Voilà plusieurs mois qu’ENEO, la société en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, a introduit les compteurs à prépaiement dans son réseau. Plus de 350 000 ménages en sont déjà équipés. Seulement, l’arrivée de ces appareils qui permettent aux abonnés de recharger leur consommation d’électricité comme on le ferait pour un téléphone n’est pas toujours bien vue. Certains estiment qu’ils vont vite et font consommer beaucoup d’énergie aux abonnés. D’autres encore accusent ENEO de poser des compteurs qui ne respectent pas la norme. Suffisant pour que les associations de défense des droits des consommateurs entreprennent de voir clair dans le fonctionnement des nouveaux compteurs comme des plus anciens.
Les représentants de la PAIES (Plateforme Pole des Associations des Consommateurs pour l’Intérêt Economique et Social du Cameroun) qui regroupe une trentaine d’associations se sont rendus au siège d’ENEO, à Douala. Les 10 et 11 Mars 2022, ils ont discuté des solutions commerciales mises en place par l’entreprise, de la lutte contre la fraude qu’elle mène. Ils se sont fait présenter l’activité du laboratoire compteurs d’ENEO, chargée de tout le processus du traitement des compteurs de l’acquisition jusqu’à la vérification quand les clients ou l’ARSEL (Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité) le veulent. Les responsables d’ENEO ont assuré aux 22 associations membres du PAIES, ainsi qu’aux autres associations de défense des droits de consommateurs présents à la rencontre de Douala, que cette unité logée au sein de l’agence de Bassa respecte les normes internationales. C’est là-bas que se sont déroulés vendredi 11 Mars les tests de fiabilité des compteurs post et prépayés.
Les leaders des associations de consommateurs étaient les troisièmes à éprouver ce système après le ministère du commerce et le directeur général de l’ARSEL. L’opération aura consisté à mettre en marche durant deux heures d’horloge quatre compteurs monophasés parmi lesquels des prépayés. A la fin, l’on a comparé les index de départ et d’arrivée. Aucune irrégularité constatée, diront les contrôleurs du PAIES. « Après la pose en série avec un compteur étalon de ces appareils de mesure, nous avons relevé des index de début et de fin de périodes de consommation et le nombre de kilowatts/heure comptabilisé pour tous ces ne comportait pas d’irrégularité. Nous avons tiré la conclusion que ces compteurs ne sont pas aussi faux qu’on le dit. Il est question de venir voir sur place comment les choses se passent et ainsi éviter de conclusions hâtives », réagit le président du PAIES Georges Ngono Edzoa. Qui souhaite qu’Eneo sensibilise sur les installations électriques domestiques de leurs clients. Il suggère que le laboratoire de vérification des compteurs devienne indépendant « pour plus de crédibilité ou de fiabilité sur la question des comptages électriques ». Il annonce enfin que ses camarades et lui vont formuler des recommandations qui seront envoyées à ENEO « pour que le malentendu qu’il y a souvent autour des compteurs soit dissipé ».
Face aux récriminations entendues, ENEO préfère donner des conseils à ses usagers. Stanislas Lebo, le responsable qualité du laboratoire de Douala-Bassa leur demande ainsi d’acheter des câbles électriques en matériau cuivre. Cela vaut également pour les équipements vieux et moins coûteux qui selon lui « consomment beaucoup d’énergie ». C’est pourquoi Il invite les consommateurs à privilégier le matériel neuf. ENEO souligne aussi que des malentendus sur les index peuvent être le fait d'une mauvaise relève. C'est pourquoi elle est disposée à faire les vérifications nécessaires en cas de doute exprimé par le client.
« Le laboratoire des compteurs d'Eneo fort de l'assermentation de ses agents est la structure qui donne le quitus à l'entreprise pour l'acquisition d'un stock de compteurs chez un fournisseur. Il joue aussi un rôle d'arbitre entre l'agence commerciale Eneo et les clients quand les deux ne s'entendent pas forcément sur le niveau de fiabilité du compteur posé chez le client », fait savoir un responsable de l’entreprise.