Projet maïs : La Conac épingle 47 cadres du Minader

Par | Mutations
- 05-Aug-2009 - 08h30   60002                      
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La mission d'investigation de cette instance sur la corruption au sein du programme recommande des poursuites judiciaires.
Transmis au Vice premier ministre chargé de l'Agriculture et du Développement rural (Minader), Jean Nkueté, le 12 juin 2009, le rapport de la mission d'investigation de la Commission nationale anti-corruption (Conac) sur les pratiques de corruption au sein du programme national d'appui à la filière maïs (Pnafm) du Minader confirme la vénalité de 47 cadres du Minader. La conclusion du texte commis par Jérôme Emilien Abondo (chef de mission), le commissaire divisionnaire Ekoumilong, Alfred Etom et Gilbert Bayoi, souligne par ailleurs qu'après des "calculs effectués de manière sommaire et en attendant une enquête approfondie par les services compétents, les sommes détournées s'évaluent à environ 700 millions de Fcfa". Les commissaires recommandent également que compte tenu de l'ampleur et l'étendue des actes de corruption dont les "conséquences peuvent affecter durablement l'équilibre alimentaire du pays et entraîner des secousses sociales, aux conséquences imprévisibles, il serait souhaitable que les pouvoirs publics prescrivent une information judiciaire en vue de déterminer avec exactitude la responsabilité des uns et des autres dans cette affaire afin que tous répondent chacun en ce qui le concerne de leurs actes". Pour parvenir à ce résultat, le travail élaboré par la mission d'investigation de la Conac a notamment ciblé le grand bassin de production de maïs qui se constitue des régions du Centre, du Sud, de Sud-Ouest, du Littoral et de l'Ouest. Au rang des éléments mis au passif des responsables en cause au Minader, figurent des paiements irréguliers de la subvention aux organisations dont les localités citées, en plus de ne pas être conformes dans certains cas, n'existent nulle part dans la République. Dans le même registre, les investigations des commissaires ont permis de constater le paiement par les administrateurs du projet des montants de plus de 100 000Fcfa en numéraire à des bénéficiaires ne remplissant pas les conditions prévues par la règlementation en vigueur. Des irrégularités qui font dire aux commissaires que les cas de malversations réelles, ont été identifiées dans toutes les cinq régions (19 départements) visées. Selon le rapport, en plus de la coordination du programme, à divers niveaux, des responsables des démembrements sont également épinglés. L'on signale d'ailleurs que certaines organisations paysannes à l'instar du Gic des agricultures et des éleveurs de la Vallée du Ntem du village Akoulouzok, se font des complices des détournements des fonds à travers leur caution apportée aux pratiques peu orthodoxes des responsables du Minader. L'enquête effectuée entre le 22 décembre 2008 et le 20 janvier 2009 reconnaît fondées, les dénonciations faites par l'Acdic qui a ainsi mis à nu, un vaste scandale financier autour de la gestion du Pnafm. Bernard Njonga D'un montant global de deux milliards de Fcfa, les détournements du soutien et la promotion de la filière maïs ont été révélés le 03 décembre 2008 par le président de l'Association de défense des intérêts collectifs (Acdic), Bernard Njonga. A l'occasion de la conférence de presse qu'il a donnée ce jour là, le patron de l'Acdic a procédé à la projection d'un documentaire sur les détournements, la corruption, le clientélisme, la navigation à vue, etc., en cours au Minader. Pou Bernard Njonga, les pratiques citées plus haut auront provoqué la crise du maïs vécue au Cameroun au cours de la période citée plus haut. Au mois de décembre par exemple, le kilogramme de cette denrée est passé de 90Fcfa les années précédentes à 185Fcfa. Au moment des faits, l'Acdic évaluait à 1,2 milliard de Fcfa l'enveloppe ainsi distraite. Selon l'enquête réalisée à l'époque par cette Ong, des 60 tracteurs indiens offerts au gouvernement camerounais en 2006 pour dynamiser son agriculture, cinq seulement sont finalement parvenus à leurs vrais bénéficiaires, les agriculteurs. Pour lui, le reste de la cargaison a été "détourné par des ministres et assimilés, des hauts cadres de l'administration, et des députés" Ce documentaire aura été riche en révélations: des tracteurs cachés dans les résidences de ministres et parfois inutilisés au village depuis deux ans. L'Acdic avait prévu une marche devant les locaux du Minader pour protester contre ces détournements dénoncés mais dont personne ne veut en parler comme s'il s'agissait d'un secret d'Etat, alors qu'il s'agit d'un vol. Cette manifestation fut naturellement interdite. Léger Ntiga

Investigations : Un rapport accablant

La mission de la Conac confirme les dénonciations de l’Acdic. I- CONSTATS ET ANALYSES I-1.1 Constats généraux: La mission a constaté un ensemble de dysfonctionnement dans la mise en œuvre du PNAFL. Notamment : a. Une appréciation divergente de la vision du projet: Les objectifs du PNAFM sont diversement compris et interprétés par les intervenants. Pour la plupart des responsables du PNAFM, " l'objectif de développement de la production du maïs étant secondaire pour le programme, l'objectif principal étant la réduction de la pauvreté" . Pourtant dans le document de base du programme, ce dernier a pour objectif d' "améliorer la production et les revenus des producteurs de maïs" . En termes spécifiques, le projet vise à faire en sorte que " la production nationale de maïs couvre tous les besoins (augmentation d' au moins 10% par an pendant trois ans ) et que la filière organisée permette aux producteurs d' améliorer leurs revenus" . b) Une absence de transparence dans le processus de sélection des bénéficiaires de la subvention : Un ensemble de critères a été arrêté en termes de procédures et de qualifications pour la sélection des bénéficiaires des subventions dans le cadre du PNAFM. Ces critères ne sont respectés ni par les comités de sélection au niveau départemental ni par la coordination nationale du PNAFM. Quelques constats faits sur le terrain permettent de l' illustrer: - Les six critères devant guider la pré analyse du micro projet conformément au guide de sélection élaboré ne sont pas respectés, à savoir: la conformité, la pertinence du projet, l' impact du projet, la viabilité financière du projet, la pérennité du projet, la synergie avec les autres appuis reçus .Tous départementaux passés en revue se limitent à la conformité des projets sur la forme Ceci laisse la porte ouverte à la manipulation des membres des comités par rapport à la pertinence des demandes sélectionnées - Il n'existe pas un agenda pour les séances de sélections. Les organisations des producteurs rencontrées disent ne pas savoir quand elles doivent soumettre leurs dossiers. Les membres des comités de sélection départementaux disent ne pas savoir à temps quand ils doivent se réunir et ils attendent leurs inspections de la coordination nationale. Quand celles-ci arrivent, le coordonnateur ne leur accorde souvent que quelques jours pour se préparer. Par conséquent, les producteurs et les encadreurs sont mis sous pression au dernier moment, ce qui réduit le temps consacré à l'analyse en profondeur des dossiers et ouvre la porte aux choix subjectifs volontaire ou involontaire. La mission a constatée que : -Des GIC figurant sur la liste des bénéficiaires ne se retrouvent nulle part dans les localités où sont supposés conduire leurs activités. Sur 97 GIC enquêtés, 30 se retrouvent dans cette configuration. C'est le cas par exemple du GIC Amitié de Chudim dans le Ndé, du GIC des Agriculteurs Eleveurs de la Vallée du Ntem et du GIC POULE CAM à Akoulouzouk du même département, du GIC AEM d'Edéa II dans la Sanaga Maritime,Don't let me down CIG et FARUF CIG dans la Mémé, etc. Ce cas de figure intègre le GIC qui apparaissent sur la liste des bénéficiaire finaux d'un département, dont les noms ne diffèrent que d'une lettre de ceux des GIC réels figurant sur la même liste, mais qui sont introuvable sur le terrain. Le cas des GIC ABIELEL à Melong dans le Moungo est illustratif de cette situation. Les GIC ABIELEL existe bel et bien et le délégué de ce GIC affirme avoir perçu sa subvention alors que le GIC ABIELEL n'existe nulle part, et les recoupements de la CONAC cet autre GIC a également perçu la subvention et celle-ci a effectivement été déchargée par Mme ETOUME Jeanne CNI no 101232321du 02.03.2001. -Des GIC non sélectionnés par le Comité départemental mais dont le nom apparaît sur la liste des bénéficiaires, introduit par la coordination nationale, et qui ne se retrouvent pas dans les localités où ils sont pourtant annoncés sur du papier. Presque tous les responsables de l'encadrement dans la quasi totalité des départements ont affirmés que cette situation s'est produite dans leurs circonscriptions respectives. C'est le cas, par exemple des GIC COF de Ndick,GIC Bia Bia d'Oyak et GIC confiance (sans indication de la localisation géographique ) dans le Nyong et So'o; le GIC AFEPROC de Goufan et le GIC FECUDYN de Nyokon dans le Mbam et Inoubou rentre dans cette même catégorie. -Des cas de GIC déclarés dans une localité, mais qui affirment mener leurs activités une autre localité. Ce cas de figure se rencontre dans les grands centres urbains et auprès des GIC qui tentent de dissimuler le fait de n'avoir pas utilisé la subvention dans les activités de production de maïs. C'est le cas des GIC AAPC de PK30 dans le Wouri, dont la déléguée n'a pu justifier l'utilisation de la subvention pour la production du maïs au motif ses champs sont éparpillés dans les différent coins du département. Il est de même du GIC Balanbakindi d'Ekiliwindi dans le département de la Mémé dont tous les membres sont basés plutôt à Kumba. Un seul membre dudit GIC identifié à son lieu de service (Délégation départementale de l'agriculture) déclare avoir fait un champ de mais qui n'a pu être présenté à la mission d'investigation. c. Une gestion non uniforme de l'informe de l'information fournie aux demandeurs et aux bénéficiaires de subventions L'information donnée aux producteurs sur l'opportunité de subvention qu'offre le PNAFM n'est pas toujours diffusée de manière objective. De même les procédures d'information des demandeurs sur le sort réservé à leurs dossiers ne sont pas uniformes. Dans certaines localités, la liste des bénéficiaires est affichée et diffusée par voie de communiqué radio. Dans d'autres, les bénéficiaires sont informés individuellement, tandis que dans une troisième configuration, certains GIC bénéficiaires sont informés de bouche à oreille par leurs congénères. Cette dernière pratique cache la fraude et le détournement. Ainsi, Des nombreux GIC ayant bénéficié d'une subvention, n'ont jamais été informés. Pourtant, ils figurent dans le registre du PNAFM comme ayant perçu ladite subvention. 13 GIC sur les 64 enquêtés sont dans cette situation. -D'autre GIC très dynamiques n'ayant jamais demandé la subvention, non seulement apparaissent sur la liste des bénéficiaires, mais sont supposés l'avoir effectivement reçu e. Pourtant, ils n'en ont été informés que par la mission de la CONAC. IL est très probable que certains responsables du MINADER, jouant sur la notoriété de ces GIC, montent des dossiers à l'insu de ces derniers, obtiennent la subvention et captent celle-ci par fraude. Quand bien même ces GIC sont informés par des personnes tierces, ils s'entendent répondre qu'il y aurait eu erreur sur la dénomination du GIC. Ainsi ils sont écartés de la remise de la subvention. C'est le cas vécu par le GIC des agricultrices de Londji Péage "Femmes Solidaires" à Kribi dans le département de l'Océan pour la subvention BIP en 2006. Le non respect du principe de neutralité des membres des comités de sélection. La mission a constaté sur le terrain que certains des comités de Sélection des bénéficiaires sont en même temps Délégués ou Membres des GICdont les dossiers ont été examinés et approuvés par lesdits comités. Au regard de l'intérêt qu'ils ont dans l'objet de la sélection, ils deviennent de fait juges et parties. Des 24 agents d'encadrements interrogés par la mission, 15 sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans le actes de malversations dans le processus de sélection, d'information des bénéficiaires de la subvention ou de distribution de celle-ci. Des cas illustratifs ont été constatés à Eséka dans le département dU Nyong et Kelle, où le cadre de suivi département al( membre du Comité paritaire de Sélection) est en même temps délégué du GIC JALI bénéficiaire de la subvention pour l'année 2008. Il est de même du cadre de suivi départemental du Mbam et Inoubou qui lui aussi est délégué du GIC APABA bénéficiaire de la subvention pour 2008. Les producteurs originellement ciblés par la subvention se trouvent ainsi en compétition déloyale avec leurs encadreurs pour l'obtention de la subvention. e. Le non-respect des principes de management en matière de finances publiques : Plusieurs anomalies ont été constatées dans l'exécution financière du PNAFM. Le PNAFM est l'un des rares programmes du MINADER dont les engagements sont faits, pour certains types de dépenses, à la fois par le Ministre et par le Coordonnateur national du programme selon une clé de répartition qui a échappé à la mission. À titre d'illustration, pour le payement de subventions, le Ministre désigne le Coordonnateur du PNAFM comme billeteur ad hoc, alors que ce dernier engage les autres dépenses du programme. L en résulte ici une confusion de rôles en ce qui concerne le coordonnateur du PNAFM. Il en est à la fois comptable et gestionnaire. =Les procédures de paiement des bénéficiaires sont entachées d'irrégularités. =La mission a constaté que : Les paiements des sommes supérieures à 100000 Fcfa sont effectués en numéraire, ce qui constitue une entorse à la réglementation en matière de gestion des finances publiques, puisque cette dernière spécifie que toute somme supérieure à ce montant soit payée par virement bancaire. Cette pratique ouvre la voie à la fraude et au x détournement. Certains GIC dont les noms apparaissent deux fois sur la liste des bénéficiaires finaux dans un même département ont effectivement perçu doublement la subvention. C'est le cas du GIC JALI de Linguen dans le Nyong et Ekelle dont le Délégué qui est, dans un même temps, le cadre de suivi départemental du PNAFM, reconnaît son GIC a touché deux fois la subvention pour le compte de la même année 2008. En vérifiant les conventions signées entre les GIC et le PNAFM, on constate deux signataires distincts pour le compte de ce même GIC : le Délégué et un membre. Par ailleurs, la mission a constaté un cas similaire à Foumbot où le GIC AEEF de Foumbot apparaît deux fois sur la liste des bénéficiaires et où le Délégué ne reconnaît avoir touché une seule subvention. Les recherches de la CONAC ont démontré que l'autre subvention a été touchée par M Njundem Philippe, CNI no 101287046du 22.11.2000. -Quelques délégués de certains GIC bénéficiaires se sont vus refuser les fonds octroyés après avoir donné l'acquit libératoire. C'est le cas du Gic Apaba dans le Mbam et Inoubou dont le délégué en même temps Cadre de suivi départemental a déclaré que l'enveloppe destinée à son GIC aurait été confisquée par son Délégué départemental en la personne de M. Anguene Anguene André, au vu et au su du Coordonateur national du programme. Le cas du GIC Agremobam de Mbouda rentre également dans ce cas. -Plusieurs GIC bénéficiaires ont été engagés dans une seule convention par un unique signataire. Ce cas de figure a été constaté après analyse des documents de paiement saisis dans le Dja et Lobo et fourni en annexe. -Certains GIC bénéficiaires n'ont reçu qu'une partie de la subvention qui leur a été attribuée par décision ministérielle. L'explication donnée par le personnel d'encadrement est que le somme retenue à la source est destinée à couvrir les frais de suivi de mise en œuvre de micro projets subventionnés. Le problème ici est l'absence d'uniformité du taux prélevé qui varie de 20.000 Fcfa à 150.000 Fcfa en fonction de l'enveloppe de la subvention allouée au GIC et de l'humeur du coordonateur du Pnafm, billeteur ad hoc. -Des cas d'extorsion de fonds aux paysans bénéficiaires de la subvention par leurs encadreurs de proximité. C'est le cas par exemple de certains GIC de l'arrondissement de Yaoundé 1er qui, après perception de la subvention se sont vus extorqué une fraction importante de leur argent par les agents de la délégation d'arrondissement, prétextant ainsi couvrir les frais de montage et de suivi du dossier de demande de la subvention. Un autre cas similaire a été constaté dans le département du Ndé où le GIC Apaban de Banekane s'est vu retirer la somme de 100.000 Fcfa par le cadre de suivi départemental en la personne de M. Sobgui Dieudonné. f- La mauvaise utilisation des fonds alloués à la production du maïs Sur l'échantillon de 64 GIC bénéficiaires enquêtés par la mission, 12 ne disposent pas de champs de maïs et n'ont jamais été impliqués dans cette spéculation. Bien plus, il existe des cas de GIC bénéficiaires de la subvention dont les activités déclarées ne prévoient pas la production agricole en générale et encore moins la production de maïs. C'est le cas, par exemple du GIC AFRO (artisanes de l'Ouest) dans le département de la Menoua qui est un GIC d'artisans dont le délégué (Mme NOUKEU NJIKOUE épouse TCHAPA Viviane) affirme que les activités actuelles se limitent à l'exploitation d'un moulin offert par le projet Telefood. Pourtant le GIC a bel et bien reçu en 2008 la subvention destinée à la production du maïs. Par ailleurs, de nombreux délégués du GIC ont affirmé à la mission avoir distribué la subvention en espèces à leurs membres qui ont usé à leur guise, sans nécessairement produire de maïs. g. L'absence de suivi et de contrôle à tous les niveaux de la mise en œuvre du programme A la suite des entretiens avec les responsables à tous les niveaux de la chaîne d'encadrement du PNAFM, il se dégage clairement qu'il existe un véritable déficit de suivi et de contrôle dans la mise en œuvre de celui-ci. -Au niveau de la Coordination Nationale, le coordonnateur, surpris par les faits constatés et rapportés par la mission, déclare ne pas avoir les moyens suffisants pour effectuer le suivi et le contrôle de la mise en œuvre du programme dont il a pourtant la charge. -Au niveau des régions, les délégués régionaux du MINADER sont totalement tenus à l'écart par le PFAFM. Ils déclarent que la Coordination nationale travaille directement avec le Point focal régional qui lui, même traite directement avec les cadres de suivi départementaux. C'est ainsi qu'a la Délégation régionale du Littoral le Délégué a été surpris à la fois des faits observés dans sa localité par la mission et des actes posés à son insu par le Point focal régional qui se trouve pourtant être une de ses collaborateurs directes. - Bien qu'étant Rapporteurs des Comités paritaires de Sélection des appuis(CPSA), les Points focaux régionaux du programme avouent souvent être ignorants des réalités et des pratiques en cours au niveau des départements. -Au niveau des Départements, les responsables interpellés sur les cas de malversations constatées se rejettent mutuellement la responsabilité. Le Délégué départemental dit n'être que Président du Comité de Sélection et prétend tout ignorer de l'exécution du PFAFM. Le cadre de suivi y étant seul impliqué. Le cadre de suivi, quant à lui, tente de se défausser sur le Chef de poste agricole et l'AVZ qui sont les encadreurs de proximité des paysans. Comme l'a constaté la mission d'enquête, tout le monde se renvoie la responsabilité et personne (depuis la coordination nationale jusqu'au Chef de poste agricole) ne semble responsable de quoi que ce soit au PNAFM. I-1.2 Analyses Au vu des constats effectués par la mission d'enquête, ceux-ci appellent les analyses suivantes : =Des cas de malversations ont été identifiés dans toutes les cinq (05) Régions et tous les dix neuf (19) départements parcourus par les enquêteurs de la CONAC. Au regard du nombre de régions couvertes par cette mission, ce constat amer pourrait permettre d'affirmer que le phénomène est étendu dans toutes les régions du pays, et il n'y en a aucune qui soit plus affectée les autres. =Les témoignages recueillis et les faits observés permettent d'affirmer que les responsabilités de ces malversations se situent à tous les niveaux de la chaîne d'encadrement. Depuis la Coordination nationale jusqu'à l'encadrement de proximité, en passant par les Coordinations régionales, les Comités paritaires de Sélection départementaux, et les Cadres de Suivi départementaux. Certaines organisations paysannes comme le GIC des Agriculteurs et Eleveurs de la Vallée du Ntem au village Akoulouzok se font des complices de ces détournements de fonds, embarqués dans cette opération par des responsables du MINADER chargés de les encadrer. =Nous pouvons affirmer qu'une portion congrue seulement des ressources financières allouées à la subvention de la production du maïs dans le cadre du PNAFM est allée dans les champs. La majeure partie ayant servi les intérêts égoïstes des individus en charge de la gestion et de l'encadrement d'une part, et le financement des projets des paysans autres que ceux liés à la production du maïs, d'autre part. les sommes ainsi diverties pourraient s'élever à sept cent millions (700.000.000) de FCFA sur l'ensemble du territoire national. II- RECOMMANDATIONS Dans l'avenir et pour assurer le succès du Programme maïs, il importe que soient prises en compte les recommandations ci-après dégagées par la mission d'enquête : =Maintenir le projet dont l'importance est vitale dans la lutte contre la pauvreté tant dans les zones rurales que périurbaines ; =Envisager que désormais, la subvention soit entièrement ou partiellement octroyée en nature (matériel végétal, semences, engrais, petit matériel agricole) plutôt qu'en numéraire ; =Privilégier le paiement par virement bancaire et, par conséquent, proscrire tout paiement en espèces ; =Prendre des mesures porque les fonds destinés à la production du maïs soient débloqués à temps pour correspondre au calendrier agricole et surtout à la période des semailles ; =Organiser les circuits de commercialisation afin d'aider les producteurs à écouler la maïs produit ; =Identifier préalablement, à travers une sélection rigoureuse uniforme et équitable, les GIC devant bénéficier de la subvention ; =Multiplier des visites de contrôle et de supervision du PNAFM sur le terrain ; =Procéder aux poursuites administratives et judiciaires contre les auteurs des détournements et actes de corruption relevés. CONCLUSION Au terme des vérifications effectuées sur le terrain et de l'examen attentif des documents, la mission a pu dégager les éléments suivants : =Absence de transparence et deb calendrier dans le processus de sélection des bénéficiaires de la subvention ; =Existence de dossiers légitimant plusieurs GIC fictifs dont le nombre s'élève à 30 sur les 97 enquêtés ; =Double perception des subventions par un seul GIC. (ces cas sont nombreux) ; =Responsabilité de la Coordination Nationale dans l'introduction sur la liste des bénéficiaires de GIC n'ayant pas été sélectionnés. En définitive, il apparaît pour la mission d'enquête, que les faits dénoncés par l'ACDIC sont fondés pour une grande part et mettant à nu un vaste scandale financier autour de la gestion du PNAFM. Il convient ici de relever que des sommes énormes ne sont pas allées dans la culture, mais ont été distraites au détriment des véritables destinataires à travers un système huilé mis en place depuis la Coordination Nationale du PNAFM jusqu'au chef de poste agricole des zones les plus reculées. De toute évidence, on peut affirmer que les responsabilités dans cet immense réseau de prévarication sont partagées entre les responsables à tous les niveaux, à savoir de la Coordination du Programme à Yaoundé aux chefs de postes agricoles, en passant La liste provisoire des suspects 1- Sikapin Paul, Coordonnateur national du Pnafm 2- Anguene Anguene André, Ing. Agri (Cpsa Mbam et Inoubou) 3- Etiga Bebga Apollinaire, Ing. Ppal (Cpsa Nyong et Kelle) Tchomtchoua Philippe, Tech. Agri. (Cpsa Mbam et Inoubou) 4- Sangou André, Délégué Gic, (Vallée Ntem) 5- Sobgui Dieudonné, Ing. Agri, (Cpsa Ndé) 6- Engono Assingui Martin, Délégué Gic, (Cpsa Dja et Lobo) 7- Obame Zang, Délégué Gic, (Cpsa Dja et Lobo) 8- Mvondo II Serges, Délégué Gic, (Cpsa Dja et Lobo) 9- Tape, Ing. Agri. Ddader, (Cpsa Moungo) 10- Evina Parfait Magloire, Ing. Agri. (Cpsa vallée du Ntem) 11- Tek A Boe, Délégué Gic, (Cpsa Mbam et Inoubou) 12- Tous les membres des Cpsa des Bamboutos, Mfoundi, du Faro et Deo, de la Meme (pour la période 2006-2008), s'étant octroyé des subventions pour leurs Cpsa respectifs ; 13- Mohamadou Babba, Délégué de Gic (Cpsa Adamaoua) 14- Leinga Nicole, Délégué de Gic (Adamaoua) 15- Etoume Jeanne, Délégué Gic, (Cpsa Moungo) 16- Aboubakar Issa, Délégué de Gic (Adamaoua) 17- Maïpa Pulchérie, Délégué de Gic (Cpsa Faro et Deo) 18- Atangana Charles, Délégué de Gic (Cpsa Mfuondi) 19- Missoni Moule hervé, Délégué de Gic (Cpsa Mfoundi) 20- Irengue Paul, délégué de Gic (Cpsa Mfoundi) 21- Atangana Béatrice, Délégué de Gic, (Cpsa Mfoundi) 22- Wandji, Délégué de Gic, (Cpsa Mfoundi) 23- Nguele Biwa Clara, Délégué de Gic, (Cpsa Mfoundi) 24- Atenga Aimé Délégué de Gic, (Cpsa Mfoundi) 25- Ndongo Elie Délégué de Gic, (Cpsa Mfoundi) 26- Biwole Biwole Délégué de Gic, (Cpsa du Haut-Nyong) 27- Beli Tize, Délégué de Gic, (Cpsa Mayo-Tsanaga) 28- Abdoulaye Moutourwa, Délégué de Gic, (Cpsa Diamare) 29- Deli Deli, Délégué de Gic, (Cpsa Mayo-Tsanaga) 30- Tize Harouna, Délégué de Gic, (Cpsa Mayo-Tsanaga) 31- Koagne Youmbi Jean Michel, Délégué de Gic, (Cpsa Moungo) 32- Kepemo Jean Claude, (Commerçant Moungo) 33- Djolla Djolla S. Délégué de Gic, (Cpsa Wouri) 34- Bouba Djall Délégué de Gic, (Cpsa Faro) 35- Lefeh Eveline Délégué de Gic, (CpsaDonga Mantung) 36- Dongmo Jean François, Délégué de Gic, (Cpsa Faro) 37- Donfack Jean, Délégué de Gic, (Cpsa Ouest) 38- Boudie Tapia, Délégué de Gic, (Cpsa Ouest) 39- Nde Elie, Délégué de Gic, (Cpsa Ouest) 40- Tiadeu Lucas, Délégué de Gic, (Cpsa Ouest) 41- Nchinda Christine, Délégué de Gic, (Cpsa Bamboutos) 42- Madoung Christine, Délégué de Gic, (Cpsa Bamboutos) 43- Tchuyassi, Délégué de Gic, (Cpsa Bamboutos) 44- William Tako, Délégué de Gic, (Cpsa Fako) 45- Mbu Ayuke Eugène, Délégué de Gic, (CpsaMeme) 46- Fomo Jacob, Délégué de Gic, (Cpsa Meme) 47- Noukeu Viviane, épse Tchapa, Délégué de Gic




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