Université de Douala: Des étudiants descendent dans la rue

Par Vanessa NANA | Le Messager
Douala - 18-Feb-2004 - 08h30   67327                      
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Les étudiants de 2e et 3e années de la faculté de Sciences juridiques et politiques de l’université de Douala contestent la mauvaise programmation des galops d’essai et le déroulement des travaux dirigés.
Université de Douala, dimanche 15 février 2004. Il est onze heures. Au carrefour Ange Raphaël, impossible de circuler. Près d’un millier d’étudiants ont pris d’assaut la chaussée. La route est barricadée par une dizaine de tables qui servent d’étals aux petits commerçants du coin, les jours ouvrables. Les étudiants de la Faculté de sciences juridiques et politiques de l’Université de Douala sont en grève. Ils contestent la programmation des galops d’essai et le déroulement des travaux dirigés. Non loin de là, une voiture de police immatriculée SN 3303 est garée. A son bord quelques agents. Les manifestants décrient aussi les manquements de leurs enseignants. “Non aux TD, non aux galops d’essai …” peut-on lire sur quelques pancartes. C’est dans ce climat à couper au couteau qu’arrive le Doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques, le Pr. Mouelle Kombi. Sa chemise de Jean’s carrelée est trempée de sueur et son téléphone portable n’arrête pas de sonner. Il monte sur une de ces tables qui servent d’estrade, aux côtés des porte-parole des étudiants. Ceux-ci soumettent leurs doléances. Après avoir trouvé un consensus, avec les grévistes, M. Mouelle se retrouve aux côtés du sous-préfet de Douala 5ème pour une réunion de crise en attendant l’arrivée du recteur Bekolo Ebe qui se trouvait à Yaoundé. Mais qui avait déjà pris la route. Pendant ce temps, les tables sont retirées de la chaussée et les étudiants se dispersent. Sabotage Depuis quelques temps, la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Douala était au devant de la scène. Dès l’arrivée du Doyen Mouelle Kombi à la tête de cette faculté, un réseau de faux documents et de notes trafiquées a été démantelé. Cette mise à nu d’un réseau mafieux n’aurait sans doute pas plu à certaines personnes. Toutefois, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres dimanche 15 février c’est la mauvaise programmation des galops d’essai. Ce jour de grève, les enseignants Noah et Ngatsi ont programmé les galops d’essai de leurs UV (Unité de valeurs) sans l’aval de leur hiérarchie (le doyen et le vice-doyen), respectivement en 3e et 2e années. Une fois sur les lieux, le report de ces examens a mis en colère les étudiants qui en avaient déjà marre. “J’habite loin de l’université. Chaque déplacement me coûte 1000 f cfa. C’est énervant de savoir que cette somme est dépensée inutilement, un jour comme celui-ci”, lance un étudiant de 3e année. “Je trouve que c’est un sabotage”, estime le Doyen qui explique qu’à son retour d’une mission de recherche à l’Université de Lyon III en France le 9 février 2004, il a trouvé sur sa table une lettre déposée par le délégué des étudiants de deuxième année de son institution qui se plaignaient de n’avoir pas tous effectué les travaux dirigés en droit des obligations, droit administratif général, droit international public et droit pénal général. A son niveau, il a résolu le problème en redéployant une équipe pour dispenser ces cours. Quelle ne fut pas sa surprise d’être tiré de son lit dimanche par un coup de fil lui annonçant que ses étudiants étaient descendus dans la rue. “Deux enseignants, pour je ne sais quelle raison ont fait les choses de leur propre gré. Les étudiants ne devaient pas se retrouver au campus ce matin”, indique le Pr. Mouelle Kombi. Néanmoins il reconnaît que ce problème est lié à celui des infrastructures décrié depuis des années dans les universités. “Les problèmes posés par les étudiants ne sont pas propres à la Faculté des sciences juridiques et politiques mais à toute l’Université de Douala. Nous manquons des infrastructures”, souligne le Pr. Mouelle avant de s’indigner. “Les étudiants ont peur et ne veulent pas poser leurs problèmes. C’est dans ce mouvement que j’ai appris que certains enseignants tiennent des propos malveillant à l’endroit des étudiants. Des propos pouvant les inciter à descendre dans la rue. Tout simplement pour nuire aux responsables de la faculté”, lance un responsable. Dans ce mouvement de grève, certains étudiants ont accusé leur enseignants d’incompétence. A ce sujet, une anecdote raconte qu’un enseignant aurait déclaré lors d’un TD que moins de 10% des étudiants pourront valider son unité de valeur. Certains moniteurs ne dispensent pas leurs cours et arrivent à la fin de l’heure pour émarger dans le cahier de texte. En attendant, les galops d’essai des matières dont les travaux dirigés n’ont pas eu lieu, sont renvoyés 10 jours après le début des examens du 1er semestre qui est prévu pour le 22 février 2004. Au sortir d’une réunion ce même jour, certaines mesures ont été prises. Les enseignants concernés pourraient être suspendus et les moniteurs qui ne sont pas compétents rayés de la liste.




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