Chantal BIYA: Le vrai visage. Portrait d’une première dame objet de toutes les controverses

Par | Aurore Plus
- 28-Jun-2004 - 08h30   146136                      
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L’inévitable Gervais Mendo Ze vient de consacrer, après celui à l’honneur de la vierge Marie, un autre cantique à succès pour célébrer le culte Chantal Biya. Mais qui est cette dame avec qui le pays semble désormais devoir compter ?
Pourquoi plus que toute autre épouse de chef de l’Etat, pratiquement depuis 10 ans, les feux de l’actualité sont ils braqués sur elle ? Aurore Plus a suivi Chantal Biya dans sa course vers le sommet. Zoom! Nous avions Marie Mère de Dieu et Sainte patronne du Cameroun. Et maintenant Chantal Biya, première dame de la République. Entre les deux égéries du triangle national, le cœur du Cameroun balance. A commencer par son époux, qui incidemment ou stratégiquement, lui a accordé des activités sociales d’envergure, quoique spectaculaire Paul Biya a également ouvert à son épouse le tapis rouge de la République, mais aussi les voyages présidentiels, publics et privés. Si on y ajoute une présence cathodique permanente, les gesticulations de Mendo Ze qui croit lui vouer une admiration quasi-religieuse; la création d’association en son honneur telle que l’imprononçable Jacchaby; sa présence débordante dans les microsillon etc., selon la formule désormais consacrée, pour “au moins vingt ans“ la chantoumania présage de beaux jours devant elle. Après le décès de sa première épouse le 29 juillet 1992, en secondes noces Paul Biya épouse le 23 avril 1994, Chantal née Vigouroux, alors âgée de 25 ans qui lui a donné deux enfants Paul BIYA Junior et Anastasie Brenda BIYA EYENGA. Depuis qu’elle est devenue la première dame du Cameroun, Chantoux, comme on l’appelle affectueusement ne laisse personne indifférent. Comme Bernadette Chirac, Chantal Biya a jeté son dévolu sur la santé de l’enfant et de la mère et sur le sort des couches sociales les plus défavorisées. Résultat, depuis une dizaine d’années, la première dame du Cameroun est présentée comme une femme de cœur qui se dépense sans Compter. Avec le soutien constant de son époux qui dit-on est en même temps son principal conseiller, elle a créé la Fondation Chantal Biya, le Cercle des amis du Cameroun (CERAC) et grâce au réseau relationnel du président de la République, l’ONG panafricaine “Synergies africaines contre le sida et les souffrances” qu’elle préside. Selon le directeur exécutif de l’Onusida, “La première dame du Cameroun joue un rôle absolument exceptionnel dans la lutte contre le sida non seulement au Cameroun, mais aussi en Afrique. J’ai constaté moi-même les actions de la Fondation Chantal Biya (FCB), surtout, la prévention de la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant, la mobilisation des jeunes, le travail de “ Synergies Africaines””... “Pour moi, Chantal Biya est l’une des stars de la lutte contre le sida dans le monde”. - Un tel certificat de “bonne” conduite s’explique par le fait que Chantoux avait réussi les 15 et 16 novembre 2002, ce que personne au monde n’avait fait jusque-là, à savoir, réunir côte à côte, main dans la main, à Yaoundé, les deux codécouvreurs du Sida, le Français Luc Montagnier et l’Américain Robert Gallo dans le cadre d’une conférence au Sommet sur le sida en Afrique, marquant la création et le démarrage effectif des activités des Synergies Africaines”. On notait aussi la présence d’autres personnalités comme le professeur italien Vittorio Colizzi qui mène des recherches très avancées sur le vaccin pédiatrique, sans oublier plusieurs autres spécialistes africains, européens, américains et asiatiques de cette pandémie. Secondées par les épouses de certains chefs d’Etats à l’instar de Chantal Compaoré du Burkina Faso ; Ana Paola Dos Santos d’Angola ; Suzanne Moubarak d’Egypte ; Janet Museveni d’Ouganda, Chantal Biya la fondatrice de “ Synergies Africaines” a également réussi à intéresser les premières dames du Bénin, de Guinée, du Mali, de l’Ile Maurice, de Namibie, du Niger, d’Ouganda, de Centrafrique, du Sénégal, du Soudan, du Tchad, du Togo, du Burundi et la princesse Lalla Meryem, sœur aînée du roi du Maroc. Chantoux ne manque pas d’admirateurs, intéressés ou non qui lui tressent des lauriers à longueurs de chansons, articles de presse et maintenant sur Internet ou un journaliste du périodique Afrique Education pense que “Les Camerounais devraient par conséquent être fiers de leur première dame au moment où beaucoup d’autres premières dames se réveillent subitement de leur profond sommeil pour faire comme elle. Vouloir l’affaiblir ou la déstabiliser, c’est tout simplement manquer d’amour pour son pays car elle agit dans le social: la santé et l’éducation, spécialement”. Le journal trouve en effet infondée l’utilisation des arguments du genre “Elle bat campagne afin que son mari soit réélu à la présidentielle de 2004”. Et même si tel était le cas, souligne le journal en ligne, “en quoi cela serait-il un crime?” Provocations de toute nature Une autre opinion plus nuancée estime que "Chantal Biya, tout comme Hilary Clinton, a choisi avec l’appui total et inconditionnel de son époux de s’investir sous son autorité directe dans le secteur social en vue de la réalisation du septennat social conclu par le président de la République avec les Camerounais en 1997". Cet avis n’est pas partagé par tout le monde. Selon un auteur anonyme sur Internet, Au Cameroun, ”Synergies africaines”, l'association caritative de Chantal Biya, “a le statut d’organisation internationale avec accord de siège, exemption fiscale et immunité diplomatique Génial. Le Sida Business s’est aujourd’hui substituée au Charity Business". Dans EXPRESSION DIRECTE, la franche d’antenne télé et radio consacrée aux partis politiques, le porte-parole du SDF n’a pas fait dans la dentelle les 18-19 mai 2000. Extraits “le SDF suit étroitement les activités de Mme Chantal BIYA, la présidente d’honneur du RDPC et épouse du Président national du RDPC qui s'active de plus en plus avec un organisme appelé Cercle des amis du Cameroun (CERAC). Fondé par feue Mme Jeanne Irène BIYA, paix à son âme, le CERAC est une Association qui à l’origine regroupait les femmes des diplomates en poste à Yaoundé. Il était alors réellement un cercle des amis du Cameroun. Aujourd’hui il a été transformé en une association fourre-tout qui permet aux caciques du RDPC de battre à travers le pays une campagne subtile pour le parti au pouvoir. Finalement qu’est-ce que le CERAC ? (...) Il nous revient qu’à ce jour les montants suivants ont été engagés: Littoral 23 millions de francs CFA, Sud 14 millions FCFA, Nord-Ouest 12 millions FCFA, Ouest 15 millions etc. D’où sont venus ces fonds ? A l’instar de son époux, Mme B1YA a imprimé ses effigies sur les tissus, les calendriers pour ne citer que ceux là. Ceci montre un culte de personnalité certain combattu par tous les démocrates en général et le SDF en particulier qui depuis son lancement a décidé de ne jamais porter sur ses pagnes et autres matériels du parti des effigies des personnes encore vivantes. Lorsque les membres du CERAC se déplacent, les grosses cylindrées qui les transportent, les frais de missions, les frais d’hôtels des fonctionnaires, membres du gouvernement et les autres personnalités sont payés par le trésor public. Qu’est-ce que nous prouve que les cadeaux du CERAC ne sont pas eux-aussi achetés par l’argent du contribuable ? Car nous avons encore en mémoire le souvenir de la Fondation Avenir de Mme Konan Bédié en Côte d’Ivoire qui, après le coup d’état du 24 décembre 1999 s’est révélé être un vaste réseau de détournement des financements extérieurs. (...)" Comme on le voit, notre Chantoux nationale suscite des controverses auprès de l’opinion publique. il faut dire que son arrivée a apporté un peu de couleurs à la grisaille du palais de l’Unité, tout en dopant le mental d’acier de son Président de mari. On a du reste vu que les toilettes officielles de Paul Biya ont viré du strict complet bleu anthracite vers des tons plus gais. Si à 70 ans passés, l’homme d’Etat à plutôt rajeuni ces dernières années, c’est pour corroborer l’adage qui veut que "derrière le succès d’un homme, il y a toujours une femme". Manifestement, le président vit et vibre à l’unisson de sa famille et de la volupté du pouvoir, en attendant un nécessaire "bain de jouvence" populaire avec son peuple qui cherche toujours le guide espéré lors de l’avènement du Renouveau, et que Chantoux aura à cœur de faire sortir des lambris sécuritaires et ésotériques d'Etoudi, pour parapher un pacte de confiance avec un peuple qui doute et s’interroge... MASSOMA DIKOUBA Fondation Chantal Biya: Dix ans après, l'essoufflement? Officiellement; c’est depuis 1994 que l’idée de créer une Fondation axée sur l’action sociale et humanitaire a germé dans la conscience de Madame Chantal BIYA, épouse du Président de la République du Cameroun. Dix ans après sa création, la Fondation Chantal Biya ne couvre toujours pas le territoire national, ainsi que son initiatrice l’aurait souhaité. Régie par la loi du 1er juillet 1901, la Fondation Chantal BIYA en abrégé F.C.B se veut essentiellement à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle. Elle est appelée à œuvrer, dit-on, de concert avec les pouvoirs publics, le secteur privé et autres partenaires, au progrès social des personnes nécessiteuses et vulnérables. Ses objectifs reposent sur un principe cardinal Rassembler et mobiliser tous ceux qui croient utile le maintien des actions de bienfaisance. Toutefois, il ressort de l’examen rétrospectif de ses dix années d’activité que la FCB gagnerait à avoir une envergure nationale par une implantation dans les régions de l’intérieur du pays. Pour l’instant, elle se déploie uniquement à partir de Yaoundé. Présentée comme une association à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle, la Fondation Chantal Biya repose sur quatre principes fondamentaux L’humanisme et la philanthropie, la solidarité et l’entraide, l’impartialité et l’équité . Son action est pour le moment orientée surtout vers les enfants. Ce qui est loin de ses objectifs initiaux qui devaient concerner aussi les femmes, les minorités marginalisées tels que les personnes du 3ème âge , les handicapés, les Pygmées etc... Les ambitions de la FCB pour l’instant sont confinées à la santé, en attendant que la Fondation applique son cahier de charge qui devait aussi intégrer l’éducation, l’environnement et la réinsertion sociale Malgré un ralentissement de ses activités observé depuis quelques temps, la Fondation présente toutefois un visage prospère. Elle dispose d’un patrimoine costaud mis progressivement à disposition depuis 1994 dont notamment: - un pavillon hospitalier pour enfants malades, entièrement équipé et fonctionnel à Yaoundé (Province du Centre). - un centre de santé intégré, équipé et fonctionnel à Meyomessala (Province du Sud). - un centre de chirurgie endoscopique et de reproduction humaine à Yaoundé équipé avec le concours partiel du CHU de Clermont-Ferrand (France). On notera aussi au nombre de ses activités, l’Assistance matérielle et logistique du Centre “Mère et Enfant” de l’Hôpital Central de Yaoundé. Au nombre de ses interventions ont peu citer entre autres : Des dons (alimentation quotidienne) aux brûlés de la catastrophe de Nsam à Hôpital central de Yaoundé, Février 98. Dons en médicaments, lingerie, produits d’entretien aux hôpitaux de Nanga-Eboko, Octobre 96, Septembre 97. Aides spéciales aux étudiants et élèves démunis dans l’ensemble du territoire national. Chaque année, la PCB organise un Arbre de Noël pour enfants abandonnés, pour enfants malades Yaoundé, pour le Centre Mère et Enfant de l’Hôpital Central de Yaoundé). Il y a aussi eu, sporadiquement, des dons (Aliments et vêtements) aux Pygmées d’Abong-Mbang, Dimako, Lolodorf en Août 95 et Novembre 96. Une assistance ponctuelle aux victimes de catastrophes naturelles Grand Nord du Cameroun. Mais aussi, l’assistance aux Centres d’accueil pour enfants Abandonnés et vieillards dans l’ensemble du territoire national; les dons en aliments, vêtements et médicaments aux léproseries du Cameroun. MICHEL MICHAUT MOUSSALA CERAC: L’espoir était-il partagé? la première dame a déjà entrepris l’implantation des centres pilotes de prévention du risque de transmission mère-enfant du VIH/SIDA sur l’ensemble du territoire national à travers le Cercle des amis du Cameroun (CERAC), autre association créée par Chantal Biya. Créée en décembre 1995, le Cerac est présenté comme une initiative de Chantal Biya où te combat contre le Sida côtoie entre autres les actions en faveur de la femme rurale. L’an 2001 est l’année de la jeunesse au Cerac. Le Cercle des Amis du Cameroun a pris pour cheval de bataille la lutte contre le Sida en milieu jeune. Parce que le Cerac est une association de femmes, Ces femmes se situent comme des mères et espèrent nouer, ce dialogue entre les générations qui manque cruellement à l’Afrique. Le Cerac est parti d’un constat réel, le sida est plus présent dans la population de 15 à 40 ans. Il faut donc sauver le Cameroun de demain en fournissant aux enfants la possibilité de se protéger. Selon Le Dr Bomba Nkolo, l’une des membres du Cerac qui représentait cette structure à un séminaire des jeunes et sida, “ les jeunes ont pus tendance à se confier entre et eux et à faire eux même leur éducation‘ D’où l’urgence de les mettre en contact avec des jeunes éclairés. Tout le programme de formation des pairs éducateurs soutenus par le Cercle des Amis du Cameroun trouve donc sa signification dans cette position. Pour mieux sensibiliser les jeunes, des gadgets de la lutte contre le Sida sont on confection. il s’agit des trousses et des cahiers pour les scolaires. Un bon moyen de sensibiliser les jeunes car chaque fois qu’ils utiliseront leur matériel de travail, un message de sensibilisation les accueillera. En plus de la lutte contre le Sida, le Cerac a à cœur les problèmes des défavorisés dans lequel s’insère bien la jeunesse. La femme et surtout la femme rurale est l’autre point focal de l’activité du Cerac. Très souvent mamelle nourrice des villes, des campagnes et maillon économique important, la femme rurale de bénéficie pas des conditions d’épanouissement adéquat. Le Cerac se positionne alors comme un soutien essentiel de Ces femmes. L’association fondée par le première dame a également pour objectif de permettre à ses membres de faire connaissance et de s’entraider, porter un assistance immédiate et bénévole aux grands sinistrés, aider à l’émancipation et la promotion de la femme rurale. Outre son volet social, l’association à but non lucratif a aussi une dimension diplomatique. Elle a ainsi[pour mission de promouvoir le renforcement des liens d’amitié entre le Cameroun et les membres de la communauté internationale ceci pour mieux faire connaître et apprécier le Cameroun. L’administration du CERAC est assurée par le bureau exécutif, l’Assemblée générale et les commissaires aux comptes. Ce bureau exécutif que préside madame Chantal Biya travaille avec des commissions sous la coordination générale de l’épouse du Premier Ministre. Depuis quelques années toutefois, le CERAC semble s’enliser dans des difficultés sans nombre liées à la boulimie gombotique des camerounais. Les dons de la première dame sont souvent détournés au profit des membres du Cerac ou de quelques fonctionnaires véreux. On se souvient encore qu’en 2002, une cérémonie de dons aux femmes rurales de Bafoussam avait tournée court. Pelles, brouettes et autres équipements agricoles s’étaient retrouvés dans des domiciles privés. S’il faut ajouter à cela l’absence régulière quoique souvent annoncée de Chantal Biya aux cérémonies de remise de dons dans les régions, il faut croire que sans un sérieux coup de fouet, le CERAC aura bientôt vécu. MICHEL MICHAUT MOUSSALA




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