Etat des lieux: Le Cameroun, N°1 de la corruption en Afrique !

Par Honoré FOIMOUKOM | Le Messager
- 10-Dec-2007 - 08h30   54056                      
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Le nouveau rapport sur la corruption, publié par Transparency International (T.I), épingle le pays de Paul Biya.
En prélude à la cinquième édition de la journée mondiale de lutte contre la corruption célébrée à travers la planète hier, dimanche 9 décembre, l’organisation non gouvernementale (Ong) Transparency International (T.I.) a publié, jeudi 6 décembre, son rapport sur la corruption. Selon ce document inspiré d’un sondage effectué auprès de 63.199 personnes dans 60 pays, l’Afrique vient en tête du palmarès des pots-de-vin dans le monde. Et, sur ce continent, le Cameroun caracole à la tête du peloton. Le pays de Paul Biya est talonné par le Nigeria et le Sénégal, également très touché. “ Le baromètre mondial de la corruption de cette année montre que, trop souvent, les gens doivent verser de l’argent durement gagné pour obtenir des services qui devraient être gratuits ”, explique Huguette Labelle, présidente de Transparency International, citée par Journal chrétien. Le rapport de T.I. va plus loin en révélant qu’au cours de cette année 2007, une personne sur dix dans le monde a été contrainte de payer des pots-de-vin pour pouvoir bénéficier des services publics de base tels que les soins de santé, l’éducation ou l’électricité. “ Les plus démunis sont les plus pénalisés par la corruption. C’est une personne sur dix qui a dû verser un pot-de-vin, mais quand on regarde la région africaine, les chiffres sont encore plus sérieux avec une personne sur deux qui ont une expérience très concrète de corruption dans leur pays ”, explique Doris Bäsler de la même Ong. La corruption affecte surtout le système judiciaire, un secteur “ qui est censé mettre fin à la corruption, mais qui n’en est pas capable ”, dit-elle. Elle soutient par ailleurs que, dans le cadre de la lutte contre ce fléau, l’opinion publique camerounaise est d’avis que les efforts, “ au niveau central ”, sont encore loin de se faire ressentir au niveau du citoyen ordinaire. Partis politiques, police et justice au firmament Dans les pays africains étudiés dont le Cameroun, 42% des personnes interrogées déclarent qu’on leur a demandé de verser un pot-de-vin pour obtenir un service au cours des 12 derniers mois. Ce taux s’établit à 22% pour la région Asie-Pacifique, suivie par le trio Russie, Moldavie et Ukraine (21%), l’Amérique latine (13%), l’Europe du sud-est (12%), l’Union européenne (5%) et l’Amérique du Nord (2%). “ Les familles démunies sont les plus touchées par les demandes de pots-de-vin ” et ce, “ même dans les pays riches ”, précise T.I. La majorité des personnes interrogées estiment que la corruption est en augmentation et que la politique est le secteur le plus touché. Environ 54% s’attendent à ce que le niveau de corruption augmente dans les trois prochaines années, 26% pensent qu’il restera stable et 20% sont d’avis qu’il va baisser. Les partis politiques sont perçus par près de 70% des sondés comme les institutions les plus corrompues, devant les parlements, cités par quelque 55% et les services de police, mentionnés par un peu plus de 50%. Pour ce qui est des services de police, une personne interrogée sur quatre dans le monde ayant été en contact avec cette institution, s’est vu demander de payer un pot-de-vin. L’enquête pointe également du doigt outre les instances judiciaires, le système éducatif et les services médicaux. “ Le fait que la santé, l’éducation, la justice et la police soient les domaines où il y a une grande demande de pourboire est quelque chose que nous devons regarder et dont nous devons être très préoccupés, car cela touche les gens tous les jours ”, a déclaré Huguette Labelle à l’Associated Press. “ C’est extrêmement préoccupant et même dangereux, si on demande aux gens de payer des pots-de-vin pour des services essentiels. ” Parmi les pays et territoires étudiés, le Cameroun apparaît comme le plus touché par la corruption. 79% des personnes interrogées dans le pays déclarent avoir dû payer un dessous-de-table en échange d’un service. Viennent ensuite le Cambodge, avec un taux de 72%, l’Albanie (71%), le Kosovo (67%), la Macédoine et le Pakistan (44%). A l’inverse, le Canada, le Japon, la Corée du Sud, l’Autriche, la France, l’Islande, la Suède et la Suisse sont les meilleurs élèves avec un taux de seulement 1%. Les Etats-Unis, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas, le Portugal et la Grande-Bretagne font un peu moins bien avec 2%. La commission nationale anti-corruption (Conac) du Cameroun, présidée par Paul Tessa a, dans le cadre de la journée célébrée hier, appelé à une prise de conscience de tous.




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