Cameroun - Idées: L’écrivain camerounais Gaston Paul Effa décrit la France comme «une Nation fatiguée»

Par | Cameroon-Info.Net
- 04-Feb-2015 - 13h02   53575                      
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À l’occasion de la sortie de son nouveau roman « Rendez-vous avec l’heure qui blesse », l’auteur et enseignant de philosophie a été invité à donner son avis, entre autres, sur l’intégration à la française.
Gaston Paul Effa
Photo: (c) Archives


Puisque son nouveau roman raconte l’histoire du Martiniquais Raphaël Élizé qui fut le premier maire noir d’une commune de France métropolitaine, Gaston Paul Effa ne pouvait pas échapper aux questions sur l’intégration à la française face aux journalistes de «Jeune Afrique». Notamment à la lumière des récents événements à Paris : l’attaque du journal «Charlie Hebdo».

En écho au Guinéen Tierno Monénembo pour qui « l’État français n’a jamais reconnu ses héros noirs », Gaston Paul Effa lance : « La France est devenue un pays paresseux, frappé d’amnésie, une Nation fatiguée qui se replie sur elle-même et a du mal avec son identité propre. C’est pourquoi elle juge suspects les exploits hors normes. Elle doit, si elle veut retrouver sa place parmi les Nations, assumer son Histoire, celle d’un visage pluriel. Elle est multiraciale, multiculturelle, c’est là sa richesse ».

Il poursuit plus loin dans l’entretien: « Il y a une précarité de l’intégration. Même si on la croit sûre, assurée, il suffit d’une convulsion de l’Histoire pour que tout soit remis en question. Dans cette France en crise, qui n’est plus celle que j’ai connue dans les années 1980, en arrivant, il y a le danger du repli identitaire, du communautarisme. Il faut un surcroît d’audace, d’amour et de résistance, pour imposer ce visage pluriel. Élizé, figure de la résistance acharnée, épris de liberté et de fraternité, a ouvert la voie ».

Au sujet du slogan « Je suis Charlie », l’écrivain dit : « Se réclamer de cette phrase, c’est condamner l’atteinte à la vie humaine. On a le devoir de s’identifier et de condamner les infamies de quelque forme que ce soit, ici celle du terrorisme. Et pour cela, tout être humain normal ne peut que se sentir concerné par l’horreur ».

Dans ses deux de vos précédents romans, l’auteur raconte le parcours des Africains bien intégrés dans la société française jusqu’à ce que tout bascule.

ARTHUR BILOUNGA, Cameroon-Info.Net

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