Sosucam – Alerte à Mbandjock et Nkoteng: Une Ong dénonce l'«esclavagisme» dans les champs de cannes à sucre

Par Source APA | Aurore Plus
Douala - 18-Jan-2013 - 08h30   52152                      
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Les conditions de vie et de travail dans les champs de la Société sucrière du Cameroun sont inhumaines, selon le constat d’un rapport de l’Association pour le développement intégré et la solidarité internationale.
La Société sucrière du Cameroun (Sosucam) est reconnue pour ses remous intempestifs et répétitifs. Cette entreprise, qui est le 3è plus gros employeur du pays après l'Etat et la Cameroon Development Corporation (Cdc), «est aussi connue pour la traite des personnes qui y travaillent». Traitements qui se situent «entre drame humain et esclavagisme des temps modernes au nez et à la barbe de l’Etat», indique l’Association pour le développement intégré et la solidarité internationale (Adisi). Ces ouvriers, indique l'Adisi, sont pour la plupart des descendants de Kirdis, déformation du mot «Kurdes», c'est-à-dire non-musulmans venus du la partie septentrionale du Cameroun, et qui sont assimilés à la lignée des esclaves, mécréants par opposition à musulmans. Ainsi, engagés sur 20 000 hectares de terre à Mbandjock et Nkoteng (dans la région du Centre), plus de 7 000 temporaires sont ainsi exposés à la pluie et au soleil, sans protection aucune, avec au bout de 4 semaines de travail, un revenu mensuel de 42 000 Fcfa durant 6 mois. Ne bénéficiant pas d'allocations familiales, relate l'Ong ADISI, la discrimination est la punition psychologique quotidienne de ces personnes qui doivent couper 12 lignes de 200 mètres de cannes à sucre de lundi à samedi, pour 8 heures de travail par jour avec, dans l'estomac, un bout de pain d'une valeur marchande de 50 Fcfa, sans garniture. Retenus à l'issue d'un contrôle de routine «qui s'arroge le droit de congédier ceux qui souffriraient d'un quelconque mal, même contracté lors de la dernière saison», ils passent parfois plusieurs jours dans le noir, privés d'énergie électrique dont bénéficient pourtant les cadres de la Sosucam logés dans des cités des cadres construites juste à côté. Les experts dans les questions médicales soutiennent que ces temporaires sont sous menace permanente de la stérilité due à la manipulation de produits phytosanitaires dangereux, la tombée des cendres due au brûlis, et sont aussi exposés aux maladies respiratoires et ophtalmologiques, chez les plus jeunes. Dans les deux hôpitaux que compte la ville de Nkoteng, insiste l'Adisi, maux de poitrine, de ventre et de dos sont les principales maladies pour lesquels les agents en service dans les champs de cannes vont en consultation. Difficile pour eux de réclamer de meilleures conditions. «Les employés accusent leur hiérarchie de dictature, peu attentive à leurs doléances, matant les meneurs à la moindre revendication collective.» Implantée au Cameroun depuis 1964, et spécialisée dans le domaine de l'agroalimentaire, la Sosucam est la filiale du groupe français Société d'organisation de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa). Avec un capital détenu à 15% par l'Etat du Cameroun et à 10% par des prives locaux, elle a en 1998 racheté son concurrent et voisin, la Cameroon Sugar Compagny (Camsuco).




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