La commémoration des 64 ans de l’assassinat de Ruben Um Nyobe au Cameroun ne s’est pas faite sans polémique. Comme si la multiplicité des initiatives n’illustrait pas assez la division autour de ces hommages, un fait remarquable est venu plomber davantage l’atmosphère. La présence  de l’ambassadeur de France à la cérémonie organisée à Boumnyebel par la frange des « upécistes » alliés au régime de  Paul Biya n’a pas toujours été vue d’un bon œil.  Parmi ceux-ci, il y a Arol Ketchiemen, l’organisateur de l’hommage qui a vu des jeunes partir de Yaoundé et Douala pour effectuer un pèlerinage sur la tombe du père de l’indépendance du Cameroun et rendre visite à ses deux veuves.  

Intervenant sur  Radio Balafon, antenne émettant de Douala  ce 14 Septembre 2022, l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire du nationalisme camerounais a fustigé la participation de Christophe Guilhou aux manifestations. « Pendant que nous y étions, il n’y avait pas d’autorités. Par contre, elles étaient présentes dans une cérémonie qui a été organisée par l’UPC de Bapooh Lipot qui est l’UPC version gouvernementale en présence de l’ambassadeur de France au Cameroun et des autorités camerounaises. J’ai trouvé que c’était une insulte », s’est offusqu é l’activiste.

Il reproche à Paris le fait de n’avoir jamais reconnu ses torts dans les événements en apport avec la lutte pour l’indépendance ni fait montre de contrition. « Que la France qui a tué Um Nyobe n’a jamais officiellement reconnu son rôle dans l’assassinat de Um Nyobe, n’a  jamais présenté d’excuses ni fait son mea culpa. Par contre, cette même France vient inaugurer une statue à la mémoire de Um Nyobe, sur la terre de Um Nyobe alors qu’elle n’a jamais éprouvé le moindre remords après l’assassinat de Ruben Um Nyobe. Pour moi, c’est la seconde mort de Um Nyobe. C’est-à-dire que la mémoire de Um Nyobe a été bafouée et profanée », considère Arol Ketchiemen.