Cameroun: à l’Est, Jean Nkuété nie avoir instruit des noms pour les élections locales

Par | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 31-Aug-2022 - 22h24   5725                      
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Jean NKUETE, Secretaire General du RDPC Archives
En visite à Bertoua le vendredi 26 août 2022, à la grande surprise des militants de base, le secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a réfuté les accusations portées contre la hiérarchie du parti au pouvoir sur la désignation, « depuis Yaoundé », des candidats aux postes électifs.

Le vendredi 26 août 2022 à la permanence du parti RDPC de Bertoua, les militants apprennent avec surprise de la bouche du secrétaire général du comité central, Jean Kuété, que « le comité central n’influence pas la sélection des candidats lors des élections ». Traduction : les militants de la base devraient librement choisir leurs représentants lors des élections locales.  Jean Kuete réagissait ainsi face à deux « missiles » envoyés par deux militants qui dénonçaient la mainmise du comité central de leur parti sur la désignation à la base de leurs élus.

C’est Senghor Medoumba, se présentant comme « élite du Haut-Nyong » qui porte le tocsin : « A l’Est, les personnes élues dépendent des individus et non des électeurs. Ceci parce que lors des élections, ces individus prétendent qu’ils ont reçu les instructions du comité central pour déterminer le choix des candidats. » M. Medoumba justifie ses propos par le fait que « l’Est est la seule région où tous les sénateurs de la cuvée 2013 ont été entièrement reconduits en 2018 ». Moussa Babal, conseiller régional, et ancien maire de la commune de Ngoura, justifie « l’échec du Rdpc dans certaines localités [par] des luttes de leadership entre les élites, chacun se réclamant du mandataire du comité central ».

Face à ces sorties ponctuées d’applaudissements nourris, signe d’approbation, la réponse laconique du SG du comité central du RDPC n’a pas convaincu. Elle avait même provoqué l’hilarité de la plupart des militants dans la salle. « Soit ce Monsieur est un adepte de Ponce Pilate soit il ne maitrise pas les agissements de ses envoyés sur le terrain. Dans tous les cas, il ne peut pas ignorer que la plupart des élus locaux ne sont pas l’émanation de la volonté des militants de la base », souffle un ancien candidat à la mairie à l’Est. L’incrédulité est telle que les uns et les autres se rappellent quelques épisodes qui militent contre la posture de Jean Kuete et entretiennent la distanciation entre les camarades d’hier.

« Lors de l’élection du maire de la ville au lendemain des élections municipales de 2020, après une campagne électorale rude dans les medias et les réseaux sociaux,  les potentiels candidats avaient été stoppés net dans leurs ambitions lorsque lors du conseil municipal de plein droit à la maison du parti, le mandataire du comité central dans le Lom-et-Djerem, Badel Ndanga Ndinga, avait sorti le nom de Jean Marie Dimbele, en excipant qu’il avait été choisi par le comité central », relate un conseil municipal du Lom-et-Djerem. Qui rapporte qu’« on avait assisté au même scenario lors de l’élection du président du conseil régional et les membres du bureau lors du conseil de plein droit toujours à la maison du parti de Bertoua ». En effet, le 22 décembre 2020, lors de ces assises, Paul Danata, le président du groupe RDPC au sein du conseil régional avait clairement dit que « le Rdpc a son candidat ». L’envoyé du parti de Paul Biya, le ministre des Transports, Ernest Ngallé Bibehe, avait alors sorti le nom de Wouamane Mbele. Du coup, les ambitions de tous ceux qui battaient campagne pour ces postes étaient tombées dans l’eau.

Face à la ténacité de certains militants qui avaient « bravé » les instructions du comité central portées par quelques apparatchiks du RDPC lors des élections des maires par les conseillers municipaux, l’élection des maires de Bétaré-Oya, Nicolas Baba, de Lomié, Gérard Lomié, et de Nguelemendouka, Alex Mimbang, avait dû être validée par pas moins que la Cour suprême. Plus grave, pour avoir été choisi par la majorité des conseillers municipaux, le journaliste, désormais maire de la commune de Nguelemendouka, avait été suspendu pendant un an par le conseil de discipline ad hoc mis en place, certes « sur instructions du président national », par…Jean Kuete. Ce dernier ne peut donc pas déclarer aujourd’hui qu’il n’était pas au courant des micmacs sur le terrain de ses sbires qui voulaient imposer leurs candidats pour gérer par procuration certaines communes « juteuses » de l’Est (les cas cités supra n’étant pas les seuls) du fait de leurs ressources naturelles (forêt et mines).


Bernard Bangda





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