Recrutement de 25000 jeunes: Les chiffres qui trahissent le tribalisme d'Etat

Par Alain NOAH AWANA | Le Messager
- 02-Feb-2012 - 08h30   59003                      
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De jeunes diplômés issus de l'Ouest réclament un recrutement spécial. Ils estiment que les ressortissants de cette région représentent seulement 2% sur les 25 000 jeunes diplômés recrutés dans la fonction publique.
L'exposé s'est déroulé au siège de la Fédération nationale des organisations non étatiques (Fenone) à Yaoundé en fin de semaine dernière. La rencontre, organisée par «l'Association éducation pour tous et renforcement des capacités professionnelles des diplômés» (Arifecd), visait essentiellement à présenter la démocratie camerounaise comme principale source de malaise social des jeunes. André Tazo, président national de l'Aripecd, qualifie à ce titre le chef de l'Etat Paul Biya de «péripétie politique douée de tribalisme régional, présentant la théorie libérale sur fond de concepts socialistes». Cette description, selon lui, vient principalement du fait que les jeunes diplômés camerounais sont victimes des crimes économiques pour la création d'emplois. La recherche de l'Aripecd concernant le recrutement de 25 000 jeunes diplômés dans la fonction publique camerounaise a constaté de graves «irrégularités dans la présélection des candidats». Par ordre de recrues définitives en termes de pourcentage, les régions du Centre, du Sud et de l'Est enregistrent à elles trois 70% des jeunes recrutés, si l'on s'en tient à cette étude. Ensuite, l’on a le septentrion (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) qui vient en 2e position avec 17% des recrutements. Les deux régions anglophones du pays, à savoir le Nord-Ouest et le Sud Ouest, occupent la troisième place avec .8%. Le Littoral est 4e avec 3% tandis que l'Ouest vient en dernière position avec à peine 2%. Pourcentage équitable «Raison pour laquelle nous demandons au président de la République de décréter à titre exceptionnel un recrutement spécial des jeunes diplômés dans certaines régions camerounaises qui ont enregistré moins de 3%». En clair, le président de l'Aripecd et ses camarades estiment que Paul Biya doit ordonner un autre recrutement spécial qui sera exclusivement réservé aux jeunes diplômés originaires de la région de l'Ouest. D'après l'exposé d'André Tazo, des consignes avaient été données à trois personnalités par les députés: le président du comité technique de recrutement, l'ex ministre de la Fonction publique, Emmanuel Bonde, et le chargé de recrutements, Jules Doret Ndongo, ex secrétaire général des services du Premier ministre. II leur avait été demandé d'effectuer un recrutement par pourcentage équitable dans les régions, en clarifiant les départements et les arrondissements. Apparemment, ces consignes n'ont pas été suivies. Du moins si l'on s'en tient à la déclaration de l'Aripecd. Mais, il ne s'agit pas pour cette association de dénoncer les «irrégularités» dans ces recrutements. Il est question plus que jamais pour le président de la République au pouvoir depuis 29 ans, de revoir une fois pour toute, sa gestion des affaires de l'Etat. L'Aripecd estime en effet que cela fait des «décennies que sa politique qui repose sur des nominations à des postes clés du gouvernement est marquée par un tribalisme scientifique». Cet état de chose, soutient André Tazo, entraine la dépersonnalisation et par conséquent l'insatisfaction et l’ostracisme. Ce qui a des impacts négatifs comme la désorganisation sociale consécutive au chômage chronique des jeunes.




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