Lac Tchad : 60,000 familles nigérianes décident de regagner leur pays

Par Thierry Ngogang | Mutations
Yaoundé - 15-Sep-2003 - 08h30   53617                      
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La nouvelle a été annoncée par un officiel d'Abuja le week-end dernier.
Selon des informations relayées le 10 septembre dernier par le "Daily Trust", un quotidien édité à Abuja, 60.000 familles nigérianes résidant dans les villages de la région du Lac Tchad auraient choisi de retourner au Nigéria en prévision de l'arrêt rendu le 10 octobre 2002 par la Cour internationale de justice de La Haye qui a délimité de manière définitive la frontière terrestre et maritime entre les deux pays. En fait, ce quotidien n'a fait que relayer une interview accordée par Alhaji Dahiru Bobbo, directeur général de la Commission nationale des frontières, à l'agence de presse nigériane (Nan) le week-end dernier à Yola (Nord du Nigéria). Si, selon le "Daily Trust", Alhaji Dahiru Bobbo, n'a rien révélé en ce qui concerne la presqu'île de Bakassi, que l'on dit être riche en pétrole, il a affirmé que "les 60.000 familles concernées avaient demandé le soutien des autorités fédérales pour les aider à regagner leur pays". Selon la même source, cette aide concerne notamment l'envoi de fournitures scolaires, des médicaments, la construction de salles de classes et des infrastructures de santé, pendant que, de leur côté, ils essaieraient de se reconstruire rapidement de nouvelles maisons. Le directeur général de la Commission nationale des frontières a en outre fondé beaucoup d'espoir sur la commission mixte Cameroun/Nigéria, qui doit descendre sur le terrain au début du mois d'octobre. Pour Alhaji Dahiru Bobbo, ses membres doivent trouver un arrangement pour que soient préservés les droits des populations nigérianes qui ont décidé de rester en territoire camerounais. De même, il espère que les autorités camerounaises tendront la main aux Nigérians qui ont décidé de vivre en territoires camerounais et qu'ils réviseront les coûts de certaines taxes. Une remarque à prendre absolument en considération puisque ce sont les maltraitances des forces de l'ordre camerounaises à l'encontre des ressortissants nigérians qui avaient servi de prétexte aux Nigérians pour faire main basse sur la presqu'île de Bakassi en 1993. En fait, suivant l'arrêt du 10 octobre et le calendrier concocté par les deux parties lors de la 5e commission mixte qui s'est tenue les 05 et 06 août derniers à Yaoundé, le Cameroun doit récupérer dès le 1er janvier 2004 les zones perdues en 1987 et des villages acquis par le nouveau tracé. Il s'agit notamment de Naga, Tororoya, Hilé Wanzam, Katikime I, Tchika, Goretac-Goudoun, Hilé-Katchou, Mourdas, Kaforam, Kamouna, Ntchibouniba, Darack I, Aissa-Koura, Kassoua-Maria, Nimeri, Hilé-Adji et Karakaya. Des zones entièrement dominées numériquement par des ressortissants nigérians et que la proximité avec le Lac Tchad a rendu extrêmement fertile et riche en ressources halieutiques.




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