REMEMBER ‘’13 SEPTEMBRE, JOURNEE DES HEROS NATIONAUX ET DES MARTYRS’’ - Le jour où Lamberton et Um Nyobe se sont rencontrés

Par Célestin Bedzigui | Correspondance
- 14-Sep-2012 - 08h30   64488                      
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"Le peuple camerounais semblait accepter, dans une attitude proche d’un viol avec consentement, que soit mutilée son histoire et effacée la mémoire de ses héros et martyrs morts pour notre liberté, par ceux la même qui y étaient opposés, mais entre les mains desquelles, par une imposture historique, un pseudo ‘’ indépendance’’ sera remise le 1er janvier 1960"
REMEMBER ‘’13 SEPTEMBRE, JOURNEE DES HEROS NATIONAUX ET DES MARTYRS’’ Le jour où Lamberton et Um Nyobe se sont rencontrés Regardez la photo ci-dessous. Elle figure une des pages les plus tristes de l’Histoire du Cameroun. On y voit, pour la première fois, au premier plan, en culotte, en ZOPAC dans la Sanaga maritime, le 13 Septembre 1958, le tristement célèbre Colonel Lamberton, celui de la formule connue de ‘’ Le Cameroun va vers l’indépendance avec un caillou dans la chaussure, les Bamilékés…’’ A ses pieds gît le corps de Ruben UM NYOBE, symbole et héros de la lutte nationaliste, abattu sans sommation et dans le dos ce jour là dans la forêt de Boumyebel. Lamberton finira sa carrière militaire avec le grade de Général de Division, une manière de la France de le ‘’ récompenser ’’. Um Nyobe quant à lui recevra pour sépulcre un bloc de béton dans lequel son corps sera coulé dans une tombe, au cimetière protestant d’Eseka. Presque oublié par le peuple, il est ignoré, comme ses compagnons, par le régime installé à la tête du pays depuis 1960, sans rue, sans place, dédiées à sa mémoire….

LE COLONEL LAMBERTON A DROITE EN CULOTTE EN ZOPAC
EN 1958 AVEC A SES PIEDS LE CORPS DE RUBEN UM NYOBE
Photo: © CB
. Cette photo m’a été communiquée il ya quelques années par un Officier Général de l’armée camerounaise de mes connaissances. J’ai attendu ce jour pour la partager avec le public. Et pourquoi ce jour ? Pour éveiller à la conscience patriotique et convoquer au devoir de mémoire le peuple camerounais. Car ce ne sera qu’en reprenant le flambeau de nos martyrs que nous défierons et romprons avec l’esprit répressif de la gouvernance publique héritée de la colonisation pour fonder les bases autant éthiques et morales que politiques et économiques dont notre pays a tant besoin, pour trouver le chemin et de la réconciliation avec lui-même, et de sa prospérité . Le peuple camerounais semblait accepter, dans une attitude proche d’un viol avec consentement, que soit mutilée son histoire et effacée la mémoire de ses héros et martyrs morts pour notre liberté, par ceux la même qui y étaient opposés, mais entre les mains desquelles, par une imposture historique, un pseudo ‘’ indépendance’’ sera remise le 1er janvier 1960 ? Ceux là pourtant, non seulement ont continué l’ extermination des Nationalistes, avec Moumie empoisonné en 1962 à Genève, Ossende Afana mitraillé avant d’ être décapité en 1969 à Moloundou, Ernest Ouandie exécuté sur la place publique en 1971 à Bafoussam, mais aussi perpétuent l’ oppression des Camerounais telle que vécue aujourd’ hui, par les brutalités des hommes en tenues, les entraves administratives et diktats des sous-préfets, les règlements de compte judiciaires, pour leur empêcher l’ exercice de leurs droits politiques et humains. En Septembre 2011, pour pallier cette grave anomalie, avec un groupe de Patriotes, nous avons pris l’initiative citoyenne de consacrer la journée du ‘’13 Septembre, Journée des Héros Nationaux et des Martyrs’’ du Cameroun. A cette occasion, une Proclamation Solennelle inspirée par les recommandations des uns et des autres a été rendue publique et un ‘’Comité du 13 Septembre’’ dont le Secrétaire Permanent est le Pr Franklin Nyamsi, Agrégé de Philosophie, a été mis en place. Cette date qui correspond à la date anniversaire de l’assassinat de Ruben Um Nyobe veut rappeler au souvenir de tous les Camerounais que des compatriotes qui s’opposaient à l’asservissement de nos populations depuis la colonisation allemande et française jusqu’ au présent régime, ont sacrifié leur vie, alors qu’ils étaient jeunes ou pour certains, dans la force de l’âge. Il était en effet inconséquent de continuer d’attendre de ceux là qui, installés dans la logique d’ une continuité colonialiste- néocolonialiste qui prive le peuple camerounais de ses droits humains, civiques, politiques , et économiques de base, qu’ils prennent l’initiative de célébrer la mémoire de ceux qu’ils ont massacrés, torturés, présentés comme des criminels alors que leur seul crime était d’ avoir rêvé d’ un Cameroun profitant aux Camerounais. La proclamation du ‘’13 Septembre, Journée des Héros Nationaux et des Martyrs’’ et sa célébration sont donc un acte d’émancipation patriotique. Elles signent une volonté d’appropriation de notre Histoire et sont autant de pierres à l’édification du ‘’Panthéon Mémoriel’’ que nous rêvons de voir un jour être érigé en temple dédié à la mémoire de ceux là qui, par leur combat et le sacrifice de leur vie, ont fondé la Nation Camerounaise. Bâtir ce ‘’Panthéon Mémoriel’’ est une œuvre ardue, tant sont profonds les effets du lavage de cerveau dont les Camerounais ont été victimes depuis des décennies. Guerre Révolutionnaire Le lavage de cerveau des Camerounais s’est opéré par la combinaison d’une répression politique et militaire sanglante et d’une guerre psychologique féroce dont les methodes ont été théorisée par le Colonel Lacheroy dans la doctrine de la Guerre Révolutionnaire - en fait la guerre contre-insurrectionnelle- élaborée après la défaite militaire de la France en Indochine. Ses champs d’ expérimentation ont par la suite été l’ Algérie, où la France coloniale a été à nouveau défaite, et… le Cameroun, où par contre, elle a remporté une victoire militaro-politique qui lui a permis d’ installer au pouvoir le régime néocolonial en place depuis ‘’ l’ indépendance’’. C’est ainsi qu’en plus de leur extermination physique systématique, la propagande coloniale a accolé aux combattants nationalistes le label infamant de ‘’ terroristes et maquisards’’ compris comme ‘’criminels’’, une perception ancrée dans l’esprit du petit peuple depuis lors. C’ est cette distorsion cognitive qui servira à justifier les atrocités commises par les méthodes de la terreur dite contre-insurrectionnelle, traumatisant et prostrant de larges fractions du peuple camerounais refugié depuis lors dans une passivité surprenante, en comparaison aux sursauts des peuples d’ autres pays d’ Afrique qu’ on a vu se lever massivement et se débarrasser de leurs dictateurs. Quiconque se donne la peine de visiter mentalement les catacombes du martyrologue camerounais découvrira un grand nombre de tombes abandonnées, oubliées, alors même qu’elles attestent de ce que peu de peuples au monde ont payé un prix aussi élevé en vies pour leur liberté et une réelle indépendance de leur pays. En voici quelques exemples pris dans la Proclamation Solennelle du ''13 Septembre, Journée des Héros Nationaux et des Martyrs'', et qui devrait être – et sera un jour – enseigné dans les écoles du Cameroun : • Le Chef Bakweri KUVA LIKENYE, après avoir défait les Allemands en 1891 au cours de la bataille de NAMONGUE (Buea) au cours de laquelle le Commandant Karl Freiher Gravenreuth est tué, il meurt au village de Wonya Mokumba en 1894 ; • OMGBA BISSOGO, Chef des Mvog Ottou, décapité par les Allemands à Yaoundé en 1895 au lieu dit Etoa Meki ; • Le Lamido d'Agorma, le Djaouro de Bamé, le Djaouro de Oubao, le Yérima de Lagdo, le Lamido de Béngui, l‘Ardo de Déngui, pendus le 30 Juillet 1907 par les Allemands à Garoua ; • King Rudolph DOUALA MANGA BELL, pendu à Douala le 08 Août 1914 par les Allemands en compagnie de son Secrétaire Ngosso Din; • Martin Paul SAMBA, fusillé sur la place publique à Ebolowa par les Allemands le 8 Août 1914 ; • Le Chef Batanga MADOLA, pendu à Kribi par les Allemands le 8 Aout 1914 ; • Karnou, qui a dirigé la révolte lors de la guerre du Kongo-Wara contre les Français entre 1928 et 1932 dans la région de Meiganga, Garoua-Boulaï; • Ruben UM NYOBE, Dr. Félix Moumié, Dr. Castor Ossende Afana, Ernest Ouandie, dirigeants Upecistes assassinés; • AUGUSTIN NGOM JUA, ancien Premier Ministre du Southern Cameroons, mort ‘’mystérieusement’’ en 1977 ; • Dr. Marcel BEBEY EYIDI, nationaliste de la première heure, mort ‘’mystérieusement’’ en 1966. • Monseigneur Albert NDOGMO, condamné à mort, exilé, mort en 1995 au Canada ; • Le Chef MBILONGO à Nomo de Nlongbon par Monatélé, déporté à Mentum pour avoir refusé le bourrage des urnes aux élections de 1962. Au moment de son arrestation, il chargera le Sous- Préfet Bengono de dire à Ahidjo qu’il reviendrait mourir dans son village, mais que lui, Ahidjo ne mourra pas au Cameroun. Il sera ramené dans son village pour mourir en 1972 et... l’Histoire dira la suite ; • Albert WOMAH MUKONG, intrépide activiste des Droits de l’Homme, mort à Bamenda le 13 Juillet 2004 ; • Jacques TIWA, nationaliste assassiné le 27 février 2008 à Douala, par la soldatesque du régime du Renouveau. Nous ne saurions oublier, ni les centaines de Mvog Ottou d’ Omgba Bissogo de Mvog Betsi-Yaoundé massacrés par les Allemands en 1895, ni les 300, 000 victimes des massacres des militants Upecistes perpétrés entre 1955 et 1965 dans le Wouri, la Sanaga Maritime et le Bamiléké, ni les déportations massives des Eton et Mvele en 1962 accusés d’ être des ‘’ démocrates’’ dans les camps de concentration de Mentum et Yoko d’ où un grand nombre ne sont pas revenus, ni les citoyens assassinés dans les années 90 dans la lutte pour le multipartisme et la démocratie, ni les 139 morts des émeutes contre la modification de la Constitution en février-mars 2008. MUSOMO versus AFABISME Tout ce sang versé trace une ligne qui définit le véritable clivage du champ politique camerounais, lequel comporte ainsi substantiellement deux pôles, les centaines de partis politiques enregistrés ne constituant qu’une ‘’ridicule farce à la camerounaise’’. Ces deux pôles sont: D’ un coté, le pôle de ceux qui se situent dans la logique d’une continuité historique de l’oppression du peuple camerounais. Ce sont les adeptes de ‘’ l’AFABisme’’, avec A pour Ahidjo, F pour Foccart, A pour Aujoulat, B pour Biya. C’est le parti colonialiste et de ses survivances néo-colonialistes que sont l’UNC et le RDPC. Il se reconnait par ses methodes : fraudes électorales, étouffement de la Démocratie, repression barbare des citoyens, justice aux ordres. Il est animé par des hommes au profil-type : fonctionnaires sans légitimité organisés en coterie maffieuse scellée par des pratiques douteuses héritées … d’Aujoulat, pour ne pas en dire plus. D’un autre coté, le pôle de ceux qui ont du Cameroun la vision d’ une Nation née du sang des martyrs qui a fondé notre Nation, ceux qui rêvent d’ un Cameroun maitre de son destin et dont les richesses profitent à ses populations, un pays où l’ expression démocratique des citoyens est sacrée et où la légitimité est le principe fondateur de la détention du pouvoir ; ce sont les adeptes de ‘’ MUSOMO’’, avec M pour Manga Bell, U pour Um Nyobe, S pour Samba, O pour Ouandie, M pour Moumie et O pour Ossende. Ils sont le ‘’Peuple Camerounais’’, à qui, depuis la nuit des temps, la jouissance des droits civiques, citoyens, politiques et économiques légitimes est refusée. Aggiornamento La commémoration du ‘’13 Septembre’’ invite à un moment de réflexion tous ceux qui se reconnaissent du pôle MUSOMO , afin qu’ ils sachent que, même si les colonialistes et leurs suppôts de l’ AFABISME ont ‘’gagné une bataille’’ au début des années 60, les patriotes nationalistes qu’ ils sont constituent la grande majorité du Peuple Camerounais. Ils peuvent, par une mobilisation massive, ‘’gagner la guerre’’ de rendre le Cameroun à son ayant-droit légitime, le peuple camerounais, pour que le rêve de tous ceux là qui se sont sacrifiés pour notre pays deviennent enfin réalité. Les tentatives de rassemblement des différentes tendances de l’UPC faites par le Combattant Woungly, grand patriote s’il en reste un, sont un geste dans la bonne direction. Mais, ce serait sous la voilure plus large du mouvement MUSOMO, l’ UPC traditionnelle dont la légitimité historique ne saurait être niée en étant un des courants, dans un esprit d’inclusion, accueillant les citoyens, organisations de la société civile ou regroupements de partis politiques qui se reconnaissent dans un idéal patriotique nationaliste, avec une pensée et des methodes modernisées et ouvertes au monde, franc de tout reflexe d’ ‘’exclusivisme historique ou ethno-régionaliste’’, qu’une victoire peut être entrevue. L’organisation de cet aggiornamento qui triompherait des egos exaltés et qui s’impose pour des raisons à la fois politiques et stratégiques, est une mission sacrée pour ceux qui aiment le Cameroun et refusent d’entériner la défaite infligée aux aspirations du peuple camerounais dans les années 60. La dynamique MUSOMO ouvrira ainsi la deuxième phase de la confrontation politique appelée cette fois à être victorieuse contre l’AFABISME. Instruits et tirant les leçons des erreurs politiques et stratégiques d’avant-hier, des tentatives avortées de coalition d’ hier, s’appuyant sur la mobilisation du peuple, arme irrésistible contre les dictatures, ceux qui, comme moi, partagent la vision d’un Cameroun, terre de démocratie et de prospérité, serviront les aspirations des Camerounais, pour la matérialisation du rêve qui a valu à nos héros et martyrs, le sacrifice de leurs vies. Afin que leur sacrifice n’aie pas été en vain. Célestin Bedzigui Comité du ‘’13 Septembre’’ Senior Fellow, Free Kameroun Foundation New York, Septembre 2012
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Note de Cameroon-Info.Net: Le 16 Septembre 2012, Nous avons recu la correspondance suivante au sujet de l'article ci-dessus: Cher Monsieur, (Responsable du site internet "Cameroon Info Net") Vous avez mis en ligne sur votre site internet un article qui ressemble fort à une supercherie. M. Célestin Bedzigui, auteur de cet article intitulé "Le jour où Lamberton et Um Nyobe se sont rencontrés", y affirme qu’il dévoile une photo « inédite », qui lui aurait été transmise par un « officier général » camerounais il y a « quelques années ». Elle représenterait le corps de Ruben Um Nyobè « gisant aux pieds » du colonel Lamberton, à la date du « 13 septembre 1958 ».

Kamerun: Colonel Lamberton - ZOPAC - 27 Mai 1957
Photo: © Kamerun
En réalité, cette photographie n’est pas inédite. Elle a été publiée en janvier 2011 dans le livre Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) [Editions La Découverte, Paris, 2011] et sur le site internet présentant cet ouvrage (http://www.kamerun-lesite.com/category/photos-videos/). Cette photographie a été confiée aux auteurs de ce livre le 20 novembre 2008 par la famille de M. Lamberton avec les indications suivantes : ZOPAC, 27 mai 1957. Outre que cette image n’a pas été « découverte » par M. Bedzigui, qui se contente de reproduire, en les falsifiant, des éléments qu’il a trouvés dans nos travaux, il paraît donc très peu vraisemblable qu’elle représente le cadavre de Ruben Um Nyobè, assassiné par l’armée française quinze mois après le 27 mai 1957. Toute l'histoire que raconte M. Bedzigui à propos de cette photographie semble donc bel et bien mensongère. C’est une regrettable falsification de l’histoire. Pour que cette image ne devienne pas à tort le symbole du « 13 septembre » (jour anniversaire de l’assassinat de Ruben Um Nyobè), nous vous demandons instamment de porter à la connaissance de vos lecteurs, sur la page même de l’article de M. Bedzigui, les précisions que nous venons de vous apporter. En vous priant d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations attentives, Thomas Deltombe – Manuel Domergue – Jacob Tatsitsa Auteurs du livre Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) (La Découverte, Paris, 2011) [email protected] Site internet: www.kamerun-lesite.com Facefook: www.facebook.com/pages/Kamerun-Une-guerre-cachée-aux-origines-de-la-Françafrique/177827458911447




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