Cameroun-Nigeria: Reconciliation autour de Bakassi

Par Jean Francis Belibi | Mutations
- 10-Oct-2008 - 08h30   59825                      
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Les travaux de la 4ème Commission mixte ouverts hier devraient voir les échanges entre les deux pays relancés.
Difficile pour Ojo Maduekwe et Joseph Dion Ngute, les deux principaux orateurs de la cérémonie d'ouverture des travaux de la 4ème Commission mixte entre le Nigeria et le Cameroun de prononcer leurs allocutions sans de larges extraits sur le conflit frontalier qui a divisé les deux pays pendant une quinzaine d'années. Le ministre nigérian des Affaires étrangères et son homologue camerounais qui dirigent les délégations respectives de leurs pays à ces assises qui se tiennent six ans après le dernier rendez-vous d'Abuja n'ont pas manqué de louer ce que le premier a appelé " un exemple qui doit être célébré comme un modèle de résolution de conflits tant en Afrique qu'ailleurs ". Mais le chef de la délégation venue du Nigeria a voulu voir en la résolution pacifique du conflit frontalier entre son pays et le Cameroun, un espoir pour relancer la coopération " entre deux pays qui ont tout en commun ". " Bakassi est derrière nous. La sagesse, l'ingéniosité, l'intelligence utilisée dans la résolution du conflit de Bakassi doivent être utilisé pour le développement de la coopération entre nos deux pays " a indiqué Ojo Maduekwe qui n'a pas manqué de constater que beaucoup de temps avait été perdu depuis septembre 2002, date de la tenue de la dernière rencontre de ce cadre de coopération et d'évaluation entre les deux pays. Si on a pu noter un accroissement des échanges au niveau des transports entre le Nigeria et le Cameroun, deux compagnies nigérianes desservant régulièrement le Cameroun, il est à relever le retard pris par les deux pays pour la mise sur pied d'une Commission conjointe de sécurité décidée dans les conclusions de la rencontre de 2002 et qui, selon le chef de la diplomatie d'Abuja, aurait dû aboutir à l'institution de patrouilles mixtes le long de la frontière de 1800 km qui sépare les deux pays. La mise sur pied de ces patrouilles apparaît aujourd'hui comme une nécessité pour le chef de la délégation nigériane, " pour barrer la voie à ceux qui n'ont pas intérêt à voir se développer une saine coopération entre nos deux pays ". Au rang des difficultés enregistrées au niveau de la coopération entre les deux pays, la construction d'une transnationale routière pour la facilitation du transport entre le Cameroun et le Nigeria, pourtant objet d'un mémorandum d'entente entre les deux pays signé en 2006. Pourtant en dépit de leur proximité et de leur fort potentiel économique, les échanges entre les deux pays ne sont pas importants. D'où la nécessité pour les deux gouvernements d'améliorer cette situation par " la renégociation accélérée de l'accord bilatéral sur le commerce conclu en 1963 et révisé en 1982 ". Il est question de faire passer les échanges entre le Cameroun et le Nigeria du secteur informel pas toujours bénéfique aux deux gouvernements, à des relations commerciales reposant sur des bases clairement définies. Au chapitre des solutions envisagées par les gouvernements de Yaoundé et d'Abuja, l'établissement de marchés frontaliers, la relance de la coopération dans les domaines de l'agriculture, des ressources en eau, de l'environnement, du pétrole et du gaz, de l'éducation, du commerce ou encore des investissements. On comprend mieux la préoccupation des deux ministres des Affaires étrangères de voir ces projets passés au stade de réalisations concrètes. A charge, ont-ils indiqué, pour les experts de présenter des calendriers qui pourraient permettre le passage à la phase concrète.




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