Le Nigeria ouvre la voie de l'apaisement avec le Cameroun

Par | AFP
Yaoundé - 30-Oct-2003 - 08h30   54228                      
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Le Nigeria a accepté mercredi de restituer 33 villages proches du lac Tchad (nord-est) au Cameroun, décision qui laisse présager d'une issue pacifique à un différend frontalier de longue date entre les deux pays.
Le Nigeria a accepté mercredi de restituer 33 villages proches du lac Tchad (nord-est) au Cameroun, décision qui laisse présager d'une issue pacifique à un différend frontalier de longue date entre les deux pays. Le Nigeria a accepté de concéder cette zone de 700 km2 conformément à un arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye qui accordait également à Yaoundé la souveraineté sur la presqu'île de Bakassi (sud-est) revendiquée par les deux pays. La remise de cette portion de territoire par le Nigeria est considérée comme encourageante pour les médiateurs au sein de la commission mixte au moment où se préparent les négociations sur Bakassi. "Le Nigeria ne se laissera entraîner dans un conflit insensé et évitable avec aucun de ses voisins", a annoncé le ministre nigérian de la Justice, Akin Olujinmi, à l'ouverture de la sixième réunion de la commission mixte Cameroun-Nigeria, créée à la suite de l'arrêt de la CIJ rendu en octobre 2002. Cette décision de la CIJ avait reconnu la souveraineté camerounaise sur les zones disputées du lac Tchad au nord des deux pays. En revanche, sur plusieurs points de contentieux frontaliers mineurs, entre le lac Tchad et Bakassi, la CIJ a donné raison à l'argumentaire du Nigeria, notamment dans les secteurs de la rivière Keraua, des monts Mandara et du Maio Sanche. "Je voudrais vous assurer que nous allons continuer à tenir notre engagement à respecter l'arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ)", a déclaré M. Olujinmi. Le chef de l'équipe nigériane au sein de la sous-commission de démarcation des frontières, Dahiru Bobbo, a annoncé que la rencontre de mercredi aborderait le projet nigérian de retirer son administration, sa police et ses forces militaires de cette zone proche du Lac Tchad. Son homologue camerounais, Amadou Ali, a estimé que cette réunion marquait un tournant dans les négociations. "Nos deux peuples peuvent être crédités de relever le défi de résoudre un conflit par la primauté donnée à la loi, le dialogue et la raison", a-t-il affirmé. Le chef de l'équipe des Nations unies au sein de la commission, Ahmedou Ould-Abdallah, a reproché à la communauté internationale de ne pas avoir soutenu financièrement le Nigeria et le Cameroun pour éviter de futures tensions. "Le paradoxe est que s'ils (Nigeria et Cameroun) avaient choisi de faire la guerre, la communauté internationale aurait été davantage encline à dépenser des centaines de millions de dollars en frais humanitaires et dans d'autres opérations", a-t-il regretté. La commission estime ses besoins à 11,6 millions de dollars pour la démarcation de la frontière, mais elle dispose à ce jour de seulement 2,5 millions de dollars, fournis par le Nigeria et le Cameroun. La Commission européenne a annoncé la semaine dernière qu'elle ferait un don de 400.000 euros (450.000 dollars) pour soutenir ce projet. Dans les années 90, Cameroun et Nigeria se sont mutuellement accusés d'infiltrations dans la presqu'île de Bakassi (1.000 km2). Des incidents ont opposé régulièrement les armées des deux pays pour le contrôle de ce territoire, riche en pétrole et en poisson, peuplé majoritairement de pêcheurs camerounais et nigérians. En mars 1994, le Cameroun a porté l'affaire devant la CIJ de La Haye, lui demandant de définir le tracé de la frontière maritime entre les deux pays. Après s'être déclarée "compétente" en 1998, la Cour a finalement rendu sa décision en 2002. Dans un premier temps, le Nigeria avait rejeté la décision de la CIJ, conduisant à une série de tensions entre les deux pays, mais en novembre, les présidents nigérian Olusegun Obasanjo et camerounais Paul Biya se sont engagés auprès du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, à renoncer à l'usage de la force et à poursuivre le dialogue. Les deux pays se sont ensuite réunis à plusieurs reprises au sein de la commission mixte, qui s'est accordée en août dernier sur une première phase de retrait du Nigeria, devant être achevée à la fin décembre 2003. "Le gouvernement fédéral nigérian a déjà accepté cette idée", a ajouté M. Olujinmi




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