Le Cameroun, pays d'Afrique centrale aux crises multiples

Par Agence France Presse | AFP
Yaoundé - 06-Oct-2019 - 14h10   4239                      
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Des partisans de l'opposant Maurice Kamto, le 5 octobre 2019 à Yaoundé, au Cameroun AFP/STRINGER
Près d'un an après la réélection de Paul Biya, le Cameroun reste englué dans deux conflits armés et une crise politique inédite en près de 37 ans de pouvoir. Après avoir fait preuve

Près d'un an après la réélection de Paul Biya, le Cameroun reste englué dans deux conflits armés et une crise politique inédite en près de 37 ans de pouvoir.

Après avoir fait preuve d'intransigeance, le chef de l'Etat, qui vient d'ordonner la libération de son principal opposant Maurice Kamto et de ses partisans, ainsi que celles de détenus liés à la crise anglophone, semble jouer l'apaisement.

- Crise séparatiste anglophone -

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées par la minorité anglophone qui représente 14% des Camerounais, sont le théâtre d'un intense conflit depuis deux ans qui oppose les forces armées camerounaises à des séparatistes anglophones militant pour la création d'un Etat indépendant.

Cameroun (c) AFP/

Le conflit a fait plus de 3.000 morts en deux ans selon Human Rights Watch. Plus d'un-demi million de personnes ont fui leur domicile, selon l'ONU.

En début d'année, des signes d'ouverture avaient commencé à poindre des deux côtés, mais la condamnation à la prison à vie le 20 août de Julius Ayuk Tabe, président autoproclamé des indépendantistes, avait de nouveau crispé les échanges.

L'annonce mi-septembre du président Biya de convoquer un Grand dialogue national pour tenter de mettre fin à ce conflit meurtrier avait créé la surprise.

L'opposant camerounais Maurice Kamto, le 5 octobre 2019 à Yaoundé, au Cameroun (c) AFP/STRINGER

Ces discussions qui ont rassemblé plus de 1.000 participants, mais ont été boycottées par les principaux leaders séparatistes, ont pris fin vendredi avec l'adotpion d'un Statut spécial pour les deux régions, qui si elle était entérinée par Yaoundé, leur offrirait plus d'autonomie qu'une simple décentralisation.

- La menace Boko Haram -

Bien qu'affaibli, le groupe jihadiste Boko Haram reste très actif dans l'extrême-nord, frontalier du Nigeria.

Fin juin, le pays a observé une journée de deuil en mémoire de soldats tués par le groupe extrémiste musulman nigérian, après une attaque qui avait fait 37 morts selon des sources sécuritaires.

L'insurrection de Boko Haram, qui a débuté en 2009 dans le nord-est du Nigeria, a tué plus de 27.000 personnes et forcé près d'1,8 million de personnes à fuir au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

- L'opposition emprisonnée -

Le principal opposant de Paul Biya et son challenger à la présidentielle du 8 octobre 2018, Maurice Kamto, était depuis près de neuf mois emprisonné à Yaoundé où il attendait son procès devant un tribunal militaire pour "insurrection" avec 88 de ses partisans.

Les accusés encouraient théoriquement la peine de mort, même si celle-ci n'est plus appliquée au Cameroun.

Le président Biya a ordonné vendredi la libération de M. Kamto, et celles de 101 de ses partisans.

Depuis l'élection, le parti de Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), organisaient des manifestations pacifiques, dénonçant le "holdup électoral" de 2018. Selon les résultats officiels de Yaoundé, M. Kamto, arrivé deuxième, avait recueilli 14,23% des suffrages, contre 71,28% pour M. Biya.

Les tensions politiques restent exacerbées dans le pays, où les élections législatives et municipales, qui devaient se tenir en 2019, ont été repoussées à 2020.



| AFP

Auteur:
Agence France Presse
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