Cameroun - Crimes passionnels: Ces hommes qui tuent au nom de l’amour

Par ETAME KOUOH | Le Messager
- 24-Mar-2012 - 08h30   52519                      
1
Au moins quinze personnes ont été tuées au Cameroun depuis le début de cette année. C'est le triste constat établi par l'association «Vie en couple». Réunis à Douala le 2 mars 2012, les membres de cette association déplorent la recrudescence des crimes passionnels au Cameroun, surtout dans les villes de Douala et Yaoundé qui enregistrent le plus de cas.
Au moins quinze personnes ont été tuées au Cameroun depuis le début de cette année. C'est le triste constat établi par l'association «Vie en couple». Réunis à Douala le 2 mars 2012, les membres de cette association déplorent la recrudescence des crimes passionnels au Cameroun, surtout dans les villes de Douala et Yaoundé qui enregistrent le plus de cas. Entre le crime commis par le commandant en second de la base navale de Kribi, celui d'un frère qui tue son cadet à Bépanda (Douala), car l'ayant surpris sur sa femme, la mort de Jeanne-Régine Leka tuée par l'amante de son mari (Yaoundé), celui de Michel Temgoua qui tue Marie Elise Kenfack à Bépanda car pas sûr de la paternité de l'enfant qu'elle porte, auxquels s'ajoutent d'autres cas récents, la liste est loin d'être exhaustive. Le dernier crime en date est celui de l'adolescente de dix-neuf ans qui a mis fin à la vie de son amant à New-Bell, à l'aide des débris de verre. Qu'est-ce qui justifie ces actes de violence qui sèment la mort? L'éclairage de Dr Roland Pierre Ndongui, psychologue conseil: «Les canons de la psychologie considèrent que la jalousie est inhérente à la personne humaine. Ainsi pris, la personne qui tue au nom de l'amour considère que son conjoint l'a trahie de la pire des manières. C'est pour laver le sang de la honte et du mépris, que le crime souvent accidentel survient». Le spécialiste de la science de l'âme et des faits mentaux continue. «Les causes de ces crimes sentimentaux se trouvent dans le subconscient de chaque individu. Chaque personne refuse de partager son plaisir avec une autre personne. Dans mon cabinet, je reçois des personnes qui se plaignent qu'ils font tout à leurs femmes mais elles sont infidèles. Des femmes qui stigmatisent les maris infidèles malgré tous les efforts qu'elles font. Dans les deux cas, on tue pour que quelqu’un d'autre ne profite de la situation. Nous conseillons de ne point développer des germes de violence et de négocier pacifiquement et techniquement le retour de l'être aimé». Quant à l'évangéliste Simon Djombi Enyawè, président du Réseau national des prières citadines, «la Bible condamne le crime sous toutes ses formes. Nul n'a le droit d'ôter la vie à un autre. Les dix commandements sont clairs à ce sujet. Au nom de quoi peut-on se permettre et de décider que tel ne doit plus vivre. Tuer un homme, c'est tuer la créature de Dieu. Ce n'est plus seulement un crime mais un défi à l'égard du Très Haut. Au Rnpc, nous condamnons avec la dernière énergie ces crimes même si c'est au nom de l'amour». Religieux et psychanalystes s'accordent sur un fait, bien que ne reposant sur aucune donnée de causalité: ne jamais promettre la mort à quelqu’un, ni de la menacer. «A force de dire à ton conjoint que tu vas le tuer, le Diable va entrer dans la maison et le pire sera inévitable», dit l'évangéliste Djombi Enyawè. En attendant la prompte réaction des pouvoirs publics et de la société civile pour mettre un terme à cette vague de violence par la sensibilisation et les sanctions, les liaisons amoureuses même formelles continuent de s'écrire en lettres de sang. «J'appelle ma fille chaque matin pour savoir comment elle a dormi. Comme elle s'est mariée avec un militaire nerveux qui en plus est armé, tout peut arriver», dit Antoine Ekollè, militaire à la retraite. Une attitude qui prête à réflexion. Un mode opératoire selon les situations Entre la mort subite et celle préméditée, ces crimes varient d'un cas à un autre. Poison donné à la victime qui meurt à petit feu malgré l'assistance médicale très souvent sur le tard. Bastonnade à la limite du supportable. Sévices corporels pour aveux et demande de pardon. Crimes accidentels pendant les bagarres. Tels sont entre autres les modes opératoires utilisés par ces assassins sentimentaux qui profitent d'une situation de faiblesse pour ôter la vie à leurs proches. Après leur forfait, les bourreaux nient les faits et préfèrent parler d'accident évoquer la légitime défense ou soupçonner une main noire tapie dans l'ombre. Tel est le cas de Jacques Ajopé Dubuisson. Depuis la Spéciale XVIII de New-Bell où il est interné le meurtre présumé de son épouse Marie Thérèse à l'aide d'une arme à feu, Jacques Dubuisson nie les faits et parle de machination tout en refusant de mêler les sentiments à cette affaire. «Ce n'est pas moi qui ai mis fin à ses jours. Elle était déjà morte quand je me suis réveillé. Je suis victime d'une machination». Même son de cloche chez Adjana Ayouba, présumée meurtrière de son amant à New-Bell le 16 mars 2012. «Pendant la bagarre, il a brisé les vitres et un morceau l'a éventré et il s'est mis à saigner. Je l'ai trouvé dans la chambre avec une autre femme alors que je suis enceinte de lui». En dehors de ces cas accidentels, d'autres sont prémédités, avec cerise sur le gâteau, les aveux des bourreaux. C'est le cas de Lucas Ebédé et Désiré Mbolo qui ont reconnu avoir tué Suzanne Nguélé, leur maîtresse commun dans la nuit du 10 au 11 mai 2009 à Nkol Avolo, un village de l'arrondissement d'Essé dans la Mefou-et-Afamba. Pourquoi mettre sous le boisseau la mort de Mapuro tué par 1 chef d'escadron Emile Joui Bamkui? Pendant les enquêtes, un témoin raconte. «Le commandant Bamkui savait très bien que son épouse entretenait des relations coupables avec Mapuro. Il a attendu le bon moment pour tuer de sang froid. C'est par une jalousie qui a longtemps digérée qu'il l'a tué». Et celui Nfonsi Claudette tuée à son domicile par s mari en juin 2007 à Bonabéri. «Son mari q est vigile travaille régulièrement la nuit. Elle profitait de ces absences prolongées pour s'envoyer en l'air avec son copain qui passe les nuits dans le lit conjugal. Mis au court de ces infidélités de sa femme, il a surpris couple en pleins ébats et a frappé: deux mort sur le carreau. Il s'est ensuite suicidé»




Dans la même Rubrique