Papa ZOE: La relève du Makossa ?

Par | Cameroon-Info.Net
Paris - 09-Sep-2003 - 08h30   70460                      
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Avec un premier album dont on a du mal à croire qu’il est vieux de 2 ans tant il fait encore sensation dans les soirées et foyers camerounais (notamment avec « bato ba ye ») Peut-on dire de Papa zoé qu’il s’inscrit dans la lignée des grands noms du makossa ? La réponse sera peut-être dans ce 2ème album dont le musicien nous annonce en exclusivité la sortie prochaine! La rédaction de cameroon-info a rencontré pour vous Papa Zoé dans le prestigieux restaurant parisien Massaï Mara , l’occasion d’avoir son sentiment sur ce fulgurant succès, et aussi faire la lumière sur le malentendu qui a suivi la sortie de l’album entre son distributeur au Cameroun PRINCE EYANGO et son producteur NGADO alias « TCHOME BOY »
- Cameroon-Info.Net : les Camerounais découvrent votre album un peu comme les Français ont découvert 1er Gaou de Magic system. A la différence que leur album était sur le marché, contrairement au votre. Que s´est –il passé ? Papa Zoé : C´est un problème qui concerne la distribution, ce n´est pas moi qui m´en occupais. Il est vrai que l´album a été mal distribué, mais dans l´ensemble tout s´est bien passé. Cameroon-Info.Net : On a entendu dire qu´il y avait 2 producteurs, PRINCE EYANGO et NGANDO « tchome boy ». Qui a fait quoi au final ? Papa Zoé : Il y a 1 seul producteur qui est Ngado «tchome boy », et la maison Preya de Prince Eyango qui a décidé de nous rejoindre assure la distribution de l´album, elle continue d´ailleurs l´aventure avec nous jusqu´à présent. Cameroon-Info.Net : On avait pressenti les talents de Patrick EBanda alias Zouk dans les concerts scolaires, cabarets etc… pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire un album ? Papa Zoé : La 1ere raison est que je trouvais mon compte en tant que musicien de cabaret, puisque ça me permettait déjà de gagner ma vie, contrairement aux chanteurs de mon entourage qui exerçaient ce métier depuis longtemps et n´avançaient pas. Deuxièmement je l´ai fait par rapport aux intrigues de mes amis, qui me pressaient de le faire. Cameroon-Info.Net : Justement vous avez dit avoir fait cet album par défi, pour prouver à certaines personnes qui se prenaient pour des stars qu´elles se trompaient. Il s´agit de qui? Papa Zoé : Oui je l´ai fait par défi envers mes amis, et ce ne sont pas des stars. Parce qu´ils se demandaient pourquoi des artistes qui viennent apprendre auprès de Papa Zoé sortent un album qui marche et moi qui me prétendais grand musicien était incapable d´en faire un. Ils disaient donc que j´étais fait pour être un artiste de cabarêt. Cameroon-Info.Net : J´avoue qu´on est un peu déçus, car on s´attendait à avoir des révélations, des noms d´artistes connus grâce ou à cause de qui vous auriez fait cet album, mais on se demande quand même comment quelqu´un qui aime autant la musique peut la faire par défi et non par passion? Papa Zoé : Le défi par rapport à mes amis était la sortie d´un album, mais la musique je la fais par passion! Avant de chanter, je suis musicien et j´aime ça! Seulement j´aurais tout aussi bien pu sortir un album à 50 ans. Cameroon-Info.Net : On note plusieurs participations dans différents albums d´artistes de renom: le feu Kotto Bass, Bazor, Ekambi Brillant, Annie Anzouer etc… lesquels vous ont influencé musicalement, de qui vous êtes vous inspiré pour cet album? Papa Zoé : Pas beaucoup de camerounais, j´ai éte très influencé par la musique afro-cubaine. Cameroon-Info.Net : Mais la couleur majoritaire de cet album est le Makossa! Papa Zoé : Non, ce n´est pas le Makossa, tel qu´on l´entend, c´est une nouvelle façon de le jouer. Si je devais faire un album pour me faire plaisir, ce ne serait pas celui là ; je l´ai fait pour m´ouvrir une porte parce que la musique d´ambiance se vend mieux, elle sort du pays, voyage. Mais ma préférence va à la Salsa, la Rumba etc. Cameroon-Info.Net : Le Makossa n´a pas du tout grâce à vos yeux? Papa Zoé : Non, tel que je l´ai connu le Makossa ne m´attire pas. Si je vous demandais de me définir le Makossa que diriez-vous? Cameroon-Info.Net : Je vous retourne la question? Papa Zoé : Pour moi le makossa n´existe pas, c´est un mélange de rythmes auxquels on rajoute des paroles Douala ou Bamiléké et on dit avoir fait du makossa. Quand j´écoute les anciens comme Nelle Eyoum , Bazor ou Manu Dibango, c´est tous des rythmes différents avec juste des paroles de chez nous; C´est pas du makossa mais un mélange de funk, disco, guitares… mais beaucoup m´ont influencé, comme Eboa Lottin ou henri Njoh, mais pas parce qu´ils faisaient le makossa d´aujourd’hui. Cameroon-Info.Net : Quelles sont les circonstances qui ont poussé Patrick Ebanda à se rebaptiser Papa Zoé? Papa Zoé : Ce sont des amis qui m´ont surnommé ainsi, un jour où feu Pépé Kallé était en concert, je suis monté sur le podium remplacer son animateur qui souffrait et pépé Kallé a dit «tiens voilà le vrai Papa Zoé » ; Depuis ce jour mes amis m´ont appelé PaPa Zoé. Cameroon-Info.Net : D´une manière générale, on dit que vous êtes resté égal à vous-même, que vous êtes toujours aussi sympathique, pas de grosse tête cette notoriété soudaine n´a t-elle absolument rien bouleversé dans votre vie? Papa Zoé : Non, elle n´a rien changé par ce qu´avant de faire cet album j´étais déjà venu à Paris(rires), j´avais déjà connu de belles femmes, de bons amis, je roulais déjà dans de belles voitures ; bref j´avais déjà l´essentiel de ce qui suit le succès : l´argent et les amis. Cameroon-Info.Net : Il est courant qu´après un tel succès le torchon brûle entre l´artiste et sa production, le premier se plaint souvent de ne pas profiter des fruits de son dur labeur ; Est-ce votre cas ? Papa Zoé : Quand j´ai commencé à composer pour mon album, ce n´était pas en vue d´un salaire, le but était de faire de belles chansons qui plairaient à tout le monde. A sa sortie, il y a eu tellement de problèmes, la promotion était si nulle que j´ai souvent dû faire le travail du producteur. Je devais payer les frais de télé et de radio, aller dans les discothèques m´assurer qu´elles ont bien reçu mon C.D. etc… Je n´ai jamais eu de cachet pour cet album, depuis le début je me contente des spectacles. Mais comme ce n´était pas mon but de départ, je ne m´attendais pas à ce succès, je n´attendais donc rien de cet album; et je ne me plains pas. Cameroon-Info.Net : Parlons de votre album: sur 12 titres, il y a « mbo saute », « tatanu »d´Eboa Lottin en salsa, Loba qui a un air de Manu dibango, et total ambiance qui sont des reprises. Même si c´est très bien fait, on se demande toujours pourquoi mettre autant de reprises sur un premier album ? Papa Zoé : C´est une autre manière de dire merci à ceux qui font de la bonne musique, ça marche aussi bien au Cameroun qu´aux USA. Reprendre une belle chanson c´est redonner un salaire à l´artiste qui l´a composée et aussi lui rendre hommage. C´est aussi donner une seconde vie à la chanson en l´immortalisant dans la mémoire de tout le monde, et non comme on dit au Cameroun un manque d´inspiration. Cameroon-Info.Net : Autre constat : Dans vos chansons, il n´y a pas 10 secondes de musique sans que vous n´évoquiez un nom ; On veut bien croire aux dédicaces, mais à ce rythme c´est un peu lassant non ? Papa Zoé : C´est le cas dans beaucoup de musiques d´ambiance, c’est une façon d’animer et de dire merci aux gens qui vous encouragent pendant la préparation de l’album… Cameroon-Info.Net : Ils doivent être très nombreux alors! Papa Zoé : (Rires) Ben oui, il y a par exemple vous qui m´encouragez pour mon prochain album, ça me ferait plaisir quand j’écouterai mon C.D de me rappeler que vous m’avez aidé à faire ceci ou cela. Cameroon-Info.Net : « Tapa mba » qui est un excellent duo avec l’incontournable Charlotte Dipanda est dédié à qui ? Vous êtes en reconquête d’amour perdu ? Papa Zoé : Toutes les chansons d’un auteur-compositeur ne sont pas toujours personnelles. Elles sont parfois que le résultat de l’observation de ce qui se passe autour de soi. La seule chanson de cet album qui n’est pas pure fiction est la 12 «A loba», puisque j’y parle de moi. Cameroon-Info.Net : Donc «Na dja nika» n’est pas non plus un aveu d’échec ? Papa Zoé : Ah non, c’est ce que je venais de vous dire plus haut. C´est plus le véçu des autres. Cameroon-Info.Net : Vous vous êtes entouré de grands musiciens comme Nsangué, richard Epessé, Bobby Nguimé (au sommet de son art). On peut dire que vous avez mis toutes les chances de votre côté pour un album réussi ; Vous attendiez-vous à être aussi fortement plébiscité par le public camerounais? Papa Zoé : Le public camerounais est très difficile, c’est pourquoi j’ai essayé de mettre toutes les chances de mon côté en prenant les meilleurs. Etant musicien moi-même je suis bien placé pour les choisir, j’ai tenu à absolument écarter de l’album tout ce qui pouvait lui être néfaste. Cameroon-Info.Net : Cela voudrait dire que la consigne est la même pour le 2eme album je suppose ; On peut en parler un peu ? Papa Zoé : Oui, la consigne est la même, il est d’ailleurs sur la même lancée, c’est-à-dire un album d’ambiance avec ça et là d’autres mélodies. J’ai pas encore arrêté mon choix sur les musiciens, mais l’album devrait être prêt fin octobre. Cameroon-Info.Net : Ca veut dire qu’à priori vous comptez changer l’équipe malgré le dicton populaire qui dit chez nous qu’on ne change pas une équipe qui gagne ?
Papa Zoé : Ah non il faut changer. Comme dans chaque équipe il y’ a des maillons faibles, il faut les trouver et les remplacer à mesure que la musique évolue. Cameroon-Info.Net : Un mot sur l’actualité qui concerne les artistes, la création de votre société des droits d’auteurs la Socadrom d’Ekambi brillant, la Socim avec Grâce Decca, ainsi que le troisieme laron qui est Manu avec les artistes de la Diaspora ? Papa Zoé : Je n’ai pas le droit de comparer qui que ce soit, en ce qui me concerne je suis pour ceux qui respectent et ont fait quelque chose pour la musique camerounaise. Il faut qu’on leur fasse confiance, c’est pourquoi je suis partisan de la Socadrom d’Ekambi Brillant. Cameroon-Info.Net : Vous parlez beaucoup de Dieu dans votre album ; si Dieu existe qu’aimeriez-vous lui dire lorsque vous serez au Paradis ? Papa Zoé : Je lui demanderai pourquoi il n’arrête pas immédiatement les méchants, pourquoi il laisse passer du temps avant de sévir. C’est d’ailleurs la question que je pose dans « A Loba », pourquoi les autres ont-ils autant de vices ? Cameroon-Info.Net : Quels sont vos défauts ? Papa Zoé : la timidité Cameroon-Info.Net : Vos qualités ? Papa Zoé : je ne les connais pas, je laisse les autres les déceler Cameroon-Info.Net : Votre rêve le plus fou ? Papa Zoé : Entrer dans une bataille avec d’autres jeunes camerounais pour créer un autre style de Makossa qui pourra se vendre hors du Cameroun comme font les Ivoiriens ou Zaïrois. J’attends de convaincre avec ma musique pour pouvoir attirer ces jeunes vers moi et concrétiser ce rêve, qui est de faire des albums en duo, en groupes, car il n’y a pas de véritables groupes au Cameroun. Cameroon-Info.Net : Un dernier mot ? Papa Zoé : Oui, mon souhait est que les média du Cameroun nous permettent de faire notre musique, car pour un passage télé ou radio, on doit payer 300 000 F CFA, et les artistes n’ont pas les moyens de le faire. Nous sommes marginalisés alors que nous faisons rentrer beaucoup d’argent au Cameroun. Il est vrai que c’est un combat que nous devons mener, et la 1ere manche sera réussie quand nous pourrons ensemble créer une seule société des droits d’auteurs. Cameroon-Info.Net : Merci de vous être confié à nous, Papa Zoé Papa Zoé : C’est moi qui vous remercie car grâce à des initiatives comme les votres, nous artistes pouvons garder le contact avec les Camerounais du monde entier.




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