Présidentielle: Communiqué de Presse de Garga Haman Adji, Président de l'ADD

Par | Cameroon-Info.Net
- 23-Oct-2004 - 08h30   57013                      
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Monsieur GARGA HAMAN ADJI, candidat de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD), relate, par le présent communiqué, les observations, analyses et commentaires qu’il a pu rassembler avant et pendant l’élection présidentielle du 11 octobre 2004.
Il dresse ici l’économie générale des décisions prises à cette occasion et en analyse le sens et la portée. 1.- Cette élection s’est déroulée dans les délais constitutionnels A quelques exceptions près, les procédures légales ont été respectées dans la forme, mais souvent violées dans le fond. De nombreux procédés de trucages ont finalement conduit à ternir le processus électoral en l’entachant de fraudes multiformes, plus ou moins grossières, à impact plus ou moins grave et durable. 2.- La refonte des listes électorales L’objet normal d’une refonte des listes électorales est d’apurer le fichier électoral. Un tel apurement n’est point possible manuellement. Seule l’informatisation de tout le processus électoral aurait justifié et rentabilisé la refonte décidée. Dès lors, il y a lieu de rechercher ailleurs les non-dits de cette refonte qui s’est avérée plus stratégique que technique. L’objet principal de ladite refonte se révèle être une manœuvre sélective des inscriptions sur les listes électorales aux fins de réduire l’électorat des candidats de l’opposition. Et pour accroître le nombre d’électeurs dans les zones favorables au RDPC, le gouvernement a illégalement conditionné les nouvelles inscriptions à la présentation d’une carte d’identité « informatisée ». Pour donner corps à cette stratégie, les élites politico- administratives et pro-gouvernementales ont financé à coup de millions de francs, dans leurs villages respectifs, la confection desdites cartes d’identité dont le coût d’établissement est hors de portée des citoyens. L’importance des sommes déboursées dans ce cadre est nettement au-dessus des moyens légaux de chacune des élites impliquées. Cette refonte a corrélativement facilité la multiplicité des inscriptions et, conséquemment, favorisé les votes multiples. 3.- Le refus d’informatiser le fichier électoral a empêché la détection de ces inscriptions et votes multiples. C’est peut-être ce qui était recherché. 4.- Le financement de la campagne des candidats Le financement de la campagne des candidats relève de la part du gouvernement, d’une stratégie d’appât destiné à attirer les candidats, le cas échéant, et / ou à les désorienter. Le communiqué du premier ministre annonçant le paiement à chaque candidat d’une somme de vingt cinq millions de francs puis la subordination de ce paiement aux décisions de la Cour Suprême statuant sur chacune des requêtes des candidats aux dossiers rejetés participerait de cette volonté, aussi indigne qu’infantile, d’égarer les concurrents nécessiteux. On se rappelle qu’aux législatives de 1992, constatant que toute l’opposition avait décidé de les boycotter, le Président de la République avait mis en jeu un financement d’un milliard de francs dont 500 millions à débourser après le scrutin. Cette astuce avait permis le revirement spectaculaire de l’UNDP et de l’UPC, notamment. Il n’existait à l’époque aucune loi pour asseoir un tel financement. Aussi, les candidats des présidentielles de 1992 et 1997, ainsi que des législatives de 1997, n’avaient-ils reçu aucun financement public de leur campagne. La loi en vigueur intervenue en l’an 2000 n’a prévu que le financement des législatives et du fonctionnement de certains partis politiques. Le financement de la campagne présidentielle ne faisant encore l’objet d’aucune loi, reste discrétionnaire et n’est attribué qu’en fonction des stratégies du parti au pouvoir. C’est dans ces circonstances qu’est intervenu le financement de la campagne présidentielle 2004. Et tout comme cela s’était produit aux législatives de juin 2002, les fonds alloués à cet effet n’ont pas été débloqués dans les délais permettant leur utilisation conséquente. Des arguties dilatoires ont été déployées pour retarder les déboursements officiellement promis. Il en est résulté que les sommes qui leur sont destinées ne sont parvenues à certains candidats – si elles l’ont été – qu’à la fin de la campagne ou à la veille du scrutin. L’enveloppe d’un milliard de francs promise par le Chef de l’Etat est censée être payée en deux phases, à raison de 50 % au cours de la campagne et 50 % après les résultats. Curieusement, les critères de répartition sont unilatéralement établis par le parti au pouvoir, en liaison avec les ministres concernés. C’est ainsi qu’il a été décidé que 250 millions soient réservés aux partis représentés à l’Assemblée Nationale où le parti au pouvoir détient 148 sièges sur 180, quand bien même certains d’entre eux n’ont pas de candidats à l’élection. Ceci a permis au candidat du RDPC d’encaisser à lui seul 282 millions sur la première phase des cinq cent millions. Les 250 millions restants sont répartis entre les 16 candidats, incluant ceux qui ont bénéficié de la première tranche. Dans ce partage où le RDPC se taille la part du « lion », les 13 candidats dont les partis ne sont pas représentés au parlement perçoivent chacun la portion congrue des quinze millions six cent mille (15 600 000) francs. Tout semble cependant indiquer que la disparition sans trace de l’enveloppe post-électorale, connue après les législatives de 1992, ne va pas se répéter ; car les 500 millions de la deuxième phase seront répartis entre les candidats, dont celui du RDPC, au prorata de leurs scores respectifs ! 5.- Le nombre pléthorique des candidats à cette élection pourrait trouver son explication, entre autres, dans ce qui semble trahir le jugement de valeur que certains d’entre eux porteraient sur les performances des gouvernements du Renouveau. A contrario, ce nombre a conduit à réduire à 3’45’’ pour la télévision et à 7’30’’ pour la radio, le temps d’antenne réservé chaque jour à chaque candidat pour délivrer son message. 6.- Le comportement de l’opposition camerounaise s’est toujours caractérisé par l’égoïsme de ses leaders, l’incohérence de ses actions et, d’une manière générale, par l’absence criarde de stratégies collectives et de synergie d’actions propres à impulser les changement socio-politiques tant souhaités et attendus par les Camerounais. C’était cet esprit qui avait conduit : - en 1992, au comportement incohérent de ces mêmes leaders lors de la « Tripartite », - en 1992 encore, à la mésentente sur la stratégie face aux législatives, boycottées par le SDF et l’UDC d’un côté, et au ralliement incongru du MDR et de l’UPC au gouvernement RDPC, alors que l’opposition disposait à l’Assemblée d’une majorité numérique lui permettant de former son gouvernement. - en 1992 toujours, le même égoïsme et la même incohérence avaient conduit les leaders de l’opposition essentielle à aller en ordre dispersé à l’élection présidentielle, toutes choses qui se répètent en 1997 et en 2004, dans un système électoral à un tour ! La présidentielle 2004 n’a pas échappé aux effets de ce comportement de dupes des opposants politiques camerounais. Les différents regroupements n’ont réussi qu’à produire plusieurs candidats «uniques» de l’opposition. Ce comportement inconséquent de l’opposition camerounaise ne cesse de l’empêcher de prendre le pouvoir qui est à sa portée. Alors, conscient de cette réalité, le pouvoir RDPC use de tous les moyens pour empêcher toute possibilité d’alternance et ainsi se maintenir. Aussi ne cesse-t-il d’affiner les techniques de fraudes, d’anesthésie des consciences et partant d’infantilisation du peuple camerounais. L’opposition se rend paradoxalement complice de ce système qui prive les Camerounais des bienfaits de la démocratie. C’est dans ces circonstances que l’opposition continue de faire le lit aux RDPC ; lequel, à plusieurs égards, reste néanmoins inquiet pour son avenir, au point de se spécialiser dans les élections truquées, mais aussi de couver et de redouter une implosion. Un avant-goût en est déjà donné par les cas du « courant des progressistes du RDPC », dirigé par M. Milla Assouté, ainsi que par les flirts de M. Akame Mfoumou avec la « Coalition » dont il attendait l’investiture de sa candidature. 7.- L’affinement des techniques de fraudes s’est poursuivi. Celles utilisées au cours de la présente élection peuvent être dénombrées comme suit : - la refonte des listes électorales, aux fins d’inscriptions sélectives, - l’exigence de la carte nationale d’identité informatisée pour s’inscrire, alors que le code électoral ne l’a prévue nulle part ; le Ministre chargé des élections, tout comme les responsables de l’ONEL, n’ont pas cru devoir faire respecter la loi électorale sur ce point précis. Pour preuve, la CNI n’est pas exigée au bureau de vote le jour du scrutin, alors qu’elle aurait dû l’être, - la détention par beaucoup d’électeurs et sur toute l’étendue du territoire national, à leur nom, de plusieurs cartes électorales, en violation de la loi du 17 septembre 1992, régissant l’élection présidentielle, qui dispose en son article 35, que « nul ne peut être inscrit sur plus d’une liste électorale ». Ceci est une preuve que les listes électorales ne sont pas établies par les commissions de révision des listes électorales créées à cet effet par la loi, mais plutôt unilatéralement confectionnées par les sous-préfets et les chefs de quartiers et / ou de villages, - la rétention des cartes électorales par les sous-préfets, les 2e adjoints préfectoraux, voire les préfets ou les gouverneurs qui privent les destinataires de leur droit de vote et aggravent le phénomène du vote multiple de ceux qui, illégalement, reçoivent ces cartes desdites autorités. Cette rétention des cartes d’électeurs inscrits est aussi le fait des chefs de villages et de blocs qui les redistribuent à des individus favorables à leur candidat, au détriment de leurs propriétaires légaux et légitimes. Le candidat de l’ADD en a souffert à Maroua où des mercenaires électoraux étaient principalement commandités par des fonctionnaires en mal de narcissisme et / ou de postes et quelques élites commerçantes en mal de faveurs ou d’hégémonie. Il a également subi des préjudices difficiles à chiffrer à Garoua, à Yaoundé et à Douala, plus particulièrement. Les cartes ainsi confisquées qui n’ont pas pu être utilisées par ces mercenaires électoraux expliquent ce que l’autorité préfectorale baptise « abstentions ». Ces derniers se composaient également de groupes de femmes circulant en charters à Maroua et à Kousseri notamment, et de jeunes chômeurs affidés aux responsables nationaux ou locaux du RDPC, à Yaoundé, à Douala et ailleurs. A Batchenga (Lékié), face à une vraie abstention celle-là, les membres des bureaux de vote se sont substitués aux électeurs dès 14 h, pour voter à leurs lieu et place. La rétribution de leur vote était fonction du risque encouru par le candidat du RDPC dans les secteurs qui leur étaient respectivement assignés. Elle est modulée de 1 000 à 5 000 francs. Elle a même atteint la somme de 13 000 F dans la matinée du 11 octobre dans le secteur de Dougoye à Maroua, du fait d’un douanier repu en service à Kousséri. Dès la première heure qui suit l’ouverture du scrutin, le candidat de l’ADD en a saisi pour action le délégué départemental de l’ONEL du Diamaré qui se trouvait à proximité du lieu du délit. - l’expulsion ou le rejet des bureaux de vote des représentants des candidats de l’opposition, en particulier ceux du candidat de l’ADD à Maroua, Yaoundé (2e et 5e arrondissements), à Douala (3e et 5e arrondissements), à Mbalmayo ; ou des commissions mixtes départementales à Bertoua, Akonolinga, Monatélé, Ebolowa, etc… - l’absence ou l’insuffisance des bulletins de vote du candidat de l’ADD au bureau de vote de Hounou à Yagoua, au motif fallacieux que « M. GARGA s’est retiré de la course ». Informé par nos soins de la situation dès 8 h 40, le secrétaire général de l’ONEL qui se trouvait à Monatélé, a suggéré d’en saisir son délégué provincial de l’Extrême-Nord, lequel n’a pu être joint, son téléphone étant constamment sur répondeur. Il a été également constaté qu’à Maroua, dans la plupart des bureaux de vote, les bulletins de vote du candidat de l’ADD étaient épuisés à partir de 14h. Ceux du quartier Lopéré n’ont été servis à nouveau que sur demande insistante des responsables locaux de l’ADD. Il en a été de même dans les dix (10) bureaux de vote logés à la grande mosquée de la Briqueterie à Yaoundé. Le nouveau stock n’a été mis en place par le sous-préfet du 2e arrondissement que sur intervention directe du Préfet du Mfoundi en personne, saisi par le candidat. Pour autant, nulle part le vote n’a été interrompu pour attendre les renflouements des bulletins de vote épuisés. Que ce soit à Yagoua, à Maroua ou à Yaoundé, le sous-préfet n’a jamais expliqué pourquoi les bulletins du candidat se trouvaient stockés dans son bureau plutôt que dans les bureaux de vote. Et pourtant le nombre de bulletins de vote des candidats est le même pour chacun des candidats; et il est supérieur de 25 % au nombre d’électeurs inscrits. Nulle part le candidat du RDPC n’a curieusement souffert de cette catégorie de légèreté et d’irresponsabilité de certains sous-préfets. - l’utilisation des moyens de l’Etat a empêché le candidat de l’ADD de sortir de la ville de Maroua pendant deux jours du fait du séjour du candidat du RDPC dans cette ville pour sa propre campagne électorale. Le candidat de l’ADD n’a donc pas pu exécuter son programme de campagne en raison du bouclage de la ville par la garde présidentielle et autres forces de l’ordre. Le même incident s’est reproduit à Douala où les deux candidats, comme par hasard, se sont retrouvés au même moment. Aussi n’a-t-il pu se rendre à Mokolo, à Moulvoudaye, à Guider et à Ngaoundéré, à Limbé, Kumba et Nkongsamba, comme prévu par son programme ; ce qui lui a causé des frustrations et un préjudice énorme. Ajoutons à cela que l’utilisation abusive des ressources humaines et matérielles de l’Etat, par le candidat du RDPC, a rendu la concurrence particulièrement déloyale dans la campagne électorale de la présidentielle 2004. C’est dans ce cadre que quelques personnages de Maroua, principalement composés du tout venant de fonctionnaires, caressant l’espoir de plaire au prince en combattant une valeur montante de la région, ont cru devoir rémunérer à trois mille francs, tout électeur qui leur rapporterait après le vote le bulletin du candidat de l’ADD, également originaire de la même ville. - la manipulation partiale de l’opinion publique à travers la publication des prétendues tendances des résultats inexactes, par le MINATD, vise à conditionner le peuple camerounais afin qu’il accepte le verdict quel qu’il soit, et à occulter volontairement certains résultats du candidat de l’ADD, principalement dans les départements de la Bénoué et du Diamaré. - la reprise par certains sous-préfets véreux des procès-verbaux sortis des bureaux de vote laisse peser de graves suspicions sur les procès-verbaux des Arrondissements de Maroua, de Yagoua, d’Essé, de Douala 3e et 5e. Les membres de la commission mixte départementale de supervision du Nyong et Kellé ont refusé de signer le PV de leurs travaux en raison des fraudes grossières qu’ils n’ont daigné cautionner. Mais la Commission de recensement des votes qui siège à la Cour Suprême ne semble pas s’être aperçu des faux en écritures dont est entaché le PV venu de ce département. - le jeu électoral que le gouvernement se plaît à parfaire, instaure au Cameroun une démocratie ludique et censitaire, sans lien aucun avec le niveau politique, les aspirations et les moyens financiers des citoyens de ce pays. Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer que le système électoral camerounais actuel ne peut pas garantir une élection juste, libre et transparente, qui puisse démocratiquement conduire à une alternance politique. D’où l’urgence et impérieuse nécessité : - de doter le Cameroun, sous peine de déni démocratique, d’une commission électorale indépendante; - de reconsidérer le code électoral actuel et de mettre en place une législation électorale propre à asseoir la démocratie et à garantir l’égalité des électeurs et des candidats. - Par ailleurs, nous interpellons la conscience civique et le patriotisme de tous ceux qui, tant soit peu, sont amenés à jouer un rôle d’arbitre en raison de la parcelle de l’autorité de l’Etat qu’ils détiennent. Nous pensons en particulier aux fonctionnaires, aux chefs traditionnels, aux autorités judiciaires et aux forces de l’ordre qui, par leur action, devraient assurer en toute neutralité et en toute objectivité la continuité du service public et de l’Etat camerounais. Pour notre part, nous restons engagés à poursuivre notre action pour positivement influencer le redressement politique, économique, social et moral de notre pays, avec toutes les bonnes volontés qui voudront bien s’associer à notre programme. Une déclaration du candidat de l’ADD sera rendue publique après la proclamation des résultats par le Conseil Constitutionnel. Fait à Yaoundé, le 15 Octobre 2004 GARGA HAMAN ADJI Candidat à l'élection présidentielle du 11 Octobre 2004




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