Relance : Les enjeux des Ape pour le Cameroun

Par Patricia Ngo Ngouem | Mutations
- 25-Nov-2008 - 08h30   61205                      
0
L'étude sur l'impact sur les accords de partenariat économiques conclut aux opportunités pour le pays.
"Je pense sincèrement que l'Ape est positif pour le Cameroun en particulier et l'Afrique en général. Je crois qu'il faut comprendre qu'il y a une dynamique d'insertion dans l'économie mondiale qui est la manière dont tous les pays du monde, ceux de l'Amérique du Sud et de l'Asie par exemple, sont sortis de la pauvreté. La seule manière disponible pour un pays comme le Cameroun est effectivement de s'insérer le plus possible dans l'économie mondiale et l'Ape est certainement une manière importante de commencer à le faire". C'est ainsi que s'exprimait Charles Vellutini, l'auteur de cette étude vendredi 21 novembre dernier à l'hôtel Hilton de Yaoundé lors de la cérémonie de restitution de l'étude d'impact de l'Ape sur l'économie camerounaise. Ce rapport de près de 100 pages, réalisé à la requête de l'Ue avec pour but de quantifier l'impact de l'incidence fiscale de l'Ape, présente une estimation de cet impact à l'aide d'un "modèle d'équilibre général". Ce modèle simule sur 2006-2020, l'impact de l'Accord intérimaire signé en décembre 2007 entre le Cameroun et l'Ue et est défini par son auteur comme "extrêmement calibré et spécifié pour le Cameroun". A en croire M. Vellutini, ce modèle serait bénéfique au Cameroun, eu égard aux "résultats positifs" relevés dans le rapport. "L'impact de l'Ape sur l'activité économique et la pauvreté au Cameroun est légèrement positif, l'impact sur les finances publiques est significatif…mais compensable par amélioration relativement modeste de la fiscalité intérieure". "Perte fiscale" Toutes choses qui n'ont pourtant pas convaincus plusieurs membres de la société civile présents dans la salle, remettant en cause non seulement le modèle "qui semble avoir été calqué sur celui des pays développés et n'intègre [donc] pas les réalités locales", amis aussi les mesures d'accompagnement proposées (élargissement de la base fiscale, maîtrise des exonérations, lutte contre la fraude et inclusion du secteur informel). Reconnaissant toutefois un déficit budgétaire en termes de droits de douanes, soit "0,6% du Pib sur 15 ans", M. Vellutini affirme que "notre modèle montre que ces pertes sont très facilement compensables par un accroissement relativement modeste de l'assiette fiscale". En outre, "l'Ape va stimuler la croissance, l'investissement et participer aussi modestement à une certaine réduction de la pauvreté" a-t-il ajouté. "On nous dit que 100.000 personnes vont être sorties de la pauvreté d'ici 2020. En 12 ans, qu'est-ce que cela représente ? Les mesures de compensation qu'on nous propose sont tellement insignifiantes au point où on se demande comment on va vivre au sortir de ces Ape. Le modèle qu'on nous propose est le même que celui d'aujourd'hui, avec en plus un déficit budgétaire. Je ne sais donc pas pourquoi le Cameroun irait, après paraphe, signer cet accord", s'insurge Calixta Bernède, présidente d'une Ong qui s'occupe des enfants de la rue. " [Ce] rapport ne saurait engager le Cameroun dans la signature du processus des Ape avec l'Ue, [mais] les résultats seront opportunément exploités", a conclut pour sa part Samuel Biroki, représentant le Minepat.




Dans la même Rubrique