Loi des finances 2013: Quelques chiffres-clé du budget 2013

Par | Repères
Yaoundé - 26-Jan-2013 - 08h30   53604                      
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Pour s'entretenir et conserver les privilèges de ses dignitaires, l'Etat s'aménage quelques libéralités à côté des contraintes budgétaires. Quelques cas sont emblématiques.
Ce n'est pas dans les dépenses en capital que vous trouverez matière à redire. Ce sont des dépenses consacrées à l'investissement, dont le contrôle est strict parce qu'elles doivent se traduire par des réalisations visibles. Pourtant, le montant des dépenses en capital est légèrement en dessous des 30% (exactement 29,57%) de l'enveloppe budgétaire globale de 2013, fixée à 3 236 milliards de francs. 9,70% étant réservé au service de la dette publique, l'Etat utilise plus de 60% du budget voté par la représentation nationale pour son propre fonctionnement. Une douce expression qui cache les plus grandes vertus de dépenses, mais aussi les plus grands vices. 62 milliards de frais de bouche et de mission Ce chapitre de dépense représente les prévisions de paiement des frais de représentation, de mission, de réception et de cérémonie. Par exemple, tout l'apparat des galas au palais de l'Unité, les déplacements du chef de l'Etat et des membres de son gouvernement, les missions des fonctionnaires, les cérémonies de vœux qui vont bientôt faire florès, etc. seront financés à hauteur de 61,9 milliards, provisionnés dans la loi de finances 2013. La présidence de la République (et services rattachés) remporte la palme d'or, avec près de 10 milliards consacrés à ce chapitre. Ce qui augure d'autres agapes en direct à la télévision nationale. Vient ensuite le ministère des Sports, avec une enveloppe de plus de 6,5 milliards. Ce montant étonnamment élevé se justifie par les frais de mission pour les sportifs camerounais, notamment pour les compétitions internationales auxquelles notre pays est qualifié. Le Ministère des Enseignements secondaires arrive en troisième place avec 4,3 milliards. Son effectif plaide pour lui. Le Ministère de l'Agriculture surgit dans ce classement, avec 3,3 milliards, devant le Minsanté et ses 2,7 milliards de frais de bouche et de mission. Top 5 des frais de bouche et de mission Désignation Montant (en Milliards) 1. Présidence et services rattachés 9,8 2. Ministère Sports 6,5 3. Ministère des Enseignements secondaires 4,3 4. Ministère de l'Agriculture 3,3 5. Ministère de la Santé 2,7 24 milliards pour l'eau et l'électricité Champion de cette rubrique avec plus 4 milliards, le Ministère de la Défense paie une lourde facture de l'usage parfois abusif de l'eau et de l'électricité dans ses camps militaires ou de gendarmerie, où la gratuité le dispute au gaspillage. Tout feu tout flamme, de jour mais surtout de nuit, la présidence arrive en deuxième place. Rare institution à être épargnée par les coupures d’eau et d’électricité, elle paiera pour 2,6 milliards de facture en 2013. Le Ministère de l'Administration Territoriale et son vaste réseau de confortables résidences d'autorités administratives a provisionné 2 milliards pour faire face aux factures d'eau et d'électricité. Le Ministère de la Santé Publique dispose d'un budget de 1,9 milliard et celui des Finances s’est réservé une enveloppe de 1,8 milliard. Top 5 du budget eau et électricité Désignation Montant (en Milliards) 1. Mindef 4 2. Présidence 2,6 3. Ministère de l'Administration territoriale 2 4. Ministère de la Santé publique. 1,9 5. Ministère des Finances 1,8 33 milliards pour le carburant Sans surprise, ce classement des «carburants et lubrifiants», y est dominé par les forces de défense, notamment le Ministère de la Défense. Avec son impressionnant parc automobile, ses soutes à carburant qui ne servent pas qu'à l'armée, il affiche plus de 9 milliards de prévision de dépenses en 2013. Cette somme représente plus du double du budget attribué à la présidence de la République, qui arrive deuxième avec plus de 4 milliards. Surprise, qui perdure d'année en année le budget carburant de la présidence est supérieur à celui de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN). Une réalité que les députés n'ont pas l'occasion d'éclaircir, puisque le budget de la présidence n'est pas discuté. Avec leurs «sans payer», les policiers consommeront pour 2,3 milliards de carburant. Mais à chaque demande d'intervention, on vous répondra invariablement qu'il n'y a pas de carburant dans les véhicules. La présidence, le Mindef et la DGSN consomment près de la moitié du budget carburant de l'Etat, soit plus de 15 milliards. Dans le deuxième peloton, on trouve le Ministère de l'Agriculture avec près de 2 milliards pour faire tourner les motos des délégués agricoles. Mais pour une descente dans une exploitation agricole, il demande toujours le carburant. Le Ministère des Marchés publics Fait une entrée fracassante dans ce groupe avec une enveloppe de 1,6 milliard. Pendant ce temps, le Ministère de la Jeunesse ne reçoit que 54 millions. Sans doute pour mieux s'occuper des problèmes des jeunes, priorité du gouvernement. Top 5 du 1 budget carburant Désignation Montant (en Milliards) 1. Mindef 9 2. Présidence 4 3. DGSN 2,3 4. Ministère de l'Agriculture 3,3 5. Ministère de la Santé 2,7 9 milliards de primes pour les députés Le chapitre des «primes, gratifications et indemnités hors solde» pour l'année 2013: affiche 43,2 milliards. L'Assemblée Nationale toute seule s’en sort avec une enveloppe de 9,1 milliards. C'est davantage une question de sémantique qui veut qu'on ne parle pas de solde au palais de Verre et que tous les salaires soient regroupés dans le libellé «primes, gratifications et indemnités hors solde». Mais il existe bel et bien des primes et gratifications au bénéfice des députés, notamment des membres du bureau. Comme à l'occasion de la préparation du budget de l'Assemblée Nationale ou de l'examen du budget de l'Etat. Le deuxième plus gros budget consacré aux primes et gratifications vient du Ministère des Finances, avec 8,1 milliards. C'est même en réalité le premier de cette classe. Cette enveloppe est à peu près égale au 8,2 milliards du budget d'investissement public de ce Ministère. Cheville ouvrière dans la préparation et l'exécution du budget de l'Etat, le Minfi ne s'est pas privé, pour ainsi dire. Ensuite vient le tout nouveau Ministère des Marchés publics, dont le budget alloué aux primes atteint 4,7 milliards de francs. Le gouvernement pense qu'avec une bonne motivation, un fonctionnaire peut être mis à l'abri des tentations des prestataires des marchés publics. C'est à voir. Ici, le budget d'investissement est de plus d'un milliard inférieur u montant des gratifications. La présidence (et ses services rattachés) est quatrième avec une provision de 2,2 milliards. Le Ministère de l'Administration Territoriale clôt cette liste avec une enveloppe de 1,9 milliard. Top 5 des frais primes de gratifications frais Désignation Montant (en Milliards) 1. Assemblée nationale 9,1 2. Ministère des Finances 8,1 3. Ministère des Marchés publics 4,7 4. Ministère de l'Agriculture 2,2 5. Ministère de la Santé 1,9 503 milliards pour les infrastructures Le classement des dépenses de l'Etat en 2013 par secteur permet de donner une cohérence au discours politique, qui énonce quelquefois des priorités que le budget ne connaît pas. En dehors du fourre-tout où sont logés les salaires, le service de la dette, les subventions, les enveloppes allouées aux Ministères et regroupées par secteur présentent un tableau qui place les infrastructures en première-position. Une situation conforme aux ambitions gouvernementales. La deuxième place revient à l'éducation, à la formation et à la recherche, ce qui est aussi un indicateur des priorités du gouvernement. Seulement, environ 333 des 451 milliards qui lui sont alloués iront payer les salaires. Ce qui signifie que moins de 120 milliards seront consacrés à la construction et à l'équipement des salles de classe, notamment les établissements d'enseignement technique. La dernière place est occupée par les affaires sociales. Les budgets par secteur Désignation Montant (en Milliards) 1. Infrastructures 503,3 2. Enseignement, formation et recherche 451,2 3. Défense et sécurité 279,4 4. Commerce et production 180,7 5. Souveraineté 180 6. Administration générale et financière 167,5 7. Santé 162,4 8. Communication, culture, loisirs et sports 42,4 9. Affaires sociales 27,4 10. Reste(Dette publique, salaires, subventions, etc.) 1 241 12,2 milliards pour Elecam Le gouvernement a tenu la promesse d'un budget indépendant pour Elecam, voté par la représentation nationale. Il est de 12,2 milliards de francs, dont 10,2 milliards pour le fonctionnement. Ce qui est un indice supplémentaire que 2013 est vraiment une année électorale. Le budget de la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés est aussi voté par les députés, à hauteur de 1,120 milliard pour 2013. Quelques curiosités Le Conseil économique et social, absent de l'actualité socio-économique de notre pays, est bien présent dans tous les budgets de l'Etat pour son amorphie, il est même récompensé d'une dotation de 301 millions pour les primes et gratifications. Ses frais de mission, de représentation et de bouche, quant à eux, s'élèvent à 396 millions. Mais on se demande comment ce budget est consommé et à quelle heure. Le journal officiel du Cameroun, logé et géré par la présidence de la République, est doté d'un budget annuel de 207 millions en 2013. Quoi de plus normal, sauf qu'il y a bien longtemps que ce précieux document qui rassemble les actes officiels du chef de l'Etat destinés à la publication. 574 milliards déficit budgétaire L'Etat n'a pas tout l'argent qu'il compte dépenser en 2013. Même dans ses prévisions de recettes, il n'atteint pas le quota de ce qu'il lui est nécessaire pour fonctionner, investir et rembourser sa dette. Les recettes budgétaires internes s'élèvent à 2 662,2 milliards, alors que les dépenses sont hissées à 2 970,9 milliards. Notre pays enregistre donc un solde budgétaire négatif de 308,7 milliards. Quand on ajoute les dépenses liées à l'amortissement de la dette publique (160,2 milliards) et, l'apurement des arriérés (105,1 milliards), les besoins de financement du budget de l'Etat pour 2013 sont évalués à 574 milliards. Pour couvrir ces besoins, le pays compte sur des dons extérieurs de 66 milliards, dont 43 milliards pour le seul C2D de la France. Les 508 autres milliards viendront des emprunts. Un emprunt extérieur de 258 milliards, en provenance notamment de la Chine (33 milliards), de l'Allemagne et de l'Inde, Pour ce qui est de l'endettement intérieur de 250 milliards, il sera obtenu à travers des émissions de titres publics. Source: Document de stratégie d'endettement public de l'exercice 2013




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