Propagande: Des acteurs pas sur la fréquence

Par P. Ng’onana | La Nouvelle Expression
- 21-Jul-2007 - 08h30   51875                      
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La programmation des partis politiques dans les médias contestée par certains candidats qui estiment que les textes ne sont pas respectés.
La télévision est le média qui a enregistré le plus grand nombre de plaintes. Sans doute parce qu’il fait partie des médias chauds qui donnent à voir. C’est tout d’abord Théophile Yimgaing Moyo de l’Udc qui fait une sortie pour dénoncer le fait que “ le Mincom fait la part belle au Rdpc ”. Une réaction à l’arrêté du 6 juillet 2007, dans laquelle Ebenezer Njoh Mouelle détermine l’ordre de passage et le temps d’antenne alloué aux partis politiques dans les médias de service public. L’Udc estime que le Rdpc qui a au total 604 min 48 sec, télévision et radio compris, a largement plus de temps que plusieurs autres partis politiques. La répartition du temps d’antenne des partis politiques est également dénoncée par d’autres tels que le Mouvement progressiste (Mp). De façon plus détaillée, Jean Jacques Ekindi, coordonnateur national de ce parti, souligne dans un communiqué la “ ploutocratie en action ou le complot contre ‘les petits partis’ ”. Lors de son passage à l’émission ‘Cartes sur table’ diffusée sur Stv, il précise que son parti et une vingtaine d’autres disposent de six secondes de temps d’antenne par jour à la télévision nationale. Ce qui donne pour toute la campagne (qui dure 14 jours) 1min 24sec à la télévision. D’après Jean Jacques Ekindi, ceci constitue une violation du décret n°92/030 du 13 février 1992 fixant les modalités d’accès des partis politiques aux médias audiovisuels de service public. Dans son article 10 alinéa 3, le texte dispose que “ le temps d’antenne est réparti entre les partis proportionnellement au nombre des candidats qu’ils représentent. Aucun des partis politiques ne peut avoir un temps d’antenne inférieur à cinq (5) minutes à la télévision et à dix (10) minutes à la radio pendant toute la durée de la campagne électorale ”. L’Inspecteur général du Mincom, Albert Mbida qui était sur le même plateau de télévision ce jour, a conseillé au plaignant d’écrire au Mincom en reconnaissant que “ c’est forcément une erreur ”. “ C’est tout simplement un complot pour réduire les ‘petits partis’ au silence médiatique. Parce qu’il est pratiquement impossible de donner un programme ou même de lancer un appel au vote en si peu de temps ”, insiste le coordonnateur du Mp. Stv, à travers son émission politique ‘Cartes sur table’, a par ailleurs fait l’événement dans la campagne médiatique des partis politiques. Dans la correspondance n° 153/Mincom/Sg/Dag du 12 juillet 2007, le Mincom donne l’ordre au directeur de Stv de suspendre cette émission. “ J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir mettre immédiatement un terme à la diffusion de ladite émission (Cartes sur table ndlr) dont le principe est contraire à la réglementation en vigueur ”. Pour ce dernier, “ les émissions à caractère politique sont suspendues pendant la campagne électorale. De même que la présence des candidats dans toutes les émissions autres que celles prévues dans le cadre de la campagne et le traitement normal de l’information ”. ‘Cartes sur table’ est donc considéré comme une émission de propagande politique. Quelques représentants de partis politiques pensent que ce texte de 1992 est désuet, car, à cette époque, la Crtv seule faisait office de média audiovisuel. Le président du Manidem, a plutôt soulevé le débat sur les espaces réservés aux affiches de campagne. Jeudi 12 juillet, son équipe et lui ont arraché des affiches du Rdpc sur des panneaux publicitaires à Douala. Candidat aux législatives 2007 dans le Wouri-Centre, il affrontait ainsi Albert Dooh- Collins, le propriétaire des affiches, par ailleurs candidat dans la même circonscription électorale. Pour justifier son acte, Anicet Ekane soutient que “ la loi sur les élections au Cameroun proscrit l’affichage sur des espaces publicitaires pendant la campagne électorale, mais certains candidats du Rdpc occupent ces espaces ”. Notamment l’article 93 de la loi fixant les conditions d’éligibilité des députés à l’Assemblée nationale camerounaise en son alinéa 2 stipule que “ sont également interdites toutes publicités commerciales véhiculant un message politique, par voie de médias ou d’affiches, de nature à influencer le vote d’un ou plusieurs électeurs ”. Bien avant, le Manidem a saisi l’Onel. Ce dernier a aussitôt réagi en demandant aux candidats concernés de retirer ces affiches. “ Rien n’a été fait. Au contraire d’autres affiches se sont ajoutées. Nous avons donc compris que si nous ne faisons rien, le temps va passer et ces affiches vont toujours influencer les électeurs ”, explique-t-il. Ce même jeudi, le ministre de la Communication signe une décision qui est publiée dans Cameroon Tribune du 13 juillet. La décision porte sur ‘les conditions et les modalités d’affichage publicitaire dans le cadre de la campagne en vue des élections législatives et municipales du 22 juillet 2007’. Le texte du Mincom permet les affichages à condition que ces dernières soient réglées avec une régie publicitaire. Dans l’article 6 alinéa (1), on peut lire que : “ tout affichage publicitaire au compte des élections législatives et municipales du 22 juillet 2007 est soumis au paiement des taxes et redevances provenant de l’exercice de l’activité publicitaire, tel que prévu à l’article 20 de la loi du 29 décembre 2006 ”. La décision fait également mention des types de formats d’affichage autorisés, et précise dans l’article 10 alinéa (1) que : “ l’affichage publicitaire au compte de cette campagne ne peut s’effectuer que sur les emplacements prévus à cet effet par les autorités compétentes ”. Une décision qui, selon certains observateurs, vient contredire la loi.




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