrogée sur cette situation, une infirmière martèle que le rapport de garde se fait sur du papier volant. Mais ce n'est pas tout. A ces différents maux s'ajoute la mauvaise qualité des repas proposés aux malades. Pourtant des langues, le Directeur général décaisserait 2 millions de FCFA par semaine pour la réalisation de celui-ci. L'on dénonce aussi qu'il n' ya plus de distribution d'eau minérale, le renforcement de la pratique des consultations privées par certains médecins dans les locaux de l'hôpital, créant un malaise pour les patients en salle d'attente des consultations et un manque à gagner, la vente parallèle de médicaments par certains infirmiers, la pratique d'actes chirurgicaux dans le bloc opératoire a titre personnel par les médecins, la non valorisation du personnel... A ce dernier cas, l'on parle d'injustice dans la gestion du personnel recruté directement par l'hôpital. C'est le cas de monsieur Minyem Valery qui a été licencié tout récemment parce qu'ayant participé à une grève du personnel qui revendiquait ses droits. Et aujourd'hui semble-t-il ayant engagé une procédure judiciaire contre l'hôpital, le Directeur Ndam Njitoyap clame haut et fort qu'il ne reconnaissait pas ce monsieur comme son personnel, pourtant celui-ci détient des bulletins de paie qui attestent qu'il était employé. Dans le registre des injustices, certains personnels, dénoncent la protection dont bénéficient certains de leurs collègues. Ils sont les mieux payés de la structure. Confie-t-on des confidences, le Directeur de l'hôpital, trouve toujours une petite astuce (soit le rappel divers ou autre) pour donner de l'argent aux siens. Même étant déjà mis en retraite, ces derniers sont toujours en fonction et perçoivent de gros salaires au détriment de ceux des personnels qui ont un profit de carrière. A ces manœuvres louches s'ajoute un reclassement fantaisiste ou préférentiel de certains personnels non méritants (moins de 10 ans de service) au détriment des plus méritants ayant plus de 15 à 22 ans de service. Sans compter des reclassements sur la base des diplômes non conformes (les diplômes pris en compte ne cadrant pas avec le domaine d'activité ou soit dit nouvellement obtenu). Bref la liste des maux qui minent l'hôpital est loin d'être exhaustive. La gestion interne de cette structure connait aussi des malversations financières. Des détournements en cascade. D'après une lettre du collectif des délégués du personnel adressée à la Conac le 18 novembre 2011, celui-ci relevait que Monsieur Ndjoya, le neveu du Dg a détourné 20 millions de FCFA à la pharmacie sans être pour autant inquiété jusqu'à ce jour. On cite aussi pèle mêle dans cette lettre, les marchés exécutés, les appareils supposés neufs livrés en stérilisation et buanderie totalement payés qui jusqu'aujourd'hui ne fonctionnent pas. Une salle de garde malade avec 04 murs qui a couté 23 millions de FCFA, un groupe électrogène supposé prendre le relais après la coupure de Aes-Sonel et payé à des centaines de millions qui ne fonctionne pas. Sans oublier les livraisons fictives de 2 millions de francs chaque semaine pour le restaurant à se partager. «Les retraités continuent d'émarger 40 millions de FCFA pour les primes de garde détournées chaque année, ceci depuis 6 ans» affirme ce collectif. Ajouté à cette liste de détournement, l'on parle aussi d'un détournement de plus de 16 millions que le Directeur aurait décaissé tout récemment pour réparer un côté de la barrière de l'entrée principale de l'hôpital qui a été bousculé par le camion de la pharmacie. Sans oublier la malversation financière qu'il a de connivence dit-on avec une maison d'entretien dénommée «Nyumeleck» qui a eu une convention de partenariat avec l'hôpital général pour l'entretien des appareils de la dialyse, de la radiologie et du scanner. Et à ce sujet, révèle-t-on, Nyumeleck gagne plus de 60 millions de FCFA par an pour l'entretien des machines; pourtant rien n'est fait. On parle aussi de la construction inachevée du bâtiment de la radio thérapie qui a coûté plus de cent millions. Ceci au grand dam du personnel qui ne peut pas dénoncer toutes ces malversations orchestrées par le Directeur de l'hôpital qui a toujours coutume de dire à qui veut l'entendre qu'il est membre du comité central du Rdpc. Donc, il jouit d'une impunité. Et cela s'est d'ailleurs justifié d'après nos sources, par le premier contrôle qu'a exécuté le contrôle supérieur de l'Etat (consupe) dans cette formation sanitaire. Car ayant découvert tous les maux cités plus haut, ceux-ci n'ont pas donné des sanctions qui s'imposent. Au contraire des gens qui étaient reconnus de détournement comme au service de la morgue, disent aujourd'hui avoir donné de l'argent au Consupe pour taire ce rapport. Mais avec la nouvelle démarche d'enquête qui s'est ouverte, l'on attend de voir plus claire dans ce dossier.




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