Parfait Mbapou: Le fils biologique de Marafa Hamidou Yaya craque et déballe

Par Le Soir n°0091 | Le Soir
- 05-Jun-2012 - 08h30   79926                      
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"... Marafa est mon papa. J'ai mal en voyant ce qui se passe autour de cette affaire qui concerne mon père. Ceux qui l'entourent sont là pour des bénéfices."

Parfait Mbapou
Photo: © Le Soir
Quelle est la raison fondamentale qui vous a poussé à choisir notre journal? Votre journal n'a jamais écrit en faveur de Marafa et pour votre gouverne je connais beaucoup de journalistes qui ne sont pas de bonne réputation. Qu'est de qui vous amène à réagir aujourd'hui? La première raison c'est que Marafa est mon papa. J'ai mal en voyant ce qui se passe autour de cette affaire qui concerne mon père. Ceux qui l'entourent sont là pour des bénéfices. La deuxième c'est que je voudrais avoir une conscience tranquille. Je ne sais pas ce qui l'oppose au Chef de l'Etat. Chaque fois qu'une lettre est annoncée, on la dépose chez moi à mon insu. Mon problème c'est que le clan Marafa s'est servi de lui depuis un bon nombre d'années. Un homme qui n'a pas de racine est psychologiquement fragile. Ils n'ont pas voulu que Marafa me reconnaisse parce que ce serait une catastrophe pour eux de savoir qu'il peut avoir un autre confident qu'eux. Quelles ont été les circonstances de la rencontre entre votre père et votre mère? C'est en 1979 que ma mère a rencontré Marafa Hamidou Yaya à Garoua. Je suis né le 21 juin 1980 à Bertoua. Ma mère fréquentait dans la capitale du Nord, à Garoua. A l'époque elle vivait le grand amour avec le nommé Mohamadou Baba Gogo, le fils du richissime homme d'affaire Pantami. C'est une dame qui travaillait alors à l'hôtel «la Bénoué» qui a facilité la rencontre entre ma mère et Marafa; elle se prénommait Rose. A l'époque mon père n'était pas très connu et la rencontre tombait «bien» parce que Baba Gogo ne vivait pas au pays. Tombée enceinte très jeune, elle fait savoir à son Amour que c'était lui l'auteur, en lui cachant le vrai auteur de sa grossesse. Pour protéger cet amour sincère, elle va plutôt attribuer la grossesse à Baba Gogo, car, lui au moins était le premier fils d'un riche et pouvait garantir l'avenir de cet enfant. Mais à sa grande surprise, Baba Gogo accepte mal cette nouvelle et explique à ma mère à l'époque que son père ne pouvait cautionner qu'il ait un enfant avec une «non musulmane»; surtout qu'il ne vivait pas au Cameroun. Ma mère étant alors enceinte, elle décide de retourner à Abong-Mbang où sa mère (ma grand-mère) vivait. Cette dernière la déconseille d'avorter en promettant de s'occuper de l'enfant. J'ai donc été élevé à Abong Mbang par ma grand-mère au quartier Bamiléké. Après ma naissance, ma mère a continué ses études. Lorsqu'elle a eu le concours de l'ENI (actuel Enieg), elle a demandé son affectation pour Garoua. En 1991, elle est institutrice à l'Ecole des garçons de Garoua dans l'espoir de revoir le père de son enfant. Sur place elle refait la rencontre de Baba Gogo, son ancien Amour. C'est comme cela qu'il lui demande ce qu'était devenue la grossesse qu'elle avait contractée, et ma mère lui a répondu que j'étais avec ma grand-mère à Abong-Mbang. Après cette rencontre, ma maman débarque avec des cadeaux offerts par Baba Gogo. Voila comment lui et moi nous nous sommes vus et directement après je me suis installé chez lui à Garoua. J'ai fait les classes de 6e et 5e auprès de lui et deux ans après ma grand-mère estimant que je n'avais pas un bon suivi car vivant pour la plupart du temps seul, envoie ma maman me chercher. Mon père (Baba Gogo) n'étant pas marié, s'occupait plus de ses affaires. Je voudrais préciser que quand il revoit ma mère, il est déjà un homme d'affaires riche à Garoua. En 1993, je quitte Garoua parce que Baba Gogo n'était jamais à la maison. J'ai commencé à m'égarer à l'âge de 12 ans. Baba Gogo ne s'oppose pas à ce que ma maman me ramène à Abong Mbang. J'entends parler de Marafa Hamidou Yaya pour la première fois à l'école lorsque les responsables de l'établissement veulent me renvoyer au profit d'un élève qui avait des parents nantis. C'est alors que ma mère leur rétorque que je suis également le fils d'un nanti. Quelques temps après, ayant trouvé la piste de mon père, elle expédie une correspondance pour lui signifier que j'étais son fils. Mais cette lettre tombe entre les mains de Baba Gogo et le secret est découvert. Baba Gogo n'a jamais dit que je ne suis pas son fils et fait signifier à ma mère que pour lui je reste son enfant et que Marafa ne doit jamais être au courant car il s'occupera de moi comme un vrai père. C'est malheureusement l'année dernière que j'ai appris que mon père adoptif que j'aimais tant est décédé. En 2002, je découvre que Pantami est le propriétaire du marché du Mfoundi. A cette époque j'ai toutes les preuves que Marafa Hamidou Yaya est mon père biologique, mais je n'ai pas rompu avec la famille Pantami qui continuait à me couvrir de son affection. En 2009, j'ai envoyé Achille Ayinda qui était un ami pour rencontrer mon père. Ce dernier a rempli une audience, c'est le secrétaire particulier de mon père qui a appelé le numéro qui était inscrit sur la demande d'audience et c'est moi qui ai décroché. Quand je lui ai dit que ce n'était pas Achille mais Parfait Mbapou, il a tout de suite raccroché. Et jusqu'aujourd’hui, lui et moi sommes à couteaux tirés. Nous nous envoyons souvent des messages vraiment pas gentils. Plus tard je suis tombé malade et j'avais des escarres de 12 cm sur les fesses. Il fallait qu'on opère ces lésions, le médecin est allé vers la famille Pantami au marché du Mfoundi. Ma mère et lui ont découvert que Baba Gogo était déjà mort. Il m'a proposé d'aller rencontrer mon père biologique, mais l’entourage de Marafa a une fois de plus refuse et cette fois c'était son SP et sa secrétaire. Car à l'époque on disait que mon père avait des relations sexuelles avec elle (sa secrétaire). J'ai écrit des lettres à mon père pour rentrer en contact avec lui plusieurs fois sans réponse. Je suis allé à la maison, mais son frère m'a demandé de laisser la photocopie de ma carte nationale d'identité et mon numéro de téléphone, Mais j'ai refusé. Et quand mon père est revenu car il était parti à la mosquée pour prier, on s'est regardé pendant presque deux minutes face à face, mais sans rien dire. Il est entré chez lui. C'est alors que son SP revient et me demande en me brutalisant de partir. Cela a créé un brouhaha indescriptible au domicile et lorsque la population s'est approchée pour comprendre ce qui se passait, mon père en a profité pour fuir. Je lui ai même demandé un test ADN, mais rien. Pour lui faciliter la tâche, j'ai envoyé une lettre accompagnée de mon groupe sanguin qui est «A rhésus négatif». Des médecins m'ont expliqué que ce rhésus ne pouvait que se transmettre de père en fils. Et par la suite, on m'a expliqué pourquoi il avait du mal à faire d'autres enfants. J'ai même contacté son frère aîné Bagoudou pour lui signifier que je voulais voir et causer avec mon père; également avec Badjika Ahidjo. Cependant, je sais aujourd'hui qu'il sait que je suis son fils biologique. Le SP a appelé ma mère et lui a dit que Marafa est au courant que je suis son fils mais préfère que je reste petit fils de Pantami car lui (Marafa) est un homme d'honneur. Je paie des médicaments de 205 000 frs chaque mois et d'autres charges. Aller rendre visite à Marafa Hamidou Yaya en prison, on me l'a déconseillé. Le 04 mai 2012, on a perquisitionné ma maison sous prétexte que je prépare un coup d'état. C'est le Colonel Etoundi Nsoé qui a fait perquisitionner le chez moi. Je pointe aujourd'hui du doigt le clan Marafa (Marafa Connection) parce qu'ils se servent de lui comme une vache à lait. Un jour son SP m'a dit que si je ne passe pas par lui je ne serais jamais reconnu par mon père. Sa femme est aussi au courant de mon existence et depuis longtemps. Dans un pays ou le président Biya a utilisé plus de 600 ministres, on ne peut pas se lever un matin pour clamer haut et fort qu'on est de la jambe d'un ministre. J'ai vu tout le monde m'abandonner à un moment de ma vie. Lorsque je vois la souffrance que mon père endure, j'ai mal. «Je ne cherche pas le ministre, je cherche mon père» ces paroles je les ai prononcées quand il était aux affaires. En ce moment ils ont peur de perdre les privilèges entretenus depuis de longues années, même si Marafa n'était pas mon père, je parlerais parce que je suis amoureux de la justice. Nous sommes dans un système où les clans règnent et sont déterminés à se livrer une guerre sans merci. Que pensez-vous des lettres qui ont été attribués à votre père? Je ne fais pas la politique. Je sais que la Bible recommande de soutenir les autorités en place et de prier pour elles. C'est ce que je fais. J'admire le président Paul Biya. Et dans ma famille, tout le monde est «Rdpciste». Je veux dire soutient le RDPC. Dans mon enfance, je pensais souvent être député, ministre ou même président de la république. J'ai demandé un jour à ma grand-mère ce qui l'avait poussé à toujours voter pour le président Biya, elle m'a dit c'est parce qu'il est beau. Je ne peux pas engager une démarche qui puisse mettre le régime en place mal à l'aise. Si on s'en tient uniquement aux lettres de Marafa, il est en prison parce qu'il voulait être candidat. Je ne suis pas sûr que ce soit Marafa qui les a écrites. On comprend qu'il est en taule pour ses ambitions politiques, les affirmations sur la nomination d'Issa Tchiroma, etc. tous ces faits peuvent être utilisés pour mettre Marafa Hamidou en difficultés. En définitive, je ne peux pas me prononcer clairement sur les raisons de la crise entre mon père et le président de la République. Même si Paul Biya s'en va aucun homme ne viendra donner aux Camerounais tout ce qu'ils veulent. Moi je ne fais pas la politique. Source: Le Soir n°0091 - 05 Juin 2012




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