La souveraineté sur la péninsule de Bakassi revient au Cameroun

Par | Cameroon-Info.Net
LA HAYE - 10-Oct-2002 - 08h30   52082                      
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La dispute, qui oppose depuis près de dix ans le Cameroun et le Nigeria sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi (golfe de Guinée), réputée riche en pétrole, a été tranchée jeudi par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye en faveur du Cameroun. [AFP]
"La souveraineté sur la péninsule de Bakassi est camerounaise", a déclaré le président de la CIJ, le juge français Gilbert Guillaume en lisant l'arrêt. La péninsule de Bakassi, un territoire marécageux d'environ 1000 km2 situé dans le golfe de Guinée, est au coeur du contentieux frontalier entre les deux pays en raison des importants gisements pétroliers dont le secteur est crédité, en plus de ses richesses halieutiques. L'arrêt de la Cour de La Haye, principal organe judiciaire de l'ONU, tranche, au moins sur le papier, un conflit hérité de l'époque coloniale mais qui a pris une tournure ouverte dans les années 90 quand les deux pays se sont mutuellement accusés d'infiltrations dans la presqu'île. Des incidents opposent régulièrement les armées des deux pays pour le contrôle de ce territoire majoritairement peuplé de pêcheurs camerounais et nigérians. Dans son arrêt, la Cour a souligné que l'accord germano-britannique du 11 mars 1913, qui délimitait la frontière entre les deux pays au niveau de la zone de Bakassi, en faveur du Cameroun, reste valide en dépit de toutes les objections de Lagos. La Cour a par ailleurs reconnu la souveraineté camerounaise sur les zones disputées du lac Tchad au nord des deux pays. En revanche, sur plusieurs points de contentieux frontaliers mineurs, entre le lac Tchad et Bakassi, la CIJ a donné raison à l'argumentaire du Nigeria. Le principal point d'interrogation est à présent la réaction de Lagos à la décision de la Cour. Lors d'une rencontre près de Paris, le 6 septembre, en présence du Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, les présidents camerounais Paul Biya et nigérian Olusegun Obasanjo s'étaient engagés à respecter la décision de la Cour concernant Bakassi. A Abuja, des sources diplomatiques estimaient toutefois, avant que ne soit connu l'arrêt, que le Nigeria tenterait au minimum de négocier un compromis sur les ressources énergétiques, s'il se voyait retirer tout droit de souveraineté sur Bakassi. Dans son arrêt, extrêmement long et technique, la Cour a rejeté un à un les arguments avancés par le Nigeria pour étayer sa revendication sur Bakassi. Le gouvernement de Lagos avait fait notamment valoir qu'il a exercé pendant longtemps sur la péninsule des droits souverains (notamment dans les secteurs fiscaux, de l'éducation et de la santé) et cela sans protestation camerounaise. Les avocats de Lagos ont estimé que ces droits valaient "consolidation historique" de la prétention du Nigeria à la souveraineté sur Bakassi. Les juges ont rejeté cette argumentation en estimant que cet exercice de facto d'une souveraineté ne pouvait pas prévaloir sur un traité pré-existant, en l'occurrence l'accord de 1913, qui est "valide et applicable dans son intégralité". Ces arguments nigérians de "consolidation historique" et d'"acquiescement" implicite du Cameroun ont également été rejetés en ce qui concerne la région du lac Tchad. Le Cameroun avait saisi la Cour de son contentieux en 1994 en lui demandant de définir le tracé de la frontière maritime entre les deux pays. La CIJ, créée au lendemain de la seconde guerre mondiale, est chargée de régler les contentieux entre Etats. La frontière entre le Nigeria et le Cameroun s'étend sur environ 1000 km depuis le lac Tchad, au nord, jusqu'à la frontière maritime du golfe de Guinée. Source: AFP




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