Hôpital AD LUCEM de Bafang: Le personnel veut la tete du Médecin chef

Par M. Kisito NGALAMOU, à Bafang | La Nouvelle Expression
- 13-Jan-2005 - 08h30   73452                      
4
Il accuse 52 mois d’arriérés de salaires et dénonce la mauvaise gestion de leur patron. Samedi dernier, l’administrateur provisoire de la Fondation Ad Lucem au Cameroun a tenté de concilier les deux parties…
Le malaise social est perceptible à l’hôpital Ad Lucem de Banka, cet établissement dont la réputation est établie et reconnue par plus d’un. La grève que le personnel rageur avait programmée a été presque désamorcée le 8 janvier dernier. Jean Pierre Okala Ahanda, l’administrateur provisoire de la Fondation Ad Lucem au Cameroun, est venu de Yaoundé pour s’enquérir de la situation et tenter de réconcilier les parties. Des infirmiers rencontrés au sortir de cette concertation, l’on aura appris que “Rien n’a été fait”. Et de poursuivre : “L’administrateur provisoire a dit qu’il a déjà des difficultés pour recruter des infirmiers, encore moins un médecin chef.” Il a donné vraisemblablement un message d’espoir au personnel en colère. Celui-ci était pourtant catégorique : “On voulait à tout prix qu’il parte avec son médecin chef”, a lancé un infirmier requérrant l’anonymat. Le malaise est profond. Le personnel revendique 52 mois d’arriérés de salaires. “Les arriérés que nous réclamons ne sont pas successifs. On nous paie avec des retards, et quand nous cumulons tous ces retards, nous nous rendons compte qu’on nous doit 52 mois de salaire”, ajoute Exupère Ninko, un délégué du personnel de l’hôpital Ad Lucem de Bafang approché samedi dernier. Pluie de griefs. En effet, les griefs portés à l’encontre de leur supérieur se trouvent dans une lettre de “Protestation contre le comportement du Dr Essomba Mani, notre médecin chef” adressée à l’administrateur provisoire de la Fondation au Cameroun. Le chapelet est long. “Au plus fort de la crise économique aiguë et dans un environnement particulièrement paysan avec la mévente des produits de base, notre médecin chef a doublé le prix des chambres d’hospitalisation et triplé le coût des actes médicaux et chirurgicaux. C’est au même moment qu’il engage entrepreneur et peintre pour la transformation de vieux services en haut standing et la peinture générale de l’hôpital. Ce sont ces techniciens et autres stagiaires qui inondent l’hôpital, qui goûtent mieux le fruit du travail des infirmiers ; les fins de semaine chez notre médecin chef c’est le jeudi autour de 15 h 30 et les débuts de semaine c’est le mardi. C’est ainsi qu’il ne prend jamais sa garde de week-end. Les ponctions financières à temps et à contretemps, surtout les week-end prêtent une totale confusion du porte-monnaie du médecin chef avec les caisses de l’hôpital. Le personnel et même les retraités sont dénigrés et insultés de manière grossière, etc ”. En plus, la tenancière du restaurant, à l’entrée de cet hôpital réclame des plats impayés à certains infirmiers, le personnel se veut plus que catégorique et rompt les silences gardés face à la turpitude. C’est pourquoi, il ”invite l’administrateur provisoire au changement urgent du Dr Essomba. Et que, dans l’hypothèse contraire, il y aura des grèves surprises d’ici le 1er décembre ”, concluait la correspondance signée des mains de plus de 70 infirmiers. L’on signale aussi des conflits de compétence, sur le terrain, avec certains infirmiers. C’est d’abord l’autorité administrative de la place qui avait tenté de ramener le personnel à de “ meilleurs sentiments ”. Non sans le convaincre, puisque l’Etat n’a pas de subventions à donner, aurait expliqué le préfet. Samedi dernier donc, Jean Pierre Okala Ahanda ne l’a pas plus convaincu. Celui-ci est d’ailleurs nostalgique de l’ancien médecin chef de l’hôpital Ad Lucem de Bafang, Adolphe Fotso, qui “ payait au moins sept mois de salaires sur douze, alors que celui-ci est entre quatre et cinq mois sur douze. Et pire, il ne veut pas de réunion avec nous, il est arrogant ”, raconte-t-il en choeur. L’hôpital Ad lucem de Bafang compte près de 180 agents. Depuis les années 90, les choses ont commencé à se dégrader et cette structure hospitalière a commencé à perdre sa notoriété. Le personnel pense que : “ Pour que cet hôpital retrouve sa forme, il faut qu’on nous envoie des spécialistes ; qu’on nous donne la possibilité de payer les médicaments moins chers pour les revendre à la population moins cher. Les gens auront confiance et ça va aller”.




Dans la même Rubrique