Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC): Déclaration Sur le rapport gouvernemental d’enquête sur la mort en prison du journaliste Bibi Ngota

Par Alex Gustave Azebaze (SNJC) | Correspondance
- 16-Sep-2010 - 08h30   65710                      
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"... Snjc, qui se réserve de commenter le fond des déclarations de cette autorité politique, émet de sérieuses réserves sur la crédibilité de cette initiative essentiellement gouvernementale... "

Syndicat National des Journalistes du Cameroun Déclaration N°04/BEN/SNJC/2010 Sur le rapport gouvernemental d’enquête sur la mort en prison du journaliste Bibi Ngota

Réuni le 15 septembre 2010 à la Bourse du Travail du l’Union des Syndicats autonomes du Wouri (USAC) à Douala, le comité d’urgence du Bureau Exécutif National du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a examiné des éléments du rapport dit d’enquête judiciaire sur la mort du journaliste Cyrille Ngota Ngota alias Bibi Ngota, présentés la veille, 14 septembre 2010, par le Vice Premier Ministre en charge de la Justice, Garde des Sceaux, Amadou Ali, assisté du ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary et du Ministre délégué à la justice en charge des droits de l’homme, Maurice Kamto. Tout en prenant acte de cette volonté tardive de transparence du gouvernement sur cette affaire ayant déjà entraîné de nombreuses victimes dont un mort, le Snjc, qui se réserve de commenter le fond des déclarations de cette autorité politique, émet de sérieuses réserves sur la crédibilité de cette initiative essentiellement gouvernementale. En effet, alors qu’il avait été abondamment annoncé l’ouverture, sur ordre du Président de la République Paul Biya, d’une enquête indépendante telle que demandée par les organisations de défense de droits de l’homme et professionnelles dont le SNJC, nous constatons, pour le déplorer: 1- Que la sortie du Vice Premier ministre en charge de la justice, Garde des sceaux, porte seulement sur les conditions de décès du journaliste Bibi Ngota, alors que la dernière actualité en date porte sur la violente agression ayant entraîné un traumatisme à son compagnon d’infortune, Robert Harrys Mintya, encore hospitalisé. 2- Qu’il s’est agit de ce fait d’une démarche essentiellement administrative visant certainement à valider la version véhiculée moins de 24 heures après la survenance du drame le 21 avril 2010 par le ministre de la communication. Cette version, faut-il le rappeler, visait à disculper les autorités juridico-carcérales impliquées dans le chaîne ayant accouché du drame des journalistes incriminés Hervé Simon Nko’o (porté disparu), Bibi Ngota (décédé en détention), Robert Mintya et Serge Sabouang (en détention sans jugement), de leur arrestation jusqu’à leur incarcération à la prison centrale de Yaoundé. 3- Que l’enquête supposée, contrairement aux exigences des organisations des droits de l’Homme et des organisations professionnelles dont le SNJC n’a été ni indépendante, ni pluripartite. En effet, aucun représentant ni de la profession de journaliste, ni de l’Ordre des médecins, ni de l’Ordre des Avocats, ni même des organisations de défense des droits de l’Homme, n’a été associé à cette opération. 4- Qu’à en croire le vice-premier ministre Garde des sceaux, l’économie du rapport est issue de la police judiciaire. Or des responsables de cette unité de la police, auxiliaire du Procureur de la République, étaient largement impliqués dans le parcours ayant conduit ces journalistes en prison sans jugement. Par conséquent pour le SNJC, la police judiciaire est ici, au moins juge et partie. Au vu de tout ce qui précède, le SNJC réitère son exigence principale, à savoir, la mise en place, sans délai, d’une commission indépendante et pluripartite pour faire toute la lumière: i) - sur l’interpellation des quatre journalistes, ii)- sur leurs conditions de détention, de la Dgre à la prison centrale de Yaoundé en passant par la police judiciaire, iii) – sur les circonstances du décès du journaliste et Directeur publication Bibi Ngota, iv)- sur l’agression récente à la prison centrale de Yaoundé de Robert Harrys Mintya. Le SNJC maintient, qu’en signe d’apaisement, le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour assurer une libération, même provisoire, des compagnons d’infortune de feu Bibi Ngota. Fait à Douala, le 15 septembre 2010 Pour le Bureau exécutif du Snjc Le Premier Secrétaire a.i. (é) Alex Gustave Azebaze Journaliste




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