Prison de Yoko: Près de 60 évadés, 6 tués

Par Jean François CHANNON | Le Messager
- 02-Jul-2007 - 08h30   58167                      
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Une soixantaine de détenus se sont évadés de la prison de Yoko en emportant des armes et des munitions.
Des coups de feu et du sang à la prison de Yoko. Selon des sources concordantes, cette triste situation s’est déroulée dans la nuit du 28 au 29 juin 2007. Il était un peu plus de minuit lorsque deux jeunes prisonniers, spécialisés dans les braquages, internés dans la prison de production de Yoko depuis quelques mois, décident d’escalader le mur intérieur de cette maison d’arrêt. Au même moment, une centaine d’autres détenus commencent à hurler à travers les différents quartiers de la prison. Cette nuit, seulement trois geôliers (sur la dizaine que compte la prison de Yoko) assurent la garde. Intrigué par le vacarme provenant de l’intérieur de la prison, le gardien de prison perché sur le mirador décide d’aller voir ce qui s’y passe. Entre temps, les deux détenus qui ont escaladé le mur intérieur tombent nez à nez avec le premier cerbère. Après avoir désarmé, le gardien de prison, les deux détenus criminels s’emparent de son arme et le poignardent cruellement. Le gardien parti sur le mirador s’enquérir de la situation à l’intérieur est lui aussi pris au piège. Il est désarmé par les autres détenus. Le plan diabolique de la mutinerie fonctionne à merveille. Une fois les deux premiers gardiens en poste maîtrisés les prisonniers avancent en groupe vers le dernier poste de garde. Celui-ci franchi, donne accès à l’extérieur de la prison. Là, ils trouvent le gardien de prison nommé Assiga. Ce dernier qui a suivi les bruits de loin, s’est barricadé. Pris de panique, le gardien de prison Assiga, armé d’un fusil de chasse, se met à tirer à l’air. Ce qui fait reculer les assaillants pour un temps. Deux gendarmes, une soixantaine d’assaillants Cette mutinerie se déroule alors que le régisseur de la prison de Yoko, le super intendant Nguimeya Apollinaire, qui habite juste au-dessus de la prison, est absent de la ville. Des sources affirment qu’il était convié à une réunion par le préfet du Mbam et Kim à Ntui. En compagnie du sous-préfet et du commandant de brigade. Après la réunion, le régisseur avait profité pour se rendre à Yaoundé toucher son salaire. Informés de l’absence du régisseur, les prisonniers décident d’attaquer son domicile. Après avoir tout saccagé, dont le grand magasin de sécurité, ils vont s’emparer des armes et de 800 munitions environ. Ils prendront aussi des uniformes camouflés et des chaussures rangers qu’ils vont revêtir avant de quitter la prison en laissant toutes les portes ouvertes. Les détenus mutins se dirigent vers le centre ville de Yoko. Avec comme objectif immédiat d’attaquer la brigade de gendarmerie (cette nuit-là il n’y avait à Yoko que 2 gendarmes), pour s’emparer d’autres armes. Seul au domicile de ses parents cette nuit du drame, le jeune fils du régisseur Nguimeya Appolinaire réussit à joindre son père au téléphone aux environs de 2 heures du matin. Il l’informe alors de l’évasion massive des détenus réputés extrêmement dangereux. De la ville de Yaoundé, le régisseur Nguimeya saisit le chef de Yoko, et d’autres connaissances pour les informer de la situation. Il demande aux populations de garder leur calme et surtout qu’elles restent chez elles. De sa cachette, le gardien de prison Assiga a bien suivi les intentions des détenus d’attaquer la brigade de Yoko. Il téléphone immédiatement à l’un des deux gendarmes pour le prévenir dans la dangereuse visite. La petite ville de Yoko dort paisiblement. Sans se douter qu’un drame à la fois grave et redoutable est en train de se nouer dans ses rues. Subitement, comme pour démontrer leur détermination à faire la guerre, les détenus mutins désormais vêtus en tenues de combat camouflés de leurs geôliers se mettent à tirer en l’air. Au niveau de la gendarmerie, ils sont accueillis par les cris courageux du premier gendarme resté à la brigade. Le second gendarme tire aussi dans la mêlée. Un détenu atteint à la jambe tombe. Les autres prennent la clef des champs. Une large battue est organisée pour retrouver les mutins. Un échange de coups de feu a lieu. Six prisonniers en fuite sont abattus. Leurs corps ont été retrouvés et ramenés dans l’enceinte de la prison de Yoko. La traque des autres évadés se poursuit. Dans la quête de l’information, le journaliste du Messager, Edouard Tamba, est interpellé par le commissaire spécial de Yoko. Ses pièces officielles lui sont retirées. Au moment où nous allions sous presses, il n’était toujours pas en possession de ses pièces. chasse à l’homme Chef-lieu de département du Mbam et Kim, la ville de Yoko est située à 197km de Ntui, et à 202 km de Tibati, la première ville de la province de l’Adamaoua, en progressant vers le Septentrion. De Yoko centre, pour aller vers l’Ouest-Cameroun, il faut 150 km environ pour atteindre la première bourgade, Ngambe-Tikar. Cette piste est plus ou moins carrossable. Pour aller du côté de l’Est, c'est-à-dire vers Bélabo et Nanga Eboko, il faut respectivement parcourir à pied 200 et 150 km environ. Ceci à travers forêts et savanes arborés avec à mi-chemin, le fleuve Sanaga à franchir. Selon les informations parvenues à notre rédaction, les détenus fugitifs sont allés dans toutes ces directions. Mis au courant de cette grave situation, le ministre secrétaire général adjoint de la présidence de la République, René Emmanuel Sadi, natif de Yoko, a immédiatement saisi le secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie. 200 gendarmes spécialisés dans la lutte contre le grand banditisme sont arrivés à Yoko dans la nuit du 29 au 30 juin 2007. Ils ont été rejoints dans la journée par le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé de l’Administration pénitentiaire, Emmanuel Ngafesson qu’accompagnait le préfet du Mbam et Kim. Un hélicoptère de l’armée a été dépêché sur place. Depuis, celui-ci sillonne toutes les régions pour essayer de localiser la présence des détenus fugitifs. Des instructions ont été données aux populations villageoises. Elles doivent se mobiliser dans le processus de chasse à l’homme.




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