Cameroun – Réaction: Le député Jean-Michel Nintcheu se dit peu convaincu de la légalité de l'opération de fusion entre Les Brasseries du Cameroun et Guinness et soupçonne une manœuvre de la France

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 16-Jul-2022 - 16h59   8878                      
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Jean Michel Nintcheu Archives
Le parlementaire a réagi à cette actualité à travers un communiqué publié tard vendredi soir.

Jean Michel Nintcheu n’apprécie pas beaucoup l’accord passé entre Guinness Cameroun et la Société Anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC) il y a quelques jours. Le député issu des rangs du parti d’opposition Social Democratic Front (SDF)  affiche  son scepticisme dans un communiqué publié tard vendredi soir. Il souhaite que la fusion des deux brasseurs  soit conforme non seulement à la législation en vigueur au Cameroun, mais aussi dans la zone CEMAC, en Afrique « et surtout que ces actes ne soient pas contraires à l'éthique des affaires telle que reconnue dans leurs pays », écrit l’opposant politique.

L’honorable Nintcheu réclame dès lors une enquête de la structure compétente. « Cette opération va désormais conférer au groupe Castel, à travers sa filiale SABC, un quasi-monopole dans le secteur brassicole dans notre pays. Puisque SABC et DIAGEO représentent 80% des parts de marché. C'est pour cela que j'appelle la Commission nationale de la concurrence de mener les investigations nécessaires pour s'assurer que l'opération dont il s'agit respecte les règles de saine et libre concurrence profitable au consommateur final et tout au moins qu'il ne s'agit pas d'un abus de position dominante et de pratique commerciale anti-concurrentielle », suggère-t-il, appelant la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) une des clauses de l’accord de fusion. « Dans ce communiqué, il est mentionné que " sous réserve des applications nécessaires en matière de concurrence, la vente devrait être finalisée au plus tard... 2022". Si une telle mention y est inscrite, c'est parce que les co-contractants sont manifestement conscients qu'il y a un problème d'éthique commerciale lié aux pratiques en la matière. Je saisis de ce fait la commission de la CEMAC chargée des problèmes de concurrence afin qu'elle examine les conditions de réalisation de cette opération de rachat et qu'elle s'assure que les intérêts des entreprises concurrentes ne seront pas lésés ultimement. Une correspondance sera adressée par mes soins à ces différentes instances. », annonce le député de Wouri-Est.

 Toujours aussi suspicieux et méfiant, Jean Michel Nintcheu suppose que le gouvernement français peut avoir été à l’origine du rachat de la filiale camerounaise du groupe Diageo. « Pour terminer, je trouve curieux que ce rachat intervient au moment où, bien que n'étant pas confirmée, les médias annoncent la visite du président français Emmanuel Macron dans les prochains jours. Il me souvient qu'après la visite de son prédécesseur François Hollande venu au Cameroun avec un émissaire du groupe Bolloré, alors que tout était pratiquement bouclé pour rompre avec DIT, filiale du groupe Bollore, il y a eu par la suite un rebondissement spectaculaire sur ce dossier. Faudrait pas perdre de vue que la signature de ce contrat est intervenu le 14 juillet, date chargée de symbole pour la France », insiste l’homme politique.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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