L'Afrique du Sud a "jusque-là réussi" à contenir le coronavirus, se réjouit un épidémiologiste

Par Agence France Presse | AFP
Johannesburg - 30-Apr-2020 - 13h27   2585                      
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L'épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim, à Durban le 19 juillet 2016 AFP/Archives/RAJESH JANTILAL
A la tête du comité d'experts qui conseille le gouvernement sud-africain, l'épidémiologiste Salim Abdool Karim se réjouit de l'efficacité des cinq semaines du confinement anti-coronavirus imp

A la tête du comité d'experts qui conseille le gouvernement sud-africain, l'épidémiologiste Salim Abdool Karim se réjouit de l'efficacité des cinq semaines du confinement anti-coronavirus imposé au pays, qui doit être progressivement levé à partir de vendredi.

Même s'il s'attend à un "rebond", il estime dans un entretien accordé à l'AFP que cette mesure a permis de ralentir "substantiellement" l'épidémie.

Selon le dernier bilan, plus de 5.300 cas d'infection par le Covid-19 ont été répertoriés en Afrique du Sud, dont 103 mortels.

Q: Quel a été l'effet du confinement sur l'épidémie ?

R: "Il a eu un effet indéniable sur les contaminations. Si on compare simplement l'Afrique du Sud au Royaume-Uni (plus de 21.000 morts), nos chiffres étaient quasiment les mêmes pendant les deux premières semaines de l'épidémie.

Deux semaines plus tard, nos courbes se sont séparées et nous sommes partis dans une direction totalement différente.

Donc je crois que c'est la preuve que nous avons arrondi la courbe et que le nombre de cas que nous avons recensés - et donc le nombre d'infections susceptibles de se déclarer - ont été réduits de façon très substantielle.

Le personnel médical fin prêt aux admissions de l'hôpital Charlotte Maxeke de Joahnnesburg, le 15 avril 2020 (c) AFP/Michele Spatari

Même en arrondissant la courbe, vous avez toujours beaucoup de cas mais sur une plus longue période. Donc c'est quelque chose que nous allons continuer à essayer de faire, c'est même l'objectif principal de notre pays. Jusque-là, nous avons réussi.

Q: Pourquoi lever maintenant le confinement, même graduellement ?

R: La question n'est pas qu'épidémiologique, beaucoup d'autres facteurs interviennent, tels que la situation économique ou la situation sociale.

D'un strict point de vue épidémiologique, nous avons atteint un niveau où les contaminations locales sont faibles, ce qui était notre premier objectif (...) on pouvait donc lever le confinement.

Mais nous savons tous que ce n'est qu'un sursis, car les transmissions virales vont repartir à la hausse dès que le confinement sera levé. La façon dont nous limiterons cette hausse déterminera, dans le mois qui vient, comment nous lèverons le confinement.

On peut s'attendre à connaître le pic (de l'épidémie) quelque part autour du mois de juillet.

Q: Ce ralentissement laissera-t-il le temps au système de santé de se préparer à la suite ?

R: Nous avions besoin d'un peu de temps pour mieux nous préparer. Je crois que la clé, c'est le temps pendant lequel nous pourrons empêcher nos hôpitaux (d'être submergés).

S'il s'avère que le rythme d'augmentation des infections est trop rapide, notre système de santé ne résistera pas.

Ce n'est pas qu'une question de nombre de lits ou de respirateurs. Il faut aussi des compétences pour gérer tout ça. Vous pouvez acheter des lits et des machines mais le véritable défi, ce sont les hommes et les femmes.

Les médecins capables de travailler dans une unité de soins intensifs ne courent pas les rues à la recherche d'un emploi, ils sont extrêmement demandés.

Nous vivons dans un pays qui a de la chance, nous avons d'excellents services d'urgence, d'excellents moyens de réanimation. Malgré ça, je ne doute pas que nous allons être très sérieusement éprouvés.

Mais je pense que nous avons eu assez de temps pour nous préparer. Nous sommes prêts. C'est vrai, on n'a jamais assez de temps mais j'ai vraiment le sentiment que nous avons fait le meilleur travail possible".



Par Sofia CHRISTENSEN | AFP

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