Yaoundé: Cacophonie aux états généraux de la communication - La part belle réservée à la presse au détriment des autres métiers de la Com

Par | Le Messager
- 06-Dec-2012 - 08h30   52532                      
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Les membres du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) ont fait entendre leur voix hier, mercredi 5 décembre 2012 au palais des Congrès, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des états généraux de la communication. En présence de nombreux membres du gouvernement et des représentants du corps diplomatique.
Etats généraux de la communication: Le Snjc boycott activement la cérémonie d’ouverture Les membres du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) ont fait entendre leur voix hier, mercredi 5 décembre 2012 au palais des Congrès, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des états généraux de la communication. En présence de nombreux membres du gouvernement et des représentants du corps diplomatique. Il fallait s’y attendre. Car le président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), Félix Cyriaque Ebolé Bola annonçait depuis quelques jours, un boycott actif des états généraux de la communication. Et hier, ils sont venus par dizaines, manifester leur mécontentement. Palais des Congrès ce mercredi 5 décembre 2012. Il est un peu plus de 9 heures. La salle de 1500 places est déjà bondée de monde. Les uns échangent avec des amis, alors que d’autres s’ennuient. Parmi les personnes présentes, l’on peut apercevoir Jean Tabi Manga l’ancien recteur de l’Université de Yaoundé II à Soa, l’abbé Jean Marie Bodo, le promoteur de Radio Reine, Jean-Pierre Efouba Onana journaliste à la retraite, Nana Payong, acteur de la société civile…Tous attendent désespérément le début des cérémonies d’ouverture des états généraux de la communication annoncés pour 9 heures. Mais rien ne présage de son imminence. Même le box devant abriter les personnes mandatées pour procéder aux enregistrements est encore désespérément vide. Les hôtesses placées le long d’un tapis rouge orné de fleurs s’impatientent et se tordent déjà de fatigue. « C’est incroyable. C’est un échec lamentable sur toute la ligne. Il est inadmissible qu’un évènement qui s’organise depuis trois mois ne puisse pas commencer à l’heure. Même les fonctionnaires chargés d’enregistrer les participants ne sont pas encore visibles », regrette un journaliste. « Ils n’ont même pas fabriqué les sacs pour les participants », lance un autre. Dans la salle, l’on peut noter la présence de quelques personnalités, essentiellement venues des représentations diplomatiques. Et à l’extérieur, des griots se livrent à des animations de toutes sortes. Dans un coin du mur, six éléments du groupement spécial d’opération (Gso) reconnaissables par leurs tenue et matériels de veillent au grain. Leurs camarades de la brigade routière orientent les automobilistes. Le temps passe. Et la tension monte. Il est bientôt 11 heures. Progressivement, les participants qui se trouvaient dans la salle des pas perdus regagnent le lieu de la cérémonie. C’est alors que l’on identifie les membres du syndicat national des journalistes du Cameroun. Ils sont en majorité vêtus de T-shirts et traînent des banderoles sur lesquelles l’on peut lire : « où est passé la maison de la communication », « Non aux états généraux du ministère de la communication », « que sont devenues les résolutions des états généraux de 1994 ? », « Non au musèlement", "non à l'aide à la presse", "oui à la subvention de la presse", etc. Entre temps, des jeunes syndicalistes s’activent à distribuer une publication spéciale du Snjc, avec pour titre : « Etats généraux de la communication : Séance de maraboutage au palais des Congrès». De temps à autre, des policiers en civil tentent d’obtenir des manifestants la suspension du mot d’ordre de boycott. Malheureusement sans succès. Aussitôt, un mouvement de foule est déclenché manifestants. Et les grévistes se déportent à l’extérieur, toujours munis de leurs banderoles. La cérémonie d’ouverture vient de s’achever, et les invités de marque conviés à la photo de famille à l’extérieur. Déterminés, les manifestants se tiennent face à la dizaine de membres du gouvernement et des personnalités venus assister à la cérémonie. Mais le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary et le vice-Premier ministre, ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les assemblées, Amadou Ali sont toujours attendus. Au bout de quelques minutes d’attente, ils finissent par rejoindre les autres pour la photo de famille. Mais tous regardent et lisent avec attention les messages portés sur les différentes banderoles. Même les preneurs de sons et d’images focalisent leurs appareils sur les grévistes, oubliant les membres du gouvernement postés sur les marches des escaliers. Famé Ndongo au secours Face à cette indifférence des photographes et autres cameramen, des policiers tentent de s’emparer des banderoles et de disperser les manifestants, sans y parvenir vraiment. C’est alors que le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Famé Ndongo vient à la rescousse. Il exhorte les forces de maintien de l’ordre à ne poser aucun acte de violence, tout en invitant les journalistes à mettre un terme à mouvement d’humeur, leur message ayant été entendu. Mais rien n’y change. C’est dans cette ambiance que les officiels quittent le palais des Congrès de Yaoundé, où se poursuivent jusqu’à vendredi prochain, les états généraux « du ministère de la communication» selon le Snjc. Joseph Flavien KANKEU Roublardise: Etats généraux de la presse ou de la Communication ? Les interventions perçues au cours des leçons inaugurales, à la cérémonie d’ouverture démontrent qu’il s’est agi d’une grande remise en question de l’état actuel de la presse au Cameroun. Pour l’occasion, des personnalités de la République, des professionnels de divers corps de métiers de la communication, des membres du corps diplomatique ont répondu présents au rendez-vous du palais des Congrès. A l’honneur, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur et président du comité scientifique des Egc 2012, Monseigneur Befe Ateba, président du Conseil national de la communication, Pr Francis Weté, directeur général adjoint de la Crtv, Hervé Bourges, fondateur et ancien directeur de l’Ecole supérieure internationale de journalisme de Yaoundé (Esijy) et consultant pour les Egc et enfin, pour couronner le tout, Amadou Ali, vice-Premier-ministre, ministre délégué de la présidence chargé des Relations avec les assemblées. Le Mincom s’est appesanti tour à tour sur les constats effectués au cours de ces 18 dernières années dans le secteur de la communication au Cameroun, les dérives observées et les défis que se donnent ces Egc. De manière générale, il a relevé que les entreprises de presse sont implantées au Cameroun au mépris de la réglementation en vigueur, qu’elles sont ouvertes aux manipulations de toutes sortes et multiplient des actes de diffamation, en plus d’être spécialisées dans la rumeur. Seulement, le Mincom a oublié de rappeler, en parlant de l’assainissement qui doit impérativement se faire dans le secteur médiatique camerounais, qui sont les véritables responsables de cette dérive. « Il a au contraire poursuivi sa moquerie à notre endroit en intégrant une fois de plus Jacques Fame Ndongo, qui, tout le monde le sait, est le père des Hiltoniens au Cameroun. C’est pour aboutir à quels résultats », se plaint un journaliste, dans les rangs du Snjc, venu protester contre cette « séance de maraboutage au palais des congrès ». Par ailleurs, en plus de passer à côté des réels problèmes qui minent le secteur de la presse, Issa Tchiroma n’a pas un seul instant pensé au secteur de la publicité et de la communication d’entreprises, la documentation, l’édition qui rentrent dans la grande famille de la communication au Cameroun. Il y a donc lieu de penser que, c’est le secteur de la presse qui pousse à l’organisation de ces Egc. Florette MANEDONG Félix Cyriaque Ebolé Bola: «Nous allons attaquer le Cameroun devant la cour internationale des droits de l’homme si rien n’est fait» Le président du syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) était parmi les manifestants du palais de Congrès le 5 décembre 2012. Il livre ici les raisons de ce mouvement d’humeur. Qu’est ce qui vous pousse à boycotter ces états généraux de la communication ? En réalité nous avons lancé le mot d’ordre d’un boycott actif. Appelant nos syndicalistes à être vigilants à tout ce qui se passe avant, pendant et après ces états généraux, car nous avons la ferme conviction que le ministère de la Communication a un agenda caché. Nous maintenons notre mot d’ordre de boycott jusqu'à la fin et même après ces états généraux nous allons continuer à suivre ce qui se passe autour de la presse. Car nous refusons aux autres de nous voler notre liberté que nous avons acquise depuis 1990. Ainsi, nous allons nous battre pour défendre cette liberté-là qui est chère et sacrée. Vous dites que le ministère de la Communication a un agenda caché sur quelle base faites-vous cette affirmation ? Cette information est sûre car le ministre de la Communication est venu avec un message guerrier. Il appelle des personnes autour d’une table de négociation alors qu’il a déjà des préjugés. « On n’appelle pas des chiens avec les bâtons ». Si le ministre veut que l’on discute pour assainir et rendre notre presse plus forte, en rapport avec l’émergence qu’il proclame, il faut que l’on s’asseye de manières sereine et sincère. Au sein du comité d’organisation même il manque de sérieux. Prenons par exemple le comité scientifique qui siège pour la première fois la veille de la cérémonie d’ouverture. Or, ailleurs quand une initiative de ce genre est prise, les acteurs se mobilisent beaucoup de temps à l’ avance. Ici c’est de la blague. En plus ils ont posté des personnes pour noyauter des commissions. Ils ont leurs textes qu’ils vont essayer de faire passer en force. Quelles sont réellement vos revendications? Le syndicat réclame d’abord la fin de la mauvaise presse qui est financée par certains membres du gouvernement qui sont les premiers à condamner cette mauvaise presse. Nous disons, il faut assainir et assainir par nous-mêmes, nous ne reconnaissons pas au gouvernement le devoir d’auto-régulation. C’est les journalistes eux-mêmes qui doivent se réguler. Deuxième chose ce que le gouvernement appelle aide a la presse privée c’est une mafia, une injure à l’endroit des médias. Nous demandons la création d’un fonds de soutien à la presse avec un mécanisme de captation de fonds connu pour cela. Nous avons des propositions concrètes à ce sujet. Si à la fin de ces états généraux vos doléances ne sont pas prises en compte qu’allez-vous faire ? Nous allons faire valoir nos méthodes syndicales, des méthodes pacifiques et responsables de dénonciation. Nous allons attaquer le gouvernement du Cameroun devant la cour internationale des droits de l’Homme si rien n’est fait. Nous irons plus loin que cela car nous comptons faire entendre le message de liberté de la presse qui est un droit de l’homme partout où besoin se fait ressentir. Entretien avec Christelle Ngaleu (Stagiaire)




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