Cameroun - Débat sur l’alternance/Charlotte Dipanda: «On ne peut pas m’enlever le droit de dire ce que je pense»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 17-May-2021 - 15h13   12447                      
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Charlotte Dipanda Facebook
En pleine promotion de son dernier disque au Cameroun, la chanteuse a réitéré les propos qu’elle a tenus il y a un an sur l’antenne de Voice of America, lesquels avaient suscité une grosse polémique sur place au pays.

Charlotte Dipanda a reparlé de l’alternance politique au Cameroun. C’était  le14 mai 2021 à Douala, lors d’une conférence de presse donnée dans le cadre de la présentation de son nouvel album intitulé "CD" dans les bacs depuis février dernier. La chanteuse à succès a répondu à une question en rapport avec l’accueil réservé à son opinion sur la vie politique du Cameroun.

Dans ces propos tenus le 22 mai 2020 dans le programme "Vous+Nous" de la télévision américaine Voice of America (VOA), la star de la musique camerounaise déclarait: «Je n’ai connu que le président actuel. Qu’est-ce que ça me ferait du bien d’avoir une autre proposition, de se dire que c’est une autre époque qui est inéluctablement révolue aujourd’hui et qu’on a besoin de voir ce que ce pays peut apporter à cette jeunesse-là qui est différente parce que c’est une jeunesse qui est ouverte aussi à l’extérieur, qui voit ce qui se passe à l’extérieur, qui a le devoir, en tout cas l’espère aussi pour son pays. Moi je pense qu’il est temps qu’on nous propose autre chose. Il est temps que le Cameroun se développe. Parce que tant qu’il n’y a pas d’alternance, il n’y a pas véritablement de développement possible. Je pense que l’Etat actuel est arrivé à bout de ce qu’il pouvait proposer au Cameroun et que, humblement, il gagnerait à céder la place à une nouvelle gouvernance. Sans rancune».

Ses propos avaient suscité un grand débat au sein de l’opinion, les partisans du régime lui reprochant, souvent de manière acerbe, sa position. Un an plus tard, la native de Yaoundé n’a pas changé d’idée. «Il n’y avait pas matière à en rougir en tant que citoyenne, pas en tant que chanteuse. En tant que citoyenne je pense que personne ne peut nous enlever le droit de dire notre société puisqu’on la vit. C’est pour dire combien les problèmes de ce pays me concernent comme ils vous concernent. Je peux me tromper en disant quelque chose. J’ai le droit. Mais on ne peut pas m’enlever le droit de dire ce que je pense. Ce n’était pas de la science infuse,  je n’opposais rien à personne. Je pensais juste que c’est comme pour tout», précise Dipanda comme pour rassurer ceux qui lui avaient envoyé des flèches à l’époque.

Charlotte Dipanda soutient qu’elle ne faisait pas une attaque personnelle. Elle croit que la majorité de ses compatriotes l’ont bien comprise. «Cela fait 20 ans que je fais ce métier, j’ai eu l’idée de voir comment ça se passe ailleurs, de prendre ce qui fonctionne peut-être mieux ailleurs et le ramener dans mon travail et tout simplement ce que je disais n’était absolument pas personnel. Après le débat est allé un peu dans tous les sens. Mais beaucoup de gens ont compris. D’autres n’ont pas compris. Il ne faut pas toujours vouloir que les choses aillent dans un seul sens. C’est cette différence là qui rend le débat intéressant».  

Elle réitère la nécessité pour les actuels dirigeants du pays de passer la main. Et se dit convaincue que cela devrait aller de soi. «Je suis née dans ce pays avec le même fonctionnement, j’aspire à mieux. C’est humain même si le mieux-là n’est pas forcément ce qui va résoudre tous nos problèmes, mais c’est l’instinct humain qui voudrait qu’on passe un cap, et qu’on se dise: «à l’époque c’était avec  tel, maintenant c’est avec Charlotte et demain ce sera avec une autre personne. Pour moi, il n’y a pas de débat en fait», conclut Charlotte Dipanda.

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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