Transfert d’argent: Le Boom des agences locales

Par Francis Ampère Simo | Le Messager
- 15-Feb-2005 - 08h30   61673                      
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Le marché est en floraison dans l’univers de la micro-finance au Cameroun. C’est celui des agences spécialisées dans le transfert électronique de l’argent. On dénombrerait aujourd’hui des centaines d’agences dans le pays.
Express Union, Money union, Express transfert, Money flash, Berimo transfert d’argent, Transfert union, etc. Tels sont quelques noms portés par ces agences qu’on rencontre aujourd’hui dans la ville de Yaoundé et qui disent avoir des succursales dans tous les chefs-lieux des 10 provinces du Cameroun et même dans l’arrière-pays. On les retrouve ainsi dans les enceintes des banques, des supermarchés, des agences de voyages, à proximité des établissements scolaires et même dans certains cybercafés et Bar… Leur action, est calquée sur le modèle mis au point par Western union, une société américaine fondée en 1851. Tout comme Western union, les sociétés de transfert d’argent locales au Cameroun ont développé une formule de payement simple et quasi-immédiat de sommes d’argent en toute sécurité. “ Il n’y a plus de raison de se plaindre de la non-réalisation de certains projets parce qu’on redoute de se déplacer avec de grosses sommes d’argent. Le transfert électronique permet d’être à l’abri des agressions et autres braquages. C’est la rapidité et la sécurité qui accompagnent ce système qui explique sans doute son succès actuel avec des agences qui se créent au jour le jour ”, explique M. Zambo, chef d’agence de Money Flash d’Ekounou à Yaoundé. Il suffit, en effet, juste d’écrire son nom sur un formulaire, puis donner celui du destinataire pour ensuite recevoir un numéro à lui communiquer afin qu’il retire l’argent à l’agence la plus proche de chez lui. Cette procédure ne dure que quelques minutes. Par ce système, depuis quelques années, des sommes énormes circulent chaque jour de l’Extrême-Nord du pays au Sud en passant par toutes les autres localités du pays. Selon quelques responsables d’agence de Yaoundé, “ La grande majorité des transactions effectuées va aux dépenses quotidiennes : nourriture, habillement, soin de santé, fourniture et/ou pension scolaire voire universitaire ”, Ils servent également, précisent-ils “ au payement de dettes, à la construction ou à la réparation de logements ”. Avec la floraison de ces agences jusque dans les coins les plus reculés du pays, la question que l’on est en droit de se poser est celle relative à la réglementation. En effet, à quelle réglementation sont soumises les agences de transfert de fonds ? La loi camerounaise du 14 août 1992 qui régissait les coopératives d’épargne et de crédit laissait de côté de nombreuses structures ayant opté pour une forme juridique différente. Au plan de la réglementation bancaire, la convention de 1992, régissant les activités des banques et des établissements financiers s’était elle aussi révélée inadaptée à cette nouvelle forme d’activité financière. Consciente de la nécessité de remédier à cette situation, la conférence des chefs d’Etat de la Cemac a demandé au gouverneur de la Beac de lui soumettre un projet de texte sous-régional réglementant l’activité de la Micro-finance. Sur recommandation du gouverneur de la Beac et, avec l’appui de la coopération française, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a conduit à son terme depuis avril 2002, l’adoption d’un nouveau cadre réglementaire de la Cemac sur “ les conditions d’exercice et le contrôle de l’activité de micro-finance ” et sur les normes prudentielles applicables à ce secteur. Les nouvelles dispositions réglementaires ont valeur de convention et sont directement applicables dans tous les Etats de la Cemac. La réglementation Cemac ne vise que l’encadrement de l’activité de micro-finance et s’interdit d’interférer dans les choix institutionnels des établissements assujettis. Par ailleurs, ces Emf (établissement de Micro-finance) sont interdits d’opérations internationales et sont classées en 3ème catégories en fonction du choix de leur activité qui peut être soit tournée vers le public, soit uniquement ouverte vers les sociétaires ou membres de l’établissement. Des dispositions préférentielles sont aussi prévues pour les Emf de petite taille. Sur cette base, ces Emf ne sont habilités à effectuer des opérations de transfert que sur le plan strictement national. Et, ce sont elles aussi qui fixent les taux de commission. Des banques peuvent aussi signer des contrats avec des opérateurs économiques pour en faire des sous-agents, mais, ces derniers doivent être des structures financières. Quid des problèmes ? Très peu d’agenciers affirment avoir déjà eu maille à partir avec la force de l’ordre ou avec la justice suite à une transaction. “ Nous n’avons encore connu aucune action de ce genre. Le montant communiqué par l’expéditeur des fonds ne saurait fluctuer en raison de ce que nous ne faisons pas du transfert international qui lui est influencé par le taux de change ”, explique un chef d’agence.




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