La chute - Tripatouillage des comptes bancaires: Afriland First Bank en flagrant délit de faux

Par Muna Dimbambe | Aurore Plus
Douala - 19-Jan-2013 - 08h30   56769                      
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Bien que l’affaire reste peu médiatisée, elle met malheureusement à nu les pratiques peu orthodoxes ayant cours au sein de la première institution bancaire locale, en termes de dépôts et autres concours à l’économie.
I- Sauf-conduit Pour le cas d’espèce, tout part de la convention signée en 2010 entre le ministère des Forêts et de la Faune et une structure de gestion des projets de développement, en l’occurrence Camdev fondée par sieur Tagne Kamga. Une convention qui autorisait ladite structure à implémenter les financements relevant des Fonds Ppte, alloués à ce département ministériel et tenant notamment de la réalisation des investissements sociaux dans les domaines prioritaires de l’éducation, la santé et les infrastructures de communication. En somme, il s’agit d’une déclinaison opérationnelle de la mise en œuvre effective des différents programmes relevant de la lutte contre la pauvreté, entendue comme le socle par excellence des Grandes Ambitions à l’époque, dans l’optique de réduire de manière significative les affres de la dégradation des conditions de vie des populations et singulièrement de celles riveraines des zones forestières. Pour ce faire, le ministère des Forêts et de la Faune, alors chapeauté par Elvis Ngolle Ngolle entreprit de mettre à la disposition de Camdev, des fonds citoyens conséquents pour assurer le financement des projets relevant de ses domaines de compétence en ouvrant à l’occasion un compte domicilié à Afriland First Bank, en y virant la somme de 1,7 milliard Fcfa, devant être conjointement géré, par, pas moins de quatre autres signataires des cadres du Minfof, notamment pour les décaissements des fonds. Si la procédure de gestion se voulait quelque peu lourde, mais sécurisante pour l’Etat, à Afriland First Bank, on entreprit de l’alléger à créant par-devers le mandataire attitré, qui n’est autre que le ministère des Forêts et de la Faune, des sous-comptes pour mieux contourner les dispositions procédurales de contrôle des opérations financières à mettre en branle pour la mise en œuvre des déclinaisons opérationnelles dévolues à Camdev. En fait, lesdits sous-comptes concédaient prioritairement à Tagne Kamga, Pdg de Camdev, la possibilité d’opérer les mouvements de fonds sans recourir aux autres signatures requises, en jouant d’artifice savant, entretenant une sorte d’homonymie quant à la codification bancaire. En fait, les initiales plutôt voisines du compte principal et des sous-comptes offraient à Afriland First Bank la prérogative d’affecter des virements directement dans les sous-comptes, au détriment du compte principal. Ce qui induisait la conséquence, selon laquelle, le ministère des Forêts et de la Faune n’était plus partie prenante dans les décaissements de fonds qui s’opéraient désormais avec la seule signature de son partenaire Camdev et partant, sieur Tagne Kamga. Suffisant pour qu’Afriland First Bank s’approprie littéralement la gestion des mouvements des dépôts du Minfof, émanant des Fonds Ppte. Et c’est ainsi que lesdits dépôts furent détournés de leur dévolution réelle, la banque domiciliataire se servant du paravent de Camdev, pour les écarter de la destination initiale. II- Récurrence Analyse faite, le cas des Fonds Ppte du Minfof est loin d’être un cas isolé, tant il est désormais de mise qu’il s’agit en fait d’une pratique récurrente ayant cours à Afriland First Bank. C’est le cas effectivement de le dire, à en juger par les artifices utilisés par les dirigeants statutaires et opérationnels de cette banque qui ne s’offusquèrent guère de torpiller les dispositions afférentes à la gestion des fonds publics, qui du reste faisaient davantage l’objet de dépôts à terme, en garantie des investissements que devrait réaliser Camdev. En effet, c’est en s’y fondant que, Camdev, le partenaire du Minfof obtint de la banque en question, des avances de fonds à hauteur de 1,7 milliards Fcfa desdits dépôts à terme. Pour ce faire, Afriland First Bank entreprit de muer une partie des-dits dépôts en bons de caisse en prenant bien évidemment le soin de leur assigner la caractéristique de bons anonymes afin de brouiller toute trace pouvant permettre d’en identifier les détenteurs ou bénéficiaires. Un subterfuge savant qui lui octroyait la possibilité de souscrire en toute légalité aux fonds déposés par le ministère des Forêts et de la Faune et de renflouer au passage sa trésorerie plutôt mise à mal par des placements improductifs. En effet, autant les dépôts à terme ne sont éligibles pour leur souscription que des personnes morales, Afriland First Bank savait ne pouvoir les manipuler à dessein et s’en tint à émettre de nombreux bons de caisse que cette banque savait plus accessibles en leur affectant le caractère anonyme. En somme, ladite banque qui savait se fonder sur las dispositions de l’arrêté n°357 de l’ordonnance 73/27 du recueil de la Béac, pensait ainsi se prémunir des poursuites judiciaires y afférentes, tant il est vrai que ledit arrêté concède aux personnes physiques résidentes ou non de souscrire à ces titres d’épargne anonymes. Mais au su de la récurrence de ce mode opératoire ayant cours à Afriland first Bank, on en vient plutôt à l’assimiler à un artifice savant pour spolier les ressources financières publiques dont elle a à charge la gestion. En effet, il est constant de comprendre que cette option participait par ailleurs de la souscription par ladite banque d’un grand nombre de bons de caisse anonymes et très peu de dépôts à terme pour se prémunir de quelque contrôle afférent à la dévolution réelle des fonds mis à sa disposition par le Minfof dans le cadre de l’implémentation des projets citoyens confiés à Camdev. Surtout que dans la pratique, il s’agissait en fait de financer des projets fictifs au travers des fonds ainsi ponctionnés en s’appuyant sur des projets y afférents élaborés par Camdev. Ainsi en a-t-il été de celui relatif à la fourniture à Camtel des kits de téléphones mobiles et des accessoires, dont le financement émanait du nantissement des dépôts à terme souscrits en garantie du marché y relatif. Dès lors, il devenait plus aisé à ladite banque d’opérer des sorties de fonds publics, dont elle assurait la gestion, quitte à opérer plus tard des renflouements en déclarant les marchés infructueux, eu égard à leur caractère fictif à l’essence. III- Pratiques mafieuses Analyse faite, on en vient à croire que ces véritables pratiques mafieuses visent simplement à se servir sur les fonds publics pour concéder aux affidés de la banque, la possibilité de réaliser des investissements sans bourse délier. Car, en mettant la main sur les fonds de garantie tenant aussi bien des bons de caisse anonymes et même des dépôts à terme, elle savait, par simple jeu d’écriture, en modifier la dévolution initiale à des fins mercantilistes. Et quand bien même la banque peut par la suite opérer un nivellement du compte lourdement débiteur géré unilatéralement par Camdev, il ne fait point de doute que le mal aura été fait. Des dysfonctionnels opérationnels que n’a pas hésité en son temps de mettre en lumière un rapport conséquent de la Cobac sur lequel s’appuyait déjà votre organe de presse pour conforter les appréhensions des institutions de contrôle de l’activité bancaire (voir ci-contre). Ce d’autant plus qu’avec la découverte de ce véritable pot aux roses, la prétendue surliquidité d’Afriland First Bank n’est en réalité qu’une vue de l’esprit savamment alimentée par ses administrateurs et dirigeants statutaires. Et fort des conclusions plutôt alarmistes de ce rapport, il y a lieu de craindre que cette banque soit en réalité, le paravent par excellence utilisé pour spolier les disponibilités financières publiques. Et ainsi pris, cela constitue à n’en point douter un crime économique à réprimer comme tel. Mais tenant à garder sauve sa notoriété induite, cette banque n’a pas hésité de sacrifier littéralement bon nombre de son personnel d’encadrement. Y étant toutefois, elle a cru se soustraire à la justice en instrumentalisant notamment le juge d’instruction saisi fort à propos par l’ex-ministre des forêts et de la faune. A preuve, cette saisine a permis de mettre aux arrêts depuis 8 mois, Tagne Kamga, Pdg de Camdev pour coaction avérée dans la distraction des fonds publics. Mais si complicité, il y a effectivement eu dans le cadre de cette affaire, on comprend mal que les complices de Tagne Kamga aient longtemps bénéficié du sursis de fait qui fut le leur, avant que, le Tribunal criminel spécial, fort de ses prérogatives n’entre en jeu. En effet, c’est à la faveur de l’appropriation dudit dossier que l’affaire sera mise au-devant de la scène, non sans que le rebondissement y afférent ne mette à nu les velléités de corruption évidente du juge d’instruction du Tgi du Mfoundi en charge du dossier. Malheureusement, c’est désormais une toute autre affaire avec l’entrée en scène du Tribunal criminel spécial qui n’a pas hésité de faire interpeller les principaux protagonistes de cet autre scandale. Scandale d’autant plus nébuleux que pas moins de sept cadres de cette banque sont désormais aux arrêts, traduisant en fait le cloisonnement récurrent de la gestion des fonds publics au sein de celle-ci. Des mandats d’arrêts seraient jusqu’ici non exécutés pour deux autres hauts cadres, parmi lesquels, le Dga N°1, Célestin Guela, le fils de Paul Fokam Kammogne, qui occupe la fonction de Directeur général sans avoir reçu l’agrément de la Cobac. Toutefois, à en juger par l’origine des cadres interpellés, on comprend aisément que cette pratique est une conspiration savamment huilée où chacun des intervenants tient un rôle bien défini. Preuve que l’embellie financière présumée qui est la leur, se fonde essentiellement sur des pratiques mafieuses de cet acabit. Allez comprendre pourquoi, pendant que des hauts cadres sont incarcérés, le Dg, Alphonse Nafack, brille par son indifférence et poursuit aisément son affairisme en usant de son poste et par des pratiques peu orthodoxes pour se faire un enrichissement dans les secteurs de l’immobilier, de la construction des groupes scolaires, l’acquisition des immense parcelles de terrain dans la mégapole de Douala,…




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