Le gouvernement confirme le lancement des projets structurants

Par Josiane R. MATIA | Cameroon Tribune
- 22-Nov-2010 - 08h30   54352                      
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Le PM assure les députés du démarrage prochain de plusieurs ouvrages d’envergure comme l’usine de production de gaz naturel de Kribi.
Pourquoi du gaz en provenance de Bakassi sera liquéfié à Kribi alors que Limbe semble plus proche de cette zone de production ? Pourquoi la plupart des projets du programme des Grandes ambitions du chef de l’Etat ne concernent que quelques régions du pays, surtout le Sud, le Centre et l’Est ? Quel est le plan du gouvernement pour la répartition des industries nationales stratégiques ? Voilà quelques-unes des questions posées vendredi dernier au Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang par un élu de la nation, à savoir Forbin Tchinda du Social Democratic Front. Ce dernier profitait de la traditionnelle séance des questions orales aux membres du gouvernement pour obtenir des réponses à ces questions qu’il pose depuis la session de juin dernier. Faute de temps d’après certaines indiscrétions, il n’aurait pas eu satisfaction. Mais cette fois, Philemon Yang s’est fait un devoir de lui répondre et de calmer ses inquiétudes. En rappelant d’abord que le gouvernement s’impliquait dans toutes les régions et recherchait le bien de tous. Ensuite, le Pm a expliqué aux députés que le choix du site de chaque projet industriel répondait à des critères bien précis, dont le principal est l’environnement. Comment imaginer en effet de construire le barrage de Lom Pangar à Bafoussam ou le port en eau profonde de Kribi à Yaoundé où la nature n’offre pas les mêmes avantages ? « Dieu a placé des ressources à certains endroits. On ne va pas les transporter ailleurs », a affirmé le chef du gouvernement. Tout dépend donc du bon vouloir de mère nature. De plus, pour le cas spécifique de l’usine de production de gaz naturel de Kribi, les études de faisabilité ont conclu que Kribi répondait à la plupart des critères techniques et scientifiques. Surtout que, comme l’a relevé le Pm, le transport du gaz requiert plus de précautions que d’autres ressources comme le pétrole. Philemon Yang a en tout cas rassuré les députés sur l’imminence du lancement de ce projet mené par la société Gaz de France Suez puisqu’il devrait débuter l’an prochain. 2011 qui devrait voir le démarrage effectif de plusieurs autres projets de grande envergure comme le port en eau profonde de Kribi, la construction des barrages de Lom Pangar, Memve’ele ou de Mekin, l’édification d’un deuxième pont sur le Wouri, la construction des stades de Bafoussam et de Limbe, etc. Ceux-ci devraient permettre d’améliorer les conditions de vie des populations et permettre d’atteindre l’objectif contenu dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui veut faire du Cameroun un pays émergent d’ici 2035. C’est en tout cas ce qu’a réaffirmé Louis Paul Motaze, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire au cours de la même séance. Il voulait ainsi apaiser les inquiétudes des députés sur la mise en œuvre de ce document alors que le budget 2011, comme les précédents, fait la part belle au fonctionnement, au détriment de l’investissement (14% contre 26%). A ce sujet, le Minepat a annoncé une augmentation progressive de l’investissement d’ici 2020, en fonction des ressources disponibles. En plus du Pm et du Minepat, quatre autres membres du gouvernement ont été interrogés sur les projets du gouvernement. Il s’agit du vice-Premier ministre, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, du ministre d’Etat, ministre des Transports et du ministre de la Santé publique. Chacun dans son domaine, a assuré les élus du peuple de l’engagement du gouvernement à améliorer les conditions de vie des Camerounais.

Energie: le ciel s'éclaircit

Emprunt obligataire lancé, levée des obstacles au programme d’investissements de AES Sonel, les nuages s’éloignent. Deux pistes importantes sur le chemin qui mène à l’autosuffisance énergétique ont été déblayées cette semaine. La première, c’est celle de l’emprunt obligataire lancé à Douala par le ministre des Finances, Essimi Menye ; le processus entre dans sa phase pratique en attendant le début des souscriptions dans trois semaines. La deuxième piste se lit à travers le communiqué rendu public à la suite du conseil d’administration d’AES Sonel ; cette instance donne en effet au directeur général de la structure les pouvoirs pour finaliser des conventions qui redonnent confiance aux « prêteurs ». Des pistes importantes qui donnent une meilleure visibilité sur le dossier énergie. L’emprunt obligataire lancé va permettre à l’Etat du Cameroun de disposer de ressources nécessaires au versement de sa contrepartie au financement des grands projets du secteur. Ainsi, les dotations qui seront affectées au barrage de retenue de Lom Pangar et au barrage hydroélectrique de Memve’ele sont de l’ordre de cent milliards de francs CFA, soit la moitié des fonds provenant de l’emprunt obligataire. Sur ce dernier point, on peut lire la double implication personnelle du président de la République, Paul Biya. D’abord sur la détermination des projets éligibles aux ressources issues de l’emprunt obligataire. Le chef de l’Etat a pris pour cela un décret afin que les ressources aillent exclusivement au financement des projets structurants. Ensuite, cette priorité se traduit dans les instructions constantes que le chef de l’Etat a donné au gouvernement depuis bientôt trois ans. Et plus encore dans le suivi qu’il accorde à ce secteur stratégique aussi bien pour l’économie que pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Forte implication Du côté d’AES Sonel, le conseil d’administration est désormais présidé par Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Les résolutions prises cette semaine se lisent sur deux axes. D’abord le règlement définitif de la question de l’augmentation des tarifs en 2010. Le gouvernement a pris l’option de bloquer les tarifs à leur niveau précédent. Mais cette décision affecte la situation économique de l’entreprise AES Sonel. Les organismes engagés dans le financement des projets inscrits au programme d’investissement de cette société ont perdu de la lisibilité sur la capacité de leur client à rembourser les crédits mis en place. Compte tenu de l’incidence du gel de l’apport des prêteurs sur les projets indispensables (réhabilitation de certains groupes aux centrales d’Edéa et de Song-Loulou, construction de lignes de transport et de postes de transformation, etc.), le gouvernement a pris la responsabilité de compenser la perte de recettes de AES Sonel en payant le manque à gagner, soit dix milliards de francs CFA en cette année 2010, et un peu plus de onze milliards de francs en 2011. Une mesure sociale qui, ici encore, porte l’empreinte du président Biya. Et afin que nul n’en ignore, le ministre des Finances, Essimi Menye, voudrait que chacun puisse voir ce que l’Etat va payer à sa place. Les factures nouvelles feront ainsi apparaître ce que paie le client et ce qu’il aurait dû payer. Ensuite, le problème de l’éventuelle pénalité à payer par AES Sonel à Alucam en cas de défaut de fourniture d’énergie en 2012. En clair, une clause du nouveau contrat de fourniture d’énergie d’AES Sonel à Alucam stipule que si la première est défaillante, elle paie une lourde pénalité à la seconde. Hors, compte tenu du retard de certains projets dont la centrale à gaz de Kribi, l’hypothèse de cette pénalité devenait certaine. Sauf que la défaillance n’était pas imputable au fournisseur. Ici aussi, l’Etat prend sur lui de payer cette pénalité si elle devait être appliquée. Toutes les hypothèques étant levées sur les projets, l’Etat mettant la main à la poche ou dégageant les obstacles, les dossiers peuvent avancer. Les nuages qui s’accumulaient s’éloignent. L’horizon s’éclaircit. En attendant l’autosuffisance.




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