La Casamance, région au fort potentiel, minée par un conflit indépendantiste

Par Agence France Presse | AFP
Dakar - 12-Jan-2018 - 20h27   6983                      
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Massacre en Casamance AFP/Laurence SAUBADU
La Casamance, où quatorze personnes ont été tuées le 6 janvier par des hommes armés, est une région agricole du sud du Sénégal au fort potentiel agricole et touristique, en proie depuis 198

La Casamance, où quatorze personnes ont été tuées le 6 janvier par des hommes armés, est une région agricole du sud du Sénégal au fort potentiel agricole et touristique, en proie depuis 1982 à un conflit indépendantiste, objet de négociations de paix.

Enserrée au Nord par la Gambie et au Sud par la Guinée-Bissau, baignée à l'Ouest par l'océan Atlantique, la Casamance (29.000 km2, 1,9 million d'habitants en 2018 selon l'agence statistique nationale) a été longtemps considérée comme le grenier du Sénégal.

C'est l'une des régions les plus boisées du pays, menacée de déforestation par le trafic de bois qui y a longtemps été mené par notamment des exploitants forestiers sénégalais et des groupes armés locaux.

Ce commerce illicite de bois s'est amplifié ces dernières années quand il a pris la destination de la Chine, en passant par la Gambie. Le teck, arbre tropical, pousse en Casamance, où il a été importé par des colons français. Il produit un bois précieux très recherché pour la fabrication de ponts de bateaux et de meubles de jardin.

Les vols de bétail s'y sont aussi multipliés ces derniers temps.

Les plages du Cap Skirring font de la Casamance une destination touristique, dont le développement a été entravé par le conflit, qui a fait des milliers de morts, des milliers de déplacés et ravagé l'économie de la région. Plus de 800 victimes de mines ont été recensées.

Une accalmie perdure toutefois sur le terrain depuis plusieurs années, alors que les tractations de paix se sont multipliées depuis l'arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012.

- Négociations à Rome -

Des négociations ont repris en octobre 2017 à Rome sous l'égide de la communauté catholique de Sant'Egidio, médiatrice dans ce conflit.

La rébellion indépendantiste a condamné le massacre du 6 janvier et prôné la poursuite du dialogue.

La Casamance, réputée turbulente pendant les années d'occupation et de colonisation par les Portugais puis les Français, semblait avoir retrouvé le calme avec l'indépendance du Sénégal, en 1960. Mais la région a continué de se sentir injustement traitée par le pouvoir central.

La revendication indépendantiste, menée notamment par des autochtones de l'ethnie diola (ou joola), a suivi l'installation de populations venues du Nord du Sénégal, qui y ont monopolisé le petit commerce, acquis "illégalement des terres", investi les complexes touristiques et contrôlé l'administration.

Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) créé en 1947, s'est manifesté pour la première fois violemment fin 1982 à Ziguinchor, chef-lieu de la Casamance.

Figure emblématique de la rébellion, un prêtre catholique, l'abbé Augustin Diamacoune Senghor, est alors arrêté puis condamné à cinq ans de prison. Un an plus tard, les indépendantistes passent à la lutte armée.

Après le décès de son chef emblématique en 2007, la rébellion sombre davantage dans les divisions en plusieurs factions politiques et militaires.



| AFP

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Agence France Presse
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