Offensive: Paul Biya fait le ménage à la sécurité présidentielle

Par Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
- 28-Jan-2013 - 08h30   59251                      
20
Le président de la République a procédé le 25 janvier 2013 à de changements de responsables à la Garde présidentielle (Gp), à son état-major particulier et à la direction de la sécurité présidentielle (Dsp). Ces décrets surviennent après une vague de protestations d’hommes de rangs rattachés aux services de la sécurité présidentielle.

Defile 20 Mai 2012
Photo: © P.R.C.
C’est le moins que l’on puisse dire. Le colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé est la principale victime des frappes du chef de l’Etat intervenues en fin de semaine dernière. Nommé à la tête de la Gp le 10 mars 2011, ce natif de d’Oveng dans la Mefou Akono vient d’être débarqué de ce corps d’élite chargé de la sécurité du président de la République et de sa famille, 22 mois seulement après sa nomination. Ce qui apparaît plus comme une volonté du chef suprême des armées de se débarrasser de lui que celle de promouvoir son remplaçant, Raymond Jean Charles Beko’o Abondo, 41 ans, chef de bataillon (prosaïquement appelé commandant) au Bataillon d’intervention rapide (Bir). Tant la nomination de Beko’o Abondo comme commandant par intérim de la Gp survient dans un contexte marqué par un malaise certain dans les rangs des hommes aux bottes marron dont la phase la plus achevée est sans doute la rafale de tirs entendue le 23 décembre 2013 au passage du cortège présidentielle au quartier Elig-Edzoa. En effet, un certain nombre de soldats de la Gp se plaignaient ouvertement de leur traitement qu’ils jugeaient exécrable depuis quelques temps. Dans ce sens, plusieurs messages appelant à la rébellion avaient été diffusés à travers des Sms. Cette attitude sera naturellement sanctionnée par la hiérarchie militaire. A la Gp, on a enregistré de nombreuses arrestations d’hommes de troupes pour réprimer cette irrévérence. Mais, se montrant plus offensifs, ces soldats et sous officiers ont entrepris une activité épistolaire peu commune dans les casernes. C’est ainsi que certains d’entre eux revendiquaient la paternité des lettres anonymes diffusées sur Internet et réclamant la tête de leur commandant, mais aussi l’accès à l’eau courante dans leurs casernes y compris celles logées au sein de la présidence de la République et surtout la relaxe pure et simple de tous leurs camarades arrêtés dans le cadre des différentes protestations. Bisbille On le sait, le gouvernement, par la voie du ministre en charge de l’Eau a indiqué qu’avec l’appui d’entreprises chinoises, les camps militaires de la présidence subiraient bientôt moins le rationnement dans la distribution de l’eau courante que les autres habitants de la ville de Yaoundé. A sa suite, le chef suprême des armées himself vient à son tour de remettre une couche en virant le commandant de la Gp en bisbille avec ses troupes. Ce dernier est affecté au poste d’adjoint chargé des forces terrestres de la troisième région militaire interarmées à Garoua. Le président a également « touché » la Dsp en affectant le chef du groupement de la protection de la direction de la sécurité présidentielle au poste de commandant de la Brigade du quartier général (Bqg), à première région militaire interarmées à Yaoundé. Le colonel Melingui Nouma considéré comme un « adjoint » du général Nji Ivo, le Dsp, quitte le palais d’Etoudi, une vingtaine d’année après y avoir servi. Son éloignement est considéré comme une disgrâce venant en réponse aux plaintes des éléments de la sécurité présidentielle. Même si du point de vue de l’administration militaire strictement, c’est une promotion. Car l’officier supérieur est nommé pour la première fois de sa carrière à un poste de « commandement ». Paul Biya a également mis fin au long intérim qu’assurait celui qui était encore colonel d’armée vendredi dernier. En le promouvant général de brigade, le chef de l’Etat a fait d’Emmanuel Amougou, son chef d’état major particulier et renforce ainsi l’autorité de ce dernier au moment où on note des remous dans les rangs. De même, le président de la République n’a pas nommé un nouvel aide de camp. C’est toujours le général Joseph Fouda, conseiller spécial du chef de l’Etat qui officie comme aide de camp. Même si au cours des dernières apparitions de Paul Biya, c’est le lieutenant Noah qui sert visiblement comme tel. Rodrigue N. TONGUE Focal: Décret du 25 janvier 2013 nommant des responsables d’armée Nomination du Colonel Amougou Emmanuel au Grade de Général de Brigade. Un deuxième décret porte le nouveau promu au poste de Chef d’Etat Major particulier du président de la République. Le Président de la République nomme également le Chef de Bataillon Beko’o Abondo Raymond Jean Charles au poste de Commandant de la Garde présidentielle par Intérim. Dans un autre décret, le président de la République a procédé à la nomination des responsables dans les Commandements Territoriaux, notamment dans les Régions militaires interarmées: Le Colonel Mbida Gabriel est nommé Adjoint chargé des opérations à la Deuxième Région Militaire Interarmées ; Le Colonel Kemezeu Sonkeng Albert est nommé Adjoint des Forces aériennes à la Deuxième Région Militaire Interarmées. Le colonel Etoundi Nsoe Raymond Thomas est nommé Adjoint chargé des Forces Terrestres de la Troisième Région Militaire Interarmées. Le décret 2013/018 porte pour sa part nomination du colonel Melingui Nouma au poste de Commandant de la Brigade du Quartier Général, Première Région Militaire Interarmées. Synthèse de R. N. T.




Dans la même Rubrique