Tribunal militaire: Enoh Meyomesse plaide non coupable

Par Nadège Christelle BOWA | Le Messager
- 19-Nov-2012 - 08h30   50183                      
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C’était vendredi 16 novembre dernier, à la 3e audience relative au procès qui l’oppose à l’Etat du Cameroun. Avec ses « acolytes », l’homme politique est accusé de complicité de vol aggravé, vente illégale d’or.

Enoh Meyomesse en prison - Mars 2012
Photo: © P.N.
Voisine de banc du reporter à la salle d’audience du tribunal militaire de Yaoundé qui accueille le procès relatif à l’affaire Etat du Cameroun contre Enoh Meyomesse Dieudonné et compagnie, cette dame n’a pu retenir cette exclamation : « Même les vieux-ci ont volé ? ». Étonnement manifesté à la lecture des chefs d’accusation par le greffier. Il est à peu près 13h, lorsqu’Enoh Meyomesse Dieudonné et ses complices sont appelés à la barre. Excepté Manda Bernard, qui assure pouvoir se défendre seul et que l’on peut ouvrir les débats, les autres accusés ont leurs conseils présents dans la salle. Du côté de l’accusation, on note la présence d’un seul témoin notamment, le capitaine Dogmo Temgoua Jean Etienne, supérieur hiérarchique de Song Kanga. Situation que le commissaire du gouvernement dans cette affaire explique que les Coréens qu’il présente comme étant les victimes, « sont rentrées en possession d’une somme d’argent qui est en fait le produit de l’or vendu. Par conséquent ne pourrait plus être intéressées par ce procès ». Il pense que le débat peut commencer et suggère l’utilisation de leur audition lors des enquêtes préliminaires. Poursuivi pour coaction de vol aggravé, Manda Bernard (premier interpellé à Bétaré-Oya, son exploitation a conduit à l’arrestation des autres), plaide coupable. Il est d’ailleurs le seul en dehors Song Kanga qui reconnaît les faits de violation de consignes (sortie irrégulière de la garnison…) tout en rejetant le vol aggravé et la vente irrégulière d’or. Ndi Benoît et Enoh Meyomesse plaident non coupables. Dans le rappel des faits tels que consignés dans les Procès verbaux, le commissaire du gouvernement indique que ces quatre personnes ont monté une opération dans laquelle chacune avait un rôle. Manda et Song ont été assignés à la pratique et réalisation. Tandis qu’Enoh et Ndi, ont été à la conception et financement. Afin de peaufiner leur opération, des réunions de planification auraient eu lieu à Yaoundé. Pour le commissaire du gouvernement, au-delà du financement, Enoh aura recherché les armes et suivi toute l’opération. A la fin de laquelle, il a perçu une partie du butin qu’il est allé vendre à Singapour. A ce stade, il présente des pièces à conviction sous scellés à la cour : une kalachnikov (récupérée à proximité du véhicule abandonné par les braqueurs), une tenue, un béret rouge, une manette…. Débats Par la voix de Me Beling, la défense observe que deux infractions qui figuraient dans l’enquête administrative à savoir : Insurrection et déstabilisation des institutions de l’Etat ont été omises ici. Dans sa version des faits, Song Kanga raconte dans quelles conditions il a été interpellé. Comment son domicile a été perquisitionné sans mandat alors qu’il était tenu en respect au salon. Comment ces gendarmes sont revenus prétendant qu’ils avaient trouvé une arme dans sa chambre et délesté de la somme de 2.241.000 Fcfa. Il précise que la tenue admise comme pièce à conviction était dans sa voiture. S’il reconnaît que la manette lui appartient, il n’accepte pas être le propriétaire de l’arme. De même qu’il ne porte plus de béret dans le cadre de son service, et quand bien même c’était le cas, son béret était vert, pas rouge. Le capitaine Temgoua, témoin de l’accusation édifiera sur les compétences avérées de Song qu’il a sous ses ordres à ce jour depuis 3 ans ainsi que son professionnalisme et ses qualités humaines. « Jusqu’à cet incident, s’il m’avait été donné de faire un rapport sur lui, j’aurais écris positivement… mais il est sorti sans permission». Dans sa déclaration, Manda Bernard explique que c’est à la demande d’Enoh, qu’il va à la rencontre de Song. Le déroulement du braquage, etc. De Song, on apprend que lors des premières dépositions à Bertoua, Manda au début ne fait pas allusion à lui mais à un certain Angoula. Son nom ne sera prononcé par Manda qu’au 5ème jour. D’après Ndi, Manda était allé à l’Est pour se faire soigner d’une hernie. Avec Enoh ils ont pu trouver un peu d’argent pour le soutenir la bas. Ce qui explique les transferts de 4500 et 6500Fcfa. Et un 3e de 9500Fcfa quand un certain Mebenga leur apprend que Manda est détenu à la Légion de gendarmerie de Bertoua. Version confirmée par Enoh qui va en outre s’appesantir sur les conditions de détention. Il relate son arrestation à Nsimalen, ses interrogatoires, l’aveu qu’on veut qu’il fasse à propos du stock d’armes et la tentative de coup d’Etat, sa vie durant 30 jours dans cette cellule à Bertoua. Il va pleurer en évoquant ce séjour durant lequel il n’a pu prendre qu’une douche, etc. Après les avoir entendus, le juge s’adresse au commissaire du gouvernement pour les réquisitoires. Pour ce dernier, cela n’est pas possible. Aussi demande-t-il deux semaines. Me Mbuny va souhaiter que ce soit dans trois semaines, il sera absent. Ce qui fait naître une tension entre les avocats, le commissaire du gouvernement. Le juge tranche et décide de renvoyer à la date normale de tenue des procès. La date du 30 novembre est retenue.




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