Mbanga Pongo : les familles attendent toujours les corps

Par Stéphane TCHAKAM | Cameroon Tribune
- 04-Oct-2007 - 08h30   51692                      
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La phase judiciaire n’a pas encore démarré.
Bruno Youmbi avoue son impuissance. A l’heure actuelle, il n’a aucune nouvelle et ne sait pas quand le corps de son jeune frère, disparu dans la catastrophe aérienne de Mbanga Pongo, sera restitué. « Nous ne savons pas quoi faire. C’est vrai que de temps en temps, un cabinet nous appelle de Londres pour nous dire où l’on en est. La dernière fois, ils nous ont laissé entendre qu’une réunion était prévue avec les autorités camerounaises pour déterminer la date à laquelle les corps seront remis aux familles. Nous continuons d’attendre et sommes vraiment abattus. » Lorsque les identifications des restes et des corps avaient été engagées, l’on avait promis aux familles que tout serait terminé au bout de quatre mois. Ce délai-là est écoulé et elles ne voient rien venir. Intenable pour des gens qui n’ont toujours pas fait leur travail de deuil. Bruno par exemple explique que dans sa famille à lui, des rites doivent être organisés pour ce genre de décès et la situation qui prévaut et se prolonge met tout le monde dans l’embarras. Si les dépouilles préoccupent au premier chef, les autres aspects de l’après catastrophe ne sont pas plus avancés. Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun, Me Charles Tchoungang qui s’est impliqué dans la gestion des lendemains du drame, au nom du Barreau, explique que les familles ont du mal « parce qu’elles ont fonctionné de manière dispersée en constituant des avocats un peu partout : camerounais, français, américains. » Le Barreau avait lui-même mis à la disposition des familles une assistance juridique. Il souhaite à présent que « le nouveau ministre des Transports rouvre le dossier. Les analyses Adn ont déjà dû donner des résultats pour l’identification des victimes. La phase judiciaire doit commencer. La compagnie aérienne, Kenya Airways, avait engagé des démarches pour indemniser les familles, mais nous pensons qu’il n’y a aucune raison que les victimes camerounaises soient moins indemnisées que des victimes indiennes ou américaines ». Les balises, la boîte noire et bien d’autres éléments ont été retrouvés et le Barreau pense qu’il faudrait mettre toutes ces données à la disposition de l’opinion. C’est la raison de la commission mise en place par le bâtonnier. Et selon Me Charles Tchoungang, « il n’est pas bon que les conclusions d’une telle enquête soient cachées. Et puis, le Cameroun n’est pas impliqué, il n’est pas responsable de ce qui s’est passé à Mbanga Pongo. Il faut que notre pays joue le jeu en protégeant les Camerounais qui sont morts et que les étrangers qui ont perdu les leurs sachent que le Cameroun ne va pas laisser les intérêts l’emporter sur les souffrances humaines. »




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