RUTH KOTTO: Confirme avec son nouvel album; " Dame de Coeur "

Par | Cameroon-Info.Net
Paris - 02-Oct-2003 - 08h30   62718                      
1
"L’expérience que j’ai acquise en travaillant avec quelques grands noms de la musique africaine tels que Manu Dibango m’a permis d’élargir mes connaissances sur le plan musical et il fallait en profiter pour faire partager à tout le monde ce que j’ai comme atouts." Rencontre avec Cameroon-info...
Cameroon-Info.Net: Dans la précédente interview que vous nous avez accordée, vous déclariez qu’il n’était pas excessif d’affirmer que : « le cd est l’aboutissement d’un rêve. » Avec ‘’Dame de Cœur’’, votre premier album solo, vous venez donc de réaliser votre rêve… Ruth Kotto: Si nous restons dans cette logique-là, je dirai que je viens de réaliser un rêve. Il faut cependant dire que ce n’est pas le premier encore moins le dernier. Avant cet album, j’ai fait beaucoup d’autres choses et j’en ferai encore si Dieu me prête longue vie. Le contraire m’étonnerait d’ailleurs. Dame de Cœur a une particularité malgré tout: c’est mon premier album solo et par contrecoup ma pièce d’identité. Cameroon-Info.Net : Pour quoi le titre Dame de Cœur à cet album ? Ruth Kotto : J’ai décidé de donner le titre de Dame de Cœur à cet album pour exprimer tous les sentiments qui m’ont animée à un moment ou autre de sa réalisation. L’album, dans son ensemble, n’est qu’une somme de messages, de joies, de craintes et d’appréhensions que j’ai voulu partager avec les mélomanes. Je me suis donc rendu compte que j’avais beaucoup de choses à donner, beaucoup de messages à partager qu’il fallait trouver un titre qui puisse être comme une sorte de résumé de tous ces sentiments que je ressens à travers les douze titres qui composent l’album. Par ailleurs, en tant que femme, je ne pouvais plus rester longtemps insensible aux problèmes que les femmes rencontrent dans leur quotidien. J’ai donc ainsi saisi l’opportunité ici pour exprimer ma solidarité à toutes ces femmes battues dans leurs foyers, à toutes ces femmes seules qui subissent les pires atrocités. Je leur offre mon cœur. C’est la seule chose que je pouvais faire pour le moment. Cameroon-Info.Net : Les artistes ont pour habitude de dire que les thèmes évoqués dans leurs compositions ne les concernent pas. Dans votre album, vous évoquez plus les problèmes de foyer. C’est votre vécu ? Ruth Kotto : Non. Je vis dans une société donnée et je suis tributaire de mon milieu de vie. Par ailleurs je suis artiste et être artiste c’est aussi savoir plancher sur les problèmes de sa société. Dans cet album, je me présente donc tout simplement comme un chantre de la réalité sociétale. Quand j’évoque les problèmes des femmes dans les foyers, ce n’est pas forcément mes problèmes que j’évoque. Il est un peu risqué d’imaginer que les thèmes abordés dans les œuvres musicales concernent directement l’artiste. A cette allure, on fera de tous les romans des autobiographies. Au-delà du plaisir qu’on éprouve à écouter la musique, elle n’est parfois que l’expression de la conscience sociale. C’est dans ce registre que je m’inscris. Cameroon-Info.Net : Dans le titre 5, Ala (Va-t-en), vous demandez à un homme de s’en aller. Est-il facile de le dire à un homme qu’on aime ? Ruth Kotto : Quand on a mare, il devient parfois nécessaire de le dire. Il est vrai que l’espoir d’une femme c’est de voir son conjoint changer. Si ce changement ne s’opère pas, au lieu d’entrer dans un cycle infernal de problèmes, il faut prendre le courage de dire « va-t-en. » Par contre, on peut aussi le faire par amour pour éviter de tout détruire. Cameroon-Info.Net : Avec Ayé, le titre 11, on vous sent assez nostalgique. Vous demander de l’aide. Qu’est-ce qui se passe ? Vous êtes aussi mal ? Etes-vous vraiment seule au monde ? Ruth Kotto : C’est plutôt une question de sentiment ici. J’évoque tout simplement un drame familial dans cette chanson. Chaque fois que je l’écoute, j’ai les larmes aux yeux et à chaque fois je pense à ma mère, à mes défunts : mon père et surtout mon grand-frère. Je cherche tout ce beau monde quand je suis face à un problème. Cameroon-Info.Net : Vous avez consacré un titre de votre album à l’Afrique. Vous sentez–vous concernée par les problèmes du continent noir ? Ruth Kotto : Je pense que la recherche des solutions pour une Afrique meilleure, une Afrique où il fait bon vivre, une Afrique qui appartient à tous les Africains, est une affaire qui nous concerne tous. Chacun à son à son niveau. Aussi modeste soit-il. C’est un combat que les Africains doivent mener tous, unis comme un seul homme. Nous devons tous y aller, hommes, femmes et enfants. Si en Europe, on s’emploie à parler d’une seule voix pourquoi les Africains devraient-ils continuer à s’entretuer ? Quelle est cette hypocrisie que nous soyons là, chaque jour, à nous appeler tous frères et que, paradoxalement, nous soyons incapables d’accorder nos violons sur toutes les questions qui concernent notre développement ? Finalement l’Afrique de la solidarité et de l’hospitalité d’hier a laissé sa place à une Afrique de divisions et d’intérêts privés. Cette Afrique-là, je ne la reconnais plus. Je la rejette. L’Afrique n’est pas l’apanage des conflits armés, des calamités, des maladies, de la souffrance. Elle vaut plus que cela. Elle mérite plus d’attention et de respect. Elle est culturellement riche. Sur ce point, elle n’a aucune leçon à recevoir de qui que ce soit. Cessons de faire le lit des ennemis d’Afrique. Dieu seul sait combien ils sont nombreux. Dans le titre Africa, je lance un appel à tous, à tous ceux qui aiment l’Afrique, ceux qui sont conscients de ses atouts, de ses potentialités pour qu’ensemble nous barrions la route aux profiteurs. Cameroon-Info.Net : Pour quoi avoir choisi de faire un album aussi varié ? On y retrouve presque un peu de tout : du Makossa, de la Rumba, de la Salsa, de l’Afro zouk, etc. Pour une diva du Makossa que vous êtes, le choix était-il facile ? Ruth Kotto : L’album Dame de Cœur est un album pluriel et sa diversité tient de ma volonté à toucher un public beaucoup plus large. L’expérience que j’ai acquise en travaillant avec quelques grands noms de la musique africaine tels que Manu Dibango m’a permis d’élargir mes connaissances sur le plan musical et il fallait en profiter pour faire partager à tout le monde ce que j’ai comme atouts. Dire que c’était aussi facile pour moi serait un peu prétentieux car j’ai bénéficié du concours des grand-frères comme Bobby Nguimè, Conty Billong, Ntumba Minka, Guy Nsanguè, Eloi Duval et j’en passe. Cameroon-Info.Net : Parlez-nous de la chanson ‘’Ndolo’’ qui est aussi le titre de l’album. L’un des titres où on sent toute la classe de Bobby Nguimè. Ruth Kotto : Pour certains c’est peut-être un peu ringard de parler encore amour mais beaucoup, les hommes en ont plus besoins aujourd’hui qu’hier. Il se passe que tout le monde parle amour mais beaucoup ne savent ce qu’il en est réellement. C’est du moins cette question que je soulève dans cette chanson. Pour moi, c’est l’un des titres phares de l’album. C’est mon caviar. Ceci pour plusieurs raisons. La première étant, bien entendu, le message qui est, ici, livré. Je demande aux uns et autres de ne plus s’amuser avec ce sentiment premier qu’est l’amour. Parce que, voyez-vous, l’amour est tout et tout est en l’amour. Là où il y a de l’amour, il y a de la paix, de l’épanouissement, de la joie, du bonheur. Et comme vous le dites, Bobby a mis tout son génie ici pour faire passer des nuits chaudes aux mélomanes. Avec ‘’Ndolo’’, ça décolle vraiment. Cameroon-Info.Net : Avez-vous réellement l’impression que les hommes s’amusent avec l’amour ? Ruth Kotto : Cela dépend de l’idée que chacun de nous se fait de l’amour mais en règle générale, nous nous amusons plus avec ce sentiment. Cameroon-Info.Net : C’est dans le deuxième titre de votre album, ‘’C’est Mauvais’’ que l’on retrouve la véritable dimension de Ruth KOTTO. Changement de ton, prise de risque, bref vous vous lâchez et d’après les mélomanes, c’est le titre le plus dansant. Ruth Kotto : J’ai co-écrit cette chanson avec Bobby Nguimè. Je parle là de l’extrême tension qui règne dans un foyer et quand ça gronde fort dans la maison, le rythme aussi gagne en intensité (rires.) Je ne dirai pas comme les mélomanes que c’est le titre le plus dansant mais plutôt l’un des titres les plus dansants. Car il y en a plusieurs de cet acabit dans cet album. Il a été fait pour plaire, pour faire danser et tous les titres se valent. Pour la réalisation de ce disque, nous avons réussi à réunir les meilleurs musiciens du moment et ceux-ci y ont mis tout leur savoir-faire au service des mélomanes. J’en profite d’ailleurs pour leur dire merci. Cameroon-Info.Net : Avec Samba Na Lombi, vous vous positionnez comme un avocat défenseur des femmes. Pour vous, il n’y a donc pas de concessions à faire avec un homme volage ? S’il part, il se fait remplacer de suite ? Ruth Kotto : Mettons les choses au clair. Je ne suis pas une avocate. C’est une lourde de responsabilité que vous me donnez là. J’ai tout simplement un souci de justice entre les hommes et les femmes. Je pars d’un constat : les femmes mariées sont parfois très courtisées mais elles savent se retenir. Par contre les hommes mariés le sont aussi. Malheureusement, contrairement à leurs femmes, ils se laissent facilement aller dans le jeu et ils l’aiment bien. Il faut dire que les femmes n’ont pas que un cœur de mère, elles peuvent aussi avoir le cœur au jeu. Ce sont aussi des hommes faits de corps et d’esprit, d’envies et de faiblesses. Si l’on veut les avoir tranquilles qu’on sache les respecter. Sinon la pire des choses se produit. Cameroon-Info.Net : On note que sur les 12 titres que compte votre album, trois seulement sont vos propres compositions. Les autres se partagent entre Guy Lobè, Kotto Bass, Bobby Nguimè et toi. Comment intègre-t-on une chanson qu’on n’a pas composée, Comment la vit-on ? Ruth Kotto : C’est cela même qui vous confère votre être d’artiste. Etre artiste et ne pas pouvoir interpréter les compositions des autres est une faiblesse grave qui peut sérieusement nuire. Pour mieux appréhender les choses, il faut commencer par considérer les compositions que l’on reçoit des autres comme ses propres compositions. Il faut tout de suite se mettre dans leur esprit. Cameroon-Info.Net : Comment le public a-t-il accueilli votre album ? Ruth Kotto : Je pense que le public a favorablement accueilli cet album. Je reçois régulièrement beaucoup de messages d’encouragement. Très peu de critiques. Dans l’ensemble, le disque commence à bien se comporter dans les hits parade et les ventes. Cameroon-Info.Net : Vous êtes assez discrète. Quel est votre plan de promotion ? Ruth Kotto : C’est une équipe dynamique qui s’en occupe. Ce sont des hommes fort expérimentés qui savent où ils vont. Pour vous donner une idée, ils ont réussi, à ce jour, à positionner le disque dans la majorité des médias panafricains en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne et en Angleterre. Sans oublier le Cameroun où Dame de Cœur est bien assis. Quant au reste, ils ne manqueront pas de livrer le programme des spectacles à venir à la presse au fur et à mesure. Cameroon-Info.Net : Plusieurs fans ont essayé de vous joindre à travers CIN sans succès. Rassurez-nous qu’ils auront des réponses à travers votre e-mail. Ruth Kotto : Je commence à recevoir les messages qui me viennent de partout. J’en suis d’ailleurs très ravie. Je peux vous assurer que je ne tarderai pas à donner une suite à tous ces messages bientôt. Cameroon-Info.Net : Qu’est-ce qui a changé en vous depuis la sortie de l’album ? Ruth Kotto : Je ne vois pas pourquoi je changerai quelque chose dans ma vie en mettant un album sur le marché. Peut-être c’est le regard des autres qui a changé vis-à-vis de moi. Je me suis rendu compte qu’on me regarde différemment depuis la sortie de ce disque. Je reçois beaucoup de compliments. C’est tout. Cameroon-Info.Net : Est-ce vrai que Ruth Kotto est très timide ? Ruth Kotto : Cela se voit ? Je ne pense pas vraiment que je suis timide. Si vous m’approchez, vous découvrirez un autre personnage. Je pense plutôt que je suis trop réservée. Cameroon-Info.Net : Quels sont vos projets ? Ruth Kotto : J’envisage d’ici quelques temps créer ma ligne de vêtements. Il faut signaler qu’avant la chanson, j’ai fait des études de styliste au Cameroun. Si la chanson a pris une place importante dans ma vie aujourd’hui, la mode quant à elle m’attire toujours. Cameroon-Info.Net : Quelles sont vos qualités ? Ruth Kotto : Je suis très sympa, gentille et serviable. Cameroon-Info.Net : Et vos défauts ? Ruth Kotto : Je parle beaucoup et je suis un peu nerveuse. Cameroon-Info.Net : Qu’attendez-vous de la vie ? Ruth Kotto : Qu’est-ce que les hommes attendent généralement de la vie si ce n’est pas une vie meilleure faite de bonheur, de paix et beaucoup de gaieté autour de soi ? Cameroon-Info.Net : Quels sont les traits qui vous caractérisent ? Ruth Kotto : Je suis un ensemble détonnant de rigueur et de chaleur. Cameroon-Info.Net : Que représente Dieu pour vous ? Ruth Kotto : C’est le Tout-puissant, le maître de l’Univers et c’est mon refuge. Cameroon-Info.Net : Votre mot de fin ? Ruth Kotto : Je demande à tous ceux qui me suivent depuis longtemps de continuer à croire en moi. Je ferrai un effort de ne pas les décevoir. Quant à vous, je dis merci pour l’intérêt que vous porter à mon endroit et à la culture africaine. Note : Ruth Kotto assistée de son Manager Simon Moussi lors de la réalisation de cette Interview. Email : [email protected]




Dans la même Rubrique