Profanation du drapeau camerounais au Canada: Selon un patron de média camerounais résident à Toronto, il y avait aussi des francophones parmi les «sécessionnistes»

Par Wiliam TCHANGO | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Aug-2017 - 18h24   13439                      
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The Ambazonia Flag N. MELO
Dans un entretien accordé à Radio Equinoxe, Christian Romeo Youdje, patron de Youdje Media Group explique que les manifestations des camerounais d’expression anglaise sont régulières au Canada. Mais tous les anglophones du Canada sont loin d’être solidaires de cet assaut perpétré au Haut Commissariat du Cameroun à Ottawa.

Voici l’intégralité de l’échange qu’il a eu avec Eric Kouamo

Vous revenez du Canada où le drapeau camerounais a été brûlé par un groupe de personnes dites sécessionnistes, qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Il faut dire que ceci s’inscrit dans une logique des manifestations récurrentes des personnes dites sécessionnistes du côté du Canada, du moins de l’Amérique du Nord depuis pratiquement la fin de l’année dernière. Il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’ils se retrouvent du côté d’Ottawa,  la première fois, c’était lors de la célébration de la fête nationale de la Jeunesse camerounaise (le 11 février 2017) où ils ont marché mais ils n’ont pas pu atteindre ce niveau de violence . Disons qu’ils se sont bien organisés et cette fois-ci, ils ont pu remplacer le drapeau du Cameroun par celui que nous avons vu, avec une telle violence.

Sur l’identité de ces acteurs, qui sont-ils ?

D’après des recoupements que j’ai pu faire, il s’agit dans le fonds d’un groupe de personnes. On n’a pas que des anglophones parce que personnellement, j’en connais des gens d’expression française qui étaient dans ce groupe de manifestants, il ne s’agit pas non plus de personnes en quête d’asile politique. Je ne pense pas que ce soit vraiment le cas parce que le Canada qui interdit toute forme de violence puisse accepter que des personnes qui brulent un drapeau devant une représentation diplomatique puissent être admissibles au statut d’exilé politique. Donc, je pense que c’est un mélange de tout, c’est des personnes d’expression anglaise de façon dominante parce que les manifestations dont j’ai parlées tout à l’heure était organisées majoritairement par des personnes d’expression anglaise. C’était beaucoup plus au cours des mois de janvier et de février.

Les anglophones du Canada que vous rencontrez, que vous côtoyez au quotidien et que vous recevez d’ailleurs dans votre radio sont-ils solidaires de cet acte ?

Je voudrais dire que ce n’est pas totalement la solidarité de ce côté-là. J’ai rencontré pas mal d’anglophones, d’ailleurs il y en a qui travaillent avec mois au Youdjeu Media Group qui ne sont pas pour cette façon d’agir. Ils reconnaissent qu’il y a des problèmes, un peu comme des francophones mais n’adhèrent pas à la sécession,  à la méthode surtout. Selon ces personnes qui sont un peu modérées si on peut utiliser ce terme, la diplomatie, la discussion devait primer. Je vais dire que ceux qui sont par exemple allés à Otawa commettre cet acte, ce sont ceux qui ne veulent rien entendre du tout, pour eux, ils ont déjà tout un autre pays. Ce n’est de l’harmonie de ce côté-là… Il faut bien regarder les images, il ne s’agit pas de 300 personnes, il ne s’agit pas de 500 personnes, il ne s’agit pas de 1000 personnes, il s’agit d’une poignée de personnes, le Canada regorge beaucoup plus d’anglophones que ça.

Quel est le mode opératoire de ces acteurs qui ont pu hisser un drapeau sécessionniste au Haut Commissariat du Cameroun à Ottawa ?  Comment ont-ils pu échapper aux Forces de l’ordre au Canada au point de commettre un tel acte ?

Disons déjà qu’ils n’ont pas totalement échappé aux forces de l’ordre, il y a peut être eu une réaction tardive des forces de l’ordre canadiennes, je connais le quartier, c’est le quartier des ambassades à Ottawa qui est un quartier très sécurisé. Mais vous savez que la Police canadienne n’est pas totalement omniprésente comme on le pense, il va falloir que quelqu’un les appelle. Il se trouve que le bâtiment du Haut Commissariat est situé dans un quartier aussi calme, des gens viennent seulement pour des services… Je pense que le mode opératoire a été mieux organisé cette fois-ci qu’en février parce qu’en février, ils n’avaient pas pu avoir accès  dans les locaux de cette ambassade, du moins dans la cour. Et puis, après d’après les images que je voyais, ceux qui étaient là, ils venaient un peu de partout parce qu’Ottawa n’a pas un très grand nombre de camerounais comparé à Montréal, Edmonton, Toronto… Quand je voyais au mois de janvier - février, ils s’organisaient bien, ils louaient des bus et se retrouvaient à Ottawa. C’est ça le mode opératoire, une certaine communication, une organisation des transports et une certaine logistique.

La réaction des autorités camerounaises au Haut commissariat du Canada ?

Comme vous l’avez vu, comme nous avons tous pu voir, il n’a pas fallu longtemps pour que pour faire cela, je pense que tout le monde a été peut-être  pris de cours parce qu’il faut noter que le drapeau se trouve à l’extérieur et on se demande : Est-ce que c’était aux heures de travail, est-ce tout le monde était déjà au travail et je pense que face à une telle violence, dans un pays comme le Canada, il faut alerter la Police. Et je ne pense pas qu’une confrontation aurait eu lieu en ce moment là.

Pourquoi a-t-on eu de la peine à réagir promptement ?

Je pense qu’il a d’abord fallu que quelqu’un puisse alerter la Police. Comme je le disais, le Canada est un pays où les actes de violence ne sont pas répertoriés à  tout bout de champs, on n’a pas pu voir tout de suite une troupe garder cette ambassade, c’est pour dire que tout le monde a été pris de cours, on va essayer de mieux comprendre ce mode opératoire très rapide mais il faut dire que depuis des mois, ils essaient et ça, je peux vous le confirmer, ça fait longtemps, on ne savait pas que c’est le drapeau qu’ils voulaient hisser. Depuis beaucoup de mois, il y a énormément de manifestations, ces derniers mois, ça s’est également calmé, en janvier février, il y a même eu des manifestations dans une grande ville du Canada comme Toronto et c’était devant le consulat des Etats-Unis à Toronto.

Auteur:
Wiliam TCHANGO
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