Cette ville-carrefour et frontalière, jadis fortement enclavée, arbore désormais un visage attrayant avec ses artères bitumées et ses infrastructures modernes...
"La ville d’Ambam d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier, c’est le jour et la nuit. La nuit est déjà passée, maintenant le soleil s’est levé sur la ville. Nous avons la lumière dans tous les sens du terme, au propre comme au figuré. " Le premier adjoint au maire, André Tina Akono, est dans les nuages lorsqu’il parle de sa ville aux visiteurs. Après un tour dans cette cité carrefour, on constate que le commentaire du magistrat municipal n’est pas exagéré. Ambam n’est plus ce qu’elle était il y a seulement trois ans. La ville a un nouveau visage : les principales artères sont bitumées, la propreté est impeccable. Les agents communaux veillent au grain. Les taximen, maîtres des pistes bitumées, assurent le transport urbain à vil prix (100 francs). Des nouvelles infrastructures sortent de terre comme des champignons : la tribune officielle, le marché central, des bâtiments administratifs modernes...
Les populations elles-mêmes, comme prises de court par ces commodités, n’en reviennent pas. " Grâce à la route de l’espoir, les obstacles physiques sont levés. On se déplace facilement de la ville vers le village et d’un village à un autre, pour écouler les marchandises. ", reconnaît Salif, commerçant au marché central. Salif et ses collègues doivent rejoindre, dans les prochains jours, le nouveau marché flambant neuf, construit grâce au prêt préférentiel du Fonds spécial d’Intervention intercommunal (FEICOM). Les hommes d’affaires, premiers bénéficiaires, se frottent les mains. Les populations ont désormais presque tout à portée de main : l’eau potable, l’électricité (trois groupes électrogènes), le réseau Orange...
Désenclavement
Pourtant, rien ne laissait présager un tel essor de la ville d’Ambam. Personne (même pas les autochtones que sont les Ntoumous et les Mvae) ne vendait chère la peau du chef-lieu de la Vallée du Ntem. Il y a deux décennies, elle n’était d’ailleurs qu’un anonyme arrondissement fortement enclavé, perdu dans la forêt de la province du Sud. Certains fonctionnaires, même promus, traînaient les pieds avant de rejoindre leur poste. On se souvient que la ville ne fut érigée en département que le 1er septembre 1992, grâce à un décret présidentiel. Il y a à peine treize ans. En si peu de temps, la ville a subi une cure de jouvence, grâce aux efforts conjugués du gouvernement, de l’Union européenne (à travers la route) et de l’élite locale, notamment Emmanuel Gérard Ondo Ndong.
Pour la petite histoire, le chef de Mkemekeke, Ango Aba’a Nicolas, raconte que les Allemands, après leur défaite lors de la première guerre mondiale, n’ont laissé à leur départ qu’un maigre héritage : la résidence du préfet, la prison abritant aujourd’hui les services des Domaines, un puits d’eau potable et des tombeaux des chefs traditionnels pendus pour trahison, au quartier Briqueterie... Rien de bon qui pouvait impulser le développement de la région ! Tout au plus, le vieux chef attribue à un certain Zimerman, colonel allemand, le fait d’avoir donné le nom à la cité. " Au départ, se souvient le vieux, le premier village de la Vallée du Ntem s’appelait Mbama nnam (gros village). Par un jeu de mots dont lui seul détenait le secret, Zimerman a d’abord enlevé le nam, et poursuivant sa démonstration, le colonel a déplacé la dernière lettre a de Mbama pour trouver Ambam. " Les nostalgiques considèrent encore Ambam comme la ville de Zimmerman (Ambam mbe zimerman).
Intégration
Avec le bitumage de l’axe Ebolowa-Ambam, baptisé, par les autorités locales, la route de l’espoir, tous les rêves sont permis. Le département croit que l’heure de son développement a sonné. Les mentalités des populations sont en train de changer. Les gens construisent facilement en matériaux définitifs. Les habitants effectuent désormais des voyages-éclairs sur Ebolowa, sans éprouver la moindre fatigue. Les gens accourent des quatre coins du pays pour les affaires : Bamoun, Bamiléké et certains peuples du grand Nord sont déjà installés. " Dans les prochains jours, l’afflux sera encore plus important ", confient les autorités administratives, qui apprécient ce brassage de peuples et de cultures. Avec l’ouverture imminente du pont de Ngoazik, qui relie Ambam à Olamze et à Kyé-ossi, et donne sur les frontières du Gabon et de la Guinée-Équatoriale, et le pont d’Eboro, exclusivement du coté gabonais, la ville est appelée à jouer les premiers rôles. Elle sera la plaque tournante de la sous-région et le flux économique sera plus intense. " Mais, des zones d’ombre subsistent : les autochtones sont paresseux, les élites locales ne s’entendent pas beaucoup, le problème de communication est sérieux (pas de téléphone fixe, ni d’Internet...) ", ressasse un natif de la contrée. Toutefois, d’aucuns n’hésitent pas à parler d’une métamorphose, au vu des réalisations déjà enregistrées dans la ville.
Ebolowa-Ambam: un voyage-éclair
Des scènes pittoresques à vivre sur une route particulièrement sinueuse et serpentée.
Le témoignage est d’un ami, Pierre Célestin Nta, établi à Ambam depuis quinze ans. " J’ai vu de toutes les couleurs sur l’axe Ebolowa-Ambam. Au cours de mon premier voyage en 1990, j’ai vécu une scène pitoyable. Nous avions passé quatre jours de voyage à cause du bourbier au niveau du petit village Meyo-Centre. Nous avions passé deux jours sur-place, dans l’espoir de sortir le véhicule du bourbier. En vain ! Nos petites provisions étaient épuisées. Et le troisième jour, on s’est décidé, avec quelques braves passagers, à parcourir à pied les cinquante km restants. Et on est arrivé le lendemain au petit matin, crasseux et bien exténué. " Des anecdotes de ce genre, les habitants d’Ambam vous les raconteront à la pelle. Les unes aussi captivantes que les autres.
Mais, tout cela n’est plus qu’un vieux souvenir depuis le bitumage de cet axe routier, voici bientôt trois ans. Les choses ont changé. Le bitume a révolutionné tout. Et le voyage pour la cité de Zimerman n’est plus qu’une ballade de plaisir. Désormais, on met deux heures au plus pour parcourir les 100 km. Le tarif pratiqué dans les agences est fluctuant, en fonction d’événements et de la saison de l’année. Mais en temps normal, on débourse juste 1000 francs pour son billet. A la fatigue et aux poussières de l’époque de Pierre Célestin, on s’offre désormais une partie de loisir dans la forêt où on hume de l’air frais.
Tout au long du parcours, des scènes pittoresques égaient le voyage. Dès la sortie d’Ebolowa, les policiers qui veillent à la sécurité donnent le ton. Ils passent tous les passagers au peigne fin. Les étrangers qui ne possèdent généralement pas toutes leurs pièces descendent toujours du car, pour " régulariser leur situation ". Pendant ce temps, le chauffeur ne bouge pas d’un pouce, malgré le tollé d’autres passagers à bord. Chemin faisant, on rencontre des jeunes et vieilles dames, chargées de corbeilles bien pleines en bandoulière. A Nkoemvone, on s’émerveille devant le vaste projet de semences de cacao d’un opérateur économique, à Mefoup, on aperçoit une palmeraie bien entretenue. A Meyo-centre, l’escale est obligatoire pour faire descendre des passagers et en charger d’autres.
Les petits villages situés le long du parcours ont les mêmes caractéristiques : une chapelle, située en bordure de la route et un terrain de foot dont la limite naturelle est l’axe bitumé. Sur cette route, particulièrement sinueuse, les plaques d’indication abondent. On retrouve toutes les enseignes de l’auto-école. Des pancartes qui rappellent utilement aux chauffeurs, la prudence et la vigilance. Quand on les respecte, on arrive ainsi à Ambam, sans éprouver la moindre fatigue.
Encore des bacs sous les ponts…
En attendant d’être rangés au musée, les bacs permettent encore la traversée sur le fleuve Ntem. Ambiance de transition.
A Ngoazik, à dix km d’Ambam, on est au pied du redoutable fleuve Ntem. On débourse juste 500 francs pour s’y retrouver, à bord d’un véhicule de transport en commun. Les taximen prennent plus. Une fois sur les lieux, on a la peur au ventre, parce qu’il faut traverser le fleuve. Deux possibilités s’offrent au passager : le bac et la pirogue. En temps normal, le bac est disponible de 6 heures 30 à 18 heures. Après ces heures, les piroguiers prennent le relais. A chaque fois, le passager prend la pirogue, à son corps défendant, au dernier ressort, lorsqu’il est vraiment pressé. Pour conforter cette thèse, les habitués vous racontent d’ailleurs que le fleuve a avalé tel nombre de personnes en telle année. On comprend aisément pourquoi tout le monde préfère le bac, à la pirogue.
Chaque jour, l’ambiance est la même. De chaque coté de la rive, on note une affluence carnavalesque. Les voitures, de petits gabarits aux camions de vivres, sont alignées sur une bonne distance. Les motos-taxis aussi. Des enfants et jeunes gens, les uns désœuvrés, les autres, occupés à vendre les amusegueules aux passagers... y passent le plus clair de leur temps. La place grouille toujours de monde toute la journée. La traversée est gratuite pour les personnes, mais les véhicules paient, en fonction de leur gabarit et de leur chargement. Ça chahute. On papote entre amis, en attendant l’arrivée du bac.
A Eking, à 35 km d’Ambam, du coté Ouest, on est encore au pied du fleuve Ntem. Le bac est aussi incontournable. On note presque la même ambiance. La longue file de véhicules, la même effervescence. Les mêmes hommes. A un pas, le marché des vivres d’Abang Minko, au bord du fleuve, est une curiosité. Chaque samedi, c’est la grand messe, la grande affluence. Le décor se plante à la veille, deux jours avant. De jeudi à vendredi, les commerçants et hommes d’affaires y acheminent leurs marchandises. Curieusement, les autres jours, c’est le calme plat. Les stands sont désespérément vides.
Mais seulement, cette ambiance bon enfant ne sera plus qu’un vieux souvenir dans un proche avenir. Les travaux de construction de ponts à Ngoazik et à Eking sont achevés et l’on n’attend plus que l’ouverture officielle de ces ouvrages pour ranger les bacs aux oubliettes. " Ce sera la fin d’une époque, celle du bac ; et le début d’une autre, celle des ponts. Cette ambiance, cette chaleur humaine, ces va-et-vient incessants… vont nous manquer ", regrette Arthur Liba, nostalgique. Mais, on n’arrête pas l’évolution !
Window to the South
The extraordinary development of the Southern town of Ambam comes to confirm the government’s growing attention over border areas.
Nkendem FORBINAKE
A few months ago, the Bertoua-Betare-Oya road was opened. Not quite far from the CAR border. The Ngaoundere-Touboro-Chad road is under construction. Just a few weeks ago, it was confirmed that a road will soon link northern Congo to Cameroon through the Dja and Lobo Division. And just last week, it was confirmed that funding has been secured for the Enugu- Mamfe highway. Good news indeed!
Before the construction of the Ebolowa-Ambam road, the Ntem Valley divisional capital was a sleepy small town with very little to write home about from there. As the first major Cameroonian settlement for travellers coming in from neighbouring Gabon and Equatorial Guinea, it looked very much like an embarrassment.
This is an image of the past. Ambam can boastfully match the extraordinary road development projects found in neighbouring continental Equatorial Guinea. Even with all the oil money being put into projects in that country, the people of Ambam stand tall, having no complexes at all.
Life seems worthy to live in Ambam today. Fresh vegetables, harvested in the morning in Foumbot in the West Province, can be eaten in Ambam restaurants in the afternoon of the same day. Thanks to the superb state of the road, products from our two southerly neighbours can also get to far locations of Cameroon on the same day.
When all these road projects will be over, a significant step would have be made on the road to closer economic cooperation within the CEMAC realm and even with other non-CEMAC members such as Nigeria.
It is difficult to quantify the benefits the mingling of peoples of various neighbouring countries bring along. The different peoples (very often family relations or belonging to the same ethnic groups) by sheer regular interaction, solve their problems without necessarily taking them to government —to-government level.
Ambam looks like Cameroon’s window through which it sees its neighbours of the South. Very soon, such windows will open in other locations enabling us to be in close touch with our neighbours.
De mémoire d’instituteur…
Nicolas Ango Aba’a, instituteur de formation, conseiller municipal avant les indépendances, chef de village depuis trente trois ans, est un octogénaire encore en jambes.
Affalé dans un fauteuil en bois, sans mousse et sans confort, le chef du village de Mkemekeke est un homme atypique. Dans son " royaume ", il ne s’encombre pas de luxe. " Volontairement ! ", tient-il à préciser. Sa résidence privée est une modeste cabane en planches. Sa salle à palabres est un hangar au toit de chaume. Quelques longs bancs et chaises y sont disposés comme dans une salle de classe. Et son fauteuil occupe une place de choix dans un coin. L’instituteur, chef du village depuis le 16 avril 1973, a de la peine à se débarrasser des réflexes de ses premières amours. Quand on a été élève, puis instituteur dans les établissements privés catholiques, avant les indépendances, la discipline vous colle à la peau. " Au sein de l’assemblée des chefs de village du département, quinze sont mes élèves. L’ancien ministre Philippe Menye Me Mve fut mon élève… je dois tenir à mon rang ! "
La vie d’Ango Aba’a ne fut pas un fleuve tranquille. Après avoir remis sa démission au directeur de l’école privée catholique en 1952, le patriarche Ango Aba’a Nicolas, s’engage en politique, où il n’a pas connu le succès espéré. La politique est un autre monde. Elu conseiller municipal pour la circonscription du département du Dja, de Lobo et du Ntem, à l’époque où la province du Centre-Sud ne comptait que trois départements, le patriarche ne verra pas son bail renouvelé. La politique n’était pas son truc et lui-même ne se faisait pas trop d’illusions. " Nous étions 15 conseillers municipaux dans la circonscription. Et j’étais le leader politique de l’arrondissement d’Ambam, le Premier ministre Charles Assalé, lors de ses tournées, passait ses nuits chez moi… Cela ne plaisait pas beaucoup à certains qui m’en voulaient et cherchaient à m’éliminer par tous les moyens, même les plus louches. "
De son flirt avec la politique, le patriarche, homme pondéré, retient que le conseiller municipal de l’époque n’avait pas les mêmes missions que celui d’aujourd’hui. " Nous effectuions des tournées à travers les villages pour convier les populations à construire les écoles, les routes, à creuser des puits, à agrandir les hôpitaux… et nous tenions deux sessions par an et gagnions 25 000 francs par session. " Mais, la politique va encore le rattraper. A la mort de son oncle, le conseiller qui s’est reconverti dans les affaires, vit entre deux villes : Bafia et Douala. C’est de la capitale économique qu’il sera appelé à présider aux destinées du village Mkemekeke. Le vieux, avec ses cinq notables, s’acquitte sereinement de son devoir.
Le patriarche, père de onze enfants et grand-père de nombreux petits-fils, soutient être resté fidèle à son épouse, après ses " déboires en politique ". Son péché mignon, il ne peut passer quatre jours d’affilée, sans boire un verre de " arki ". " A 82 ans, ma vie est bien derrière moi. Mais, je demande aux jeunes de ne pas trop s’adonner à l’alcool et aux femmes. " Aujourd’hui, le vieux chef passe le plus clair de sa vie à écrire ses mémoires.
Humeur : Les fleurs du futur
Ce sera formidable ! Véritablement formidable, le jour où de belles routes relieront tous les coins et recoins les plus perdus du Cameroun. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, de l’extrême Sud au Nord-Ouest, du Sud-est au Sud-Ouest, etc. Vous voudrez bien excuser du peu, s’il vous plaît.
Roger Owona
Les gens pourront monter et descendre, sans problème. Les distances se réduiront. Les voyageurs auront un casse-tête en moins. Une plus grande fluidité s’imposera, aussi bien au niveau de la circulation des personnes que celle des biens. Ainsi, en l’espace d’une journée et même moins (soyons ambitieux), les choux de Foumbot se retrouveront à Makari. Comme par enchantement. Comme par enchantement également, les… chenilles de Ngomedzap seront consommées à Séboré Djangol (aux confins de l’Adamaoua, après Mini Martap). Au marché de Muea, le " noumpe " du Grand Mbam humectera le gosier des amateurs de boissons du cru. Assaisonné selon les règles de l’art, le gibier de Yokadouma et de Gari-Gombo garnira la table de l’habitant de Nkambe…
Ce jour-là, notre cher et beau pays aura fait une très grande avancée. Avancée, d’abord sur le plan de l’intégration nationale. Intégration en acte et en mouvement. Les Camerounaises et les Camerounais se connaîtront mieux. Se connaissant mieux, ils sauront mieux s’apprécier, pour, harmonieusement, vivre ensemble. Du coup, plein de clichés et de préjugés, sinon disparaîtront, du moins s’estomperont. Pareil brassage constituera fatalement un levier majeur de progrès.
Ensuite, il s’agira d’une avancée fondamentale dans le sens du développement. Ce développement se conjuguera dans un mode pluriel. Un mode pluriel ? Oui, car, un peu partout, se planteront de nouveaux décors. Décors transformant de fond en comble la configuration du Cameroun réel et profond.
Du pain béni pour l’avènement d’un tourisme compétitif. Lequel tourisme devrait dès lors susciter l’intérêt, aussi bien des nationaux que celui des étrangers. Moralité : où passe la route…
Ambam et ses environs commencent à en apporter la preuve par neuf. Evidemment, on attend du FEICOM qu’il s’implique, chaque jour davantage, dans l’amélioration du vécu des gens. A travers tout le pays. Un beau bouquet de fleurs, pour un futur radieux.
Sa majesté Emmanuel Gérard Ondo Ndong,
Chef supérieur et élite d’Ambam.
La Vallée du Ntem est au cœur de grands travaux qui révolutionnent considérablement son paysage. Qu’est-ce qui explique ce vaste chantier de développement ?
Notre département connaît actuellement de grands travaux de modernisation de son paysage. Certains de ces grands travaux sont même au moment où je vous parle terminés. C’est le cas de l’axe lourd Ebolowa —Ambam — frontières du Gabon et de la Guinée Equatoriale, c’est aussi le cas de la voirie municipale de la ville d’Ambam qui est entièrement bitumée. D’autres grands travaux sont actuellement en phase de finalisation : les deux gigantesques ponts construits sur le fleuve Ntem, l’un au lieu dit NGOAZIK vers la frontière avec la Guinée Equatoriale est entièrement achevé et l’autre à EKING du côté de la frontière avec le Gabon est en cours d’achèvement. Ces ponts qui remplacent les deux bacs qui favorisaient la traversée du fleuve Ntem révolutionnent les moyens de communication dans notre département. Pour ce qui est des projets en cours, la construction annoncée du barrage Hydroélectrique de Menve’ ele dans l’arrondissement de Ma’an et dont le comité permanent de suivi vient d’être mis sur pied par le gouvernement figure en bonne place. En outre, il y a la construction, à travers tout le département, des écoles, des cases de santé, des marchés et même des édifices administratifs depuis l’érection en septembre 1992 de l’arrondissement d’Ambam en chef-lieu du département de la Vallée du Ntem.
A quoi attribuez-vous toute cette dynamique ?
Toutes ces infrastructures sont d’abord le résultat du programme politique du Chef de l’Etat axé sur un développement équilibré de toutes les régions du pays. Dans cette mouvance générale, la Vallée du Ntem a aussi récolté les retombées de cette politique de développement impulsée par le Président Paul BIYA. Ce programme politique, faut-il le rappeler, a été entièrement approuvé par une très large majorité de Camerounais car, en plus du développement équilibré du pays qu’il promeut, il véhicule également les valeurs de paix, de cohésion sociale et d’unité nationale. Et, comme vous le savez, aucun développement n’est possible sans la paix. C’est pourquoi les peuples Ntoumou et Mvae, autochtones de la Vallée du Ntem ont compris depuis l’avènement du Renouveau en 1982 que leur avenir, leur développement, leur épanouissement passent par leur soutien indéfectible à cette politique du Président Paul BIYA. Ce faisant, depuis le retour de notre pays au multipartisme, notre département a toujours accordé massivement toutes ses voix au RDPC et à son créateur. Aujourd’hui la Vallée du Ntem récolte les bienfaits de sa fidélité et de son profond attachement au Renouveau National et à son promoteur. C’est pourquoi les filles et fils de ce département n’auront jamais de cesse de dire MERCI et MERCI au Président Paul BIYA, pour toutes ces nombreuses réalisations qui ont changé qualitativement et quantitativement la physionomie de notre département.
Quels avantages et opportunités de développement la Vallée du Ntem entend-t-elle tirer de ces infrastructures modernes ?
Les avantages et opportunités de développement sont innombrables. D’abord avec la construction de l’axe lourd qui s’étend jusqu’aux frontières du Gabon et de la Guinée Equatoriale, les échanges entre ces trois pays de la sous-région d’Afrique centrale vont se diversifier, s’intensifier et se densifier car, comme vous le savez : là où la route passe, le développement suit. Toute chose qui donne un caractère concret à l’intégration sous-régionale qui est l’une des valeurs cardinales de la CEMAC. Cette route permet aussi aux riverains d’écouler plus facilement leurs produits vivriers destinés à la commercialisation. De même qu’elle favorise le déplacement des populations, lorsqu’on sait qu’il y a moins de cinq ans parcourir le tronçon Ebolowa — Ambam relevait d’un véritable parcours du combattant. La construction annoncée du barrage hydroélectrique de Menve’ ele de son côté, permettra à notre pays de disposer d’un immense réservoir d’énergie qui pourrait éclairer selon les experts toute la sous-région d’Afrique centrale. Et, vous savez que l’énergie est le moteur du développement. Ce barrage va, non seulement contribuer à combler le déficit en énergie dont souffre notre pays depuis quelques années, mais aussi permettre la création connexe de quelques petites unités de productions résultant des potentialités locales.
Dans votre département, presque tout le monde est unanime sur votre caractère généreux et affable. Qu’est-ce que vous recherchez à travers cette générosité et d’où vous viennent les moyens que vous utilisez pour aider vos frères ?
(Rires) je vais vous dire une chose que je tiens de mon père. De son vivant, il avait coutume de me dire que la véritable richesse ce sont les hommes. Et un homme n’a de valeur que s’il accepte de partager le peu qu’il a avec ses semblables. Je crois que lui-même puisait cette sagesse des Saintes Ecritures qui recommandent d’aimer son prochain comme soi-même. Pour peu qu’on veuille mettre en pratique cette maxime chrétienne, on est obligé d’être à l’écoute des autres, de partager leurs malheurs, de s’enquérir de leur état de santé, des problèmes scolaires de leurs enfants etc. Et l’on a vraiment pas besoin d’avoir de grands moyens pour le faire. Si vous avez dix mille Francs Cfa, il est moralement inacceptable de voir votre frère ou votre voisin mourir de faim alors que vous pouvez lui donner mille Francs CFA pour qu’il s’achète de quoi manger.
Et puis, n’oubliez pas que le Président Paul BIYA, Président National du RDPC, recommande aux militants de ce parti de pratiquer la politique de proximité c’est-à-dire aller vers la base, vers les populations rurales, vers les plus nécessiteux, non pas seulement en temps d’élection pour solliciter leurs suffrages, mais aussi en temps de pause électorale, pour partager leurs problèmes et lorsque c’est possible d’apporter des débuts de solutions à ceux qui ne nécessitent pas forcément l’intervention des pouvoirs publics. C’est cela être utile à sa Communauté. C’est ce que j’essaie modestement de faire quand c’est possible.
Quel peut être l’apport d’une chefferie traditionnelle dans le développement d’une communauté ?
Vous savez que le chef traditionnel est une courroie de transmission entre l’administration et les populations. A ce titre, il peut être chargé de répercuter à ses administrés les orientations ou la politique de développement décidées par les pouvoirs publics au profit de sa Communauté. De même dans le cadre du développement participatif que prône désormais la Communauté internationale, le chef traditionnel peut également recueillir de ses administrés, les avis ou suggestions du type de réalisations qu’ils souhaitent faire bénéficier à leur communauté. Par ailleurs, le chef traditionnel peut amener les populations à se constituer en Groupe d’initiative commune (GIC) pour se prendre elles-mêmes en main afin d’améliorer leur cadre de vie. C’est ainsi qu’il existe des champs communautaires, dont le fruit des récoltes peut aider à aménager des points d’eau potable, à construire des cases de santé, des écoles etc.